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Année 1906 - en Lettonie. Noël est bientôt là et trois enfants disparaissent, enlevés par un homme.
Le responsable de cet enlèvement, Rudolf - quelle ironie - s’isole avec eux dans un hôtel. Et rédige. Tout ce qui l’a mené à cet acte, synonyme pour lui de rédemption.
L’inspecteur Davuss, en charge de l’enquête, n’est que peu préoccupé par la disparition des enfants. Ce mystère est, pour lui, une façon d’enquêter sur les parents des disparus, qu’il soupçonne d’accointance avec les anarchistes responsables de meurtres de policiers.
Son adjoint est, quant à lui, persuadé qu’il s’agit de meurtres rituels juifs.
Au final, cette enquête n’est qu’un point de départ. Mis à part les parents, tous les protagonistes se moquent du destin de ces enfants. Comme si le futur n’était pas si important.
Ce récit se déroule pendant une période très trouble pour la Lettonie : la révolution russe de 1905 a vu l’émergence d’une conscience nationale lettone, mais mena également à des violences contre les nobles. La répression par les forces russes tsaristes fut sanglante.
Ce récit offre une plongée très intéressante dans une période passionnante d’un pays peu connu, la Lettonie. Il interroge sur les responsabilités individuelles dans des situations de révoltes, des choix de chacun et de la culpabilité qui en résulte.
La quête de rédemption du kidnappeur d’enfants semble ainsi fallacieuse, certains actes étant impardonnables.
Le climat ambiant, fait de peur et d’incertitudes, de préjugés et d’ignorance, est très bien retranscrit dans un récit riche qui donne matière à réflexion.
On aborde tout doucement la rentrée littéraire de septembre 2021 avec ses premiers titres qui seront en librairie dès la première quinzaine d'aout. Avant de m'y attaquer, j'ai envie de revenir à la rentrée précédente avec un titre dont je n'avais pas pris le temps d'en faire la chronique. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui m'en manquait ! Car ce roman de Osvalds Zebris, auteur letton est apparu, pour moi en tout cas, comme un épiphénomène parmi ces cinq cent onze titres publiés. C'est le premier de ses romans traduit en français, le troisième titre qu'il ait sorti dans sa langue d'origine après un recueil de nouvelles et un premier roman. À l'ombre de la Butte-aux-Coqs a été récompensé en 2017 du fameux Prix de l'Union Européenne. On peut relever que depuis, Agullo Editions a opté pour une autre charte graphique, doté d'une illustration, qui met peut-être davantage en valeur la qualité de ses auteurs. Derrière ce sobre néanmoins éclatant magenta se cache un texte très coloré, heureusement traduit par Nicolas Auzanneau.
Ce n'est pas souvent que des auteurs lettons parviennent jusqu'à nous, encore moins des auteurs publiés durant cette période particulière qu'est la rentrée littéraire. C'était, compte tenu de mes goûts, logiquement un des titres qui me faisaient très envie. Osvalds Zebris nous offre un avant-propos bienvenu sur l'histoire de ce petit pays balte dont la renommée est encore très discrète en France. Il faut dire que son histoire reste relativement aussi obscure que le titre de ce roman à première vue. Avec les repères essentiels que nous offre donc le traducteur en préambule – l'indépendance du pays en 1918 qui suit la révolution de 1905 contre l'autorité russe -, nous voilà déjà mieux armés à aborder un texte qui plonge en plein dans les pages brulantes de l'histoire lettone. La narration de ce texte est partagée entre deux temporalités, le passé, soit l'enfance du narrateur, Rūdolfs Reiznieks, qui finit par rejoindre le présent narratif, l'année 1905.
Un merveilleux incipit s'ouvre sur cette Riga encore chargée des émotions des derniers évènements, prise entre les festivités qui approchent, la vie qui grouille, une belle image dont la beauté un peu trop brillante et forcée est tachée par cet homme sombre et mystérieux qui enlève deux enfants. Comme si le beau tableau que nous présente Osvalds Zebris d'une capitale lettonne festoyante n'était que le fruit d'une illusion aussi fragile qu'éphémère. Pour comprendre l'enjeu de cette scène qui porte le titre solennel de rédemption, voilà que l'on remonte en ce début de XXe siècle. Des destins personnels, ceux de Rūdolfs Reiznieks, de son ami et voisin Arvīds Gaiļkalns, du professeur Brods, et de tant d'autres, se mêlent à une destinée nationale qui connaitra un siècle bien chaotique. La voix de notre héros qui commet l'irréparable n'est étonnamment pas celle d'un vulgaire voleur d'enfants ou de maitre-chanteurs, elle a cette profondeur de ceux qui détiennent des secrets immémoriaux, celle qui déterre un passé mort et enterré, elle a cette cassure des traumatismes passés. Derrière les parures étincelantes de Riga, le beau tableau du départ dissimule en effet des dessous moins clinquants, il y a ses arrière-fonds ou les révolutionnaires, anarchistes et insurgés de tout horizon, devisent, préparent, revivent les bagarres, préparent les plans. Riga, c'est assurément une ville embrasée par une multitude d'esprits surchauffés, l'auteur par sa narration alterne les différents visages de la Lettonie, la rurale, la citadine, la riche, la joyeuse, la morne, la sombre, la violente, comme une entité qui a du mal à s'unifier. On peut saluer la capacité de l'auteur à avoir pu établir un récit qui se tient, qui aurait pu facilement être décousu. C'est un témoignage précieux de toutes ces forces vitales en jeu pour gérer le pays et qui s'entrecroisent, se heurtent, les uns optant pour des mouvements séditieux et insurgés sans réelle cohésion et organisation, souvent doublés d'une violence brute, les autres, dont ces instituteurs, choisissant la réflexion et le pragmatisme, dont Arvīds, qui de leur côté empruntent la voix pacifique. Et, Rūdolfs, au milieu de tout cela.
Àl'ombre de la Butte-aux-Coqs c'est ce témoignage qui voit une Lettonie se transformer, se libérer des jougs russes, du labeur de la terre à une liberté certaine qu'offre l'instruction, l'indépendance lettone. C'est aussi ce lieu qui ancre l'enfance du narrateur et d'Arvīds, un sombre triangle ou les complots qui se fomentent dans l'ombre font échos aux sombres secrets de famille qui finissent par émerger à un moment ou à un autre. J'aime ce titre, car il contient en sept petits mots, et trois en letton, toutes les facettes de ce roman, la richesse de ses lieux, de ses personnages, de ces époques, de ces pactes qui se signent loin des regards, dans la bienséante discrétion des intimités et entre-soi honteux
Il y a cet impérialisme, qui marque tous les pays colonisés ou envahis, cet enseignement du russe obligatoire au dépit de la langue vernaculaire, qui démontre de l'acharnement de cet impérialisme russe à tout uniformiser selon ses critères au détriment des identités nationales. C'est une Lettonie déchirée entre rouges, partisans des Romanov, anarchistes et ceux qui ne se retrouvent dans rien de cela, le tout saupoudré d'une désagréable odeur d'antisémitisme. Il ne peut avoir de roman de la libération sans sa figure héroïque, incarnée par Arvīds Gaiļkalns, l'ancien voisin et ami, et plus que tout modèle du narrateur, voix vers l'autonomie d'une Lettonie nouvelle ou l'enseignement en letton devient la règle. Ce sont là mes passages préférés de tous.
J'ai donc lu ce roman une première fois au cours du mois d'octobre dernier sans en prendre le temps de noter mes impressions. Au moment d'en rédiger mon avis en ce mois de juin, il m'a fallu une seconde relecture, certes plus rapide, mais nécessaire et salutaire, le texte est truffé de références historiques, culturelles. Mais quiconque s'intéresse à ce pays balte ou à l'histoire de l'Europe Orientale, ce roman est un passage essentiel.
La Lettonie est un petit pays balte qui fait partie de l'Union Européenne depuis 2004.
Mais au début du siècle dernier elle appartient encore à l'Empire russe .
A travers quelques personnages centraux , l'auteur letton nous le fait découvrir en plein bouleversement idéologique et politique. Qu'ils rêvent de révolution communiste , de liberté ou d'anarchisme , leurs membres sont minoritaires et mal organisés face à l'oppression du pouvoir qui oblige le peuple à renier la culture et la langue lettonne au profit du russe . Ils manquent également d'instruction, le nerf de la guerre à tout renouveau politique.
A Riga , la capitale , c'est un événement dramatique qui occupe les esprits : l'enlèvement de trois jeunes enfants dans une fête foraine .
Plutôt que de faire un focus sur l'enquête permettant de les retrouver et de mettre la main sur le criminel qui a commis cet acte ignoble , l'auteur choisi de nous faire pénétrer dans les souvenirs d'un des protagonistes de cette histoire : Rüdolfs .
Dès son plus jeune âge , ce dernier a toujours vécu dans l'ombre de la Butte aux Coqs , où habite son jeune voisin , Arvids Gailkalns . Plus âgé de quelques années que Rüdolfs , c'est un gamin précoce et intelligent qui a d'abord ébloui son jeune voisin par sa force et son culot puis qu'il a fini plus tard par jalouser , pour son plus grand malheur …
Une plongée captivante dans les heurts de l'Histoire lettone à l'aube du soulèvement communiste qui embrasera toute la région quelques années plus tard .
Mais n'est pas révolutionnaire qui veut , encore faut-il avoir une force de conviction et un courage à tout épreuve . C'est donc aussi l'histoire d'un ou plusieurs échecs que nous conte Osvalds Zebris . Des échecs pouvant conduire jusqu'à la folie .
A travers Rüdolfs et Arvids c'est un peu deux mondes qu'oppose l'auteur . Celui du passé qui vit dans le doute , tiraillé qu'il est entre ses idéaux et la rudesse de la réalité et celui de l'avenir , conquérant et gonflé par l'espoir de jours meilleurs .
Un roman pour mieux connaître ce pays à quelques milliers de kilomètres de nous , portant haut les couleurs de l'Europe .
Osvalds Zebris est un journaliste et écrivain letton et c'est grâce à lui que son pays entre dans la maison Agullo.
Roman historique qui mêle la grande histoire de l'empire russe à de la fiction et à des anecdotes réelles. Osvalds Zebris prend de la hauteur pour raconter son pays au début du siècle dernier, à la manière d'un historien ; il sait, à la manière d'un journaliste y ajouter des histoires plus locales, moins théoriques et il sait à la manière d'un écrivain accoler une fiction qui part de l'enlèvement des trois enfants. Il y a le risque de ne pas plaire à ceux qui ne jurent que par l'une ou l'autre des fonctions, mais il y a surtout le risque de passionner tous les lecteurs. J'y ajoute celui d'être très dense et parfois, à force de vouloir dire beaucoup de choses, de perdre un peu le-dit lecteur, moi en l’occurrence. Ce bémol personnel mis à part, ce roman est dépaysant et très instructif. Le contexte est fort, celui d'un petit pays qui voudrait s'affranchir du joug du tsar et tout cela est fort bien dit tant dans les parties historiques que dans les fictives. On sent également chez certains personnages, la peur de l'étranger et des juifs, toujours les premiers à trinquer lorsque ça va mal.
Je le disais c'est un roman dense, formidablement écrit -et donc traduit, enfin j'imagine, je ne parle pas couramment le letton- qui n'oublie pas les descriptions des paysages, du temps, des personnages. Beaucoup de longues phrases et pas mal de dialogues donnent un rythme qui alterne entre moments rapides et d'autres plus lents.
Encore une fois une belle découverte chez Agullo et cette belle couverture...
"Râblé, voûté, le type avance à grandes enjambées depuis la voie de chemin de fer de Dünaburg. Un tête volumineuse penchée de côté, le souffle lourd et irrégulier, il traverse la place de la gare flambant neuve, puis la rue adjacente -la neige dure, tassée par le piétinement continuel des passants, crisse sous ses brodequins bistrés." (p. 11)
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