"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
DOUCEUR PERSANE
Si vous êtes né en année bissextile c’est de sa faute. Les 365 jours annuels aussi. Si vous n’avez pas eu la moyenne en algèbre c’est de sa faute aussi, il en est le créateur. Omar Khayyam. 1048. Date de naissance supposée et Monsieur enfile les quatrains comme les plus grands poètes. What else ? À en écœurer tous les apprentis en herbe qui aimeraient se lancer dans l’exercice en 2021. Savant, philosophe et mathématicien, tout demeure plutôt mystérieux lorsqu’on aborde l’artiste qu’il était. Rassurez-vous, il ne sera pas question ici d’équations cubiques ou d’axiome des parallèles mais bien de quatrains sulfureux pour l’époque.
Omar Khayyam ne doit jamais se douter que ses quatrains sont encore édités mille ans après (à quelques années près, je ne suis pas mathématicien). On se demande souvent si la littérature ou la poésie peuvent changer le monde. Rares sont les réponses unanimes, ce qui est certain c’est qu’elle peut déstabiliser n’importe quelle institution. Comment ces quatrains ont-ils pu donner lieu à autant d’interprétations ? Mysticisme, athéisme, soufisme, épicurisme, distance par rapport à l’Islam. Si Fernando Pessoa ou Marguerite Yourcenar ont succombé ce n’est peut-être pas pour rien. Alors, entrons dans l’univers persan qu’il nous propose.
Certains quatrains tout d’abord sont spécifiés comme étant « errant » car non attribués officiellement à l’auteur, la traduction étant assurée par Patrick Remaux, méritant un bel hommage. La langue persane fait étalage de tant d’allitérations et aux non-dits que la traduction devient une épreuve de force et n’a jamais mis tous les traducteurs en accord. Ce qui frappe en premier lieu est indubitablement la musique, qui déclamée à haute voix fait d’un quatrain un florilège de sonorités inédites. En jouant avec les mots mais toujours avec élégance sans jamais être pompeux ou emphatique, Omar Khayyam est entré en collision avec mon imaginaire. L’alcool permet ce voyage et je vois déjà certaines d’entre vous (le féminin est volontaire, je vous connais que trop bien) se ruer sur ce livre pour se donner bonne conscience. C’est en effet l’alibi le plus poétique qui soit, je vous y encourage. Suis-je un tentateur qui recevra une plainte des alcooliques anonymes ? La réponse est oui mais il faut savoir vivre dangereusement. Patrick Remaux voit un caractère hallucinatoire dans les quatrains de Khayyam, je suis en total accord avec cette analyse où l’on ressent ces mirages, ces visions en constatant que le monde autour de lui n’existe pas ou plus•••
« Regarde la tablette : le maitre du destin », visionnaire malgré lui. Derrière nos écrans, nous ne vivons que par procuration. En dénonçant la religion comme telle quant aux feux qui sévissent, quant aux rites inutiles ou la distinction biblique de l’enfer et du paradis, l’auteur prend des risques. Le champ lexical du ciel occupe une place particulièrement riche dans ce recueil et permet d’y insérer les transpositions que l’on souhaite lui donner. En réalité en écrivant cela à cette période précoce, je suis saisi par la lucidité et la modernité du propos. À la fois de manière subliminale mais également en filigrane tout au long des quatrains déclinés. Nous n’avons pas tant évolué que cela au niveau des idées finalement. Cela peut paraitre fortement inquiétant et à la fois réjouissant de constater qu’un poète persan voyait déjà tout des Hommes. La prise de distance qu’il a sur sa propre existence qu’il considère comme minime, devrait inspirer bon nombre d’égocentriques en 2021, nul n’est indispensable ici-bas.
J’ai une grande admiration pour les poètes et la poésie en général et particulièrement la poésie perse, je me suis régalée à lire ce petit recueil. A travers les vers d’Omar Khayyam on comprend mieux l’univers du soufisme et sa complexité.
J’aime le fait aussi que les quatrains puissent se lire d’une traite ou se picorer comme on le souhaite nous laissant le temps de méditer ou de se délecter de chaque mot. Ce qui est toujours bluffant quand je lis Khayyam c’est de voir à quel point ses idées étaient modernes et emplit de liberté et d’ouverture d’esprit.
Le quatrain ou rubâi se compose de quatre vers dont le premier, le second et le quatrième riment ensemble ; le troisième est blanc. Le quatrain est tout un poème qui a son unité de forme et d’idée ; c’est le genre le plus puissant de la poésie persane. La répercussion des rimes produit des harmonies et des contrastes de sons qui donnent un relief étrange aux harmonies et aux contrastes de l’idée.
Véritable hymne à la vie et à ses plaisirs , c’est une poésie raffinée et accessible, sensuelle où l’on y parle de parfums, de femmes, d’amitié, de vin, de parfum de fleurs, de musique… Ce poète est passionnant et sa poésie tellement moderne.
VERDICT
INDISPENSABLE pour les férus de poésie mais pas que, pour se familiariser avec la Perse, la sagesse soufie. A offrir, à glisser dans son sac. SAVOUREUX
Un des sommets de la poésie. Un hymne à l'amour, à la beauté, à la tolérance, à l'humain d'une incomparable beauté.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !