"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il fut un temps où le verbe de nos présidents se conjuguait aisément. Une époque où les agissements terroristes d'Action directe visaient l'État. Depuis, même en l'absence de preuves, la dégradation de caténaires suffit au pouvoir pour agiter le chiffon rouge du terrorisme et mettre ainsi en branle la lessiveuse médiatique à destination des nombreux cerveaux disponibles. Un écran de fumée parmi tant d'autres pour détourner notre attention, pour que l'on ne vienne surtout pas remettre en cause une idéologie dévastatrice dont nos dirigeants sont les hérauts. Les personnages de «Je suis un terroriste» ne s'en prennent pas à l'État mais à des individus symbolisant à leurs yeux cette politique. Tout droit sorti de nos consciences anesthésiées, ce trio infernal - trentenaires cabossés et paumés - exprime toute sa détestation et sa colère envers un système qui génère tant d'injustices. Nous sommes rapidement happés par ce récit sanglant, d'un noir profond, qui témoigne de la capacité de l'auteur à évoquer l'«air du temps». Si l'on ressent l'empathie que Pierre Brasseur peut avoir pour Maude, Raoul et Guillaume, la narration observe une distance en soulignant les contradictions et les illusions du trio.
Comment notre société peut-elle susciter tant de haine et de souffrance ? Peut-être dans les replis de nos égoïsmes et de nos craintes habilement suscités. Fermons la télé, ouvrons les yeux !
"Je suis un terroriste" de Pierre Brasseur (Editions Après la lune)
Trois trentenaires plus ou moins paumés, plus ou moins drogués ou alcooliques, post-punks, post-ultragauchistes, artistes ratés, très cyniques, très désespérés décident de "liquider" des patrons du MEDEF.
Sur fond de crise financière, de débauche ultra libérale, de zones de banlieues blafardes, de licenciements outranciers, le tout accompagné d'une bande sonore bien "flippante" à la Joy Division, nos trois terroristes amateurs vont-ils aller jusqu'au bout de leurs mots (maux) ?
Bien sûr, on pense à Action Directe, à la Bande à Baader, à la folle tuerie de Florence Rey et Audrey Maupin.
C'est un livre noir, très noir. Avec des personnages, malgré tout, attachants (notamment Maude), des vérités bien senties sur notre société d'aujourd'hui, malgré quelques clichés.
J'ai lu ce livre avec plaisir, pris de vitesse par le rythme infernal de cette équipée sauvage.
Pierre Brasseur sait raconter son histoire et nous tenir en haleine.
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