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Cela aurait pu être un remake des portes de l’enfer de Dante. Ou bien encore un chapitre mythologique chez Hadès suite à une colère de Zeus. Mais c’est le récit romancé de l’explorateur Vitus Bering, connu de tous par le détroit qui porte son nom. Mais aussi une mer, une île et un glacier.
Plus ou moins oublié de la mémoire collective, son destin a soufflé de nouveau lorsqu’au début des années 1990, une expédition a retrouvé le corps de Bering, mort près de la péninsule de Kamtchatka.
De l’enfance dans la ville portuaire d’Horsens au Danemark jusqu’aux flots mortuaires de l’océan Pacifique, c’est une vie tumultueuse et envahie par de nombreux doutes que raconte avec brio Olivier Remaud.
Pour se remettre en tête le contexte de l’époque c’est celle où les puissances ne songeaient qu’à conquérir de nouveaux territoires pour conforter leur pouvoir, la Russie de Pierre le Grand en faisait partie et n’hésitait pas à financer de très coûteuses expéditions, coûteuses pécuniairement mais aussi humainement : la faim, la soif, le scorbut et les vents mauvais faisaient de la Grande Faucheuse la principale accompagnatrice. Mais le courage aussi était l’un des compagnons de voyage et à chaque fois on ne peut qu’être ébahi devant les possibilités de lutte du corps et de l’esprit face à l’adversité. Vitus Bering ne dérogeait pas à la règle même si on perçoit énormément de confusion dans son esprit par rapport aux rigueurs administratives, aux rivalités politiques et à certaines élucubrations des cartographes. Car cette odyssée sibérienne était tout de même pour trouver un nouveau passage pour aller en Chine et en Inde à travers l’océan Arctique.
De cet Ulysse du début du dix-huitième siècle il n’y aura hélas point de retour à Ithaque, point de retrouvailles avec sa Pénélope, la dévouée et fidèle Anna qui avait participé à l’une des expéditions, point de mythologie maritime, sauf des cyclopes prenant la forme de vents noirs. Dans cet enfer climatique et géographique, se détache un autre personnage, celui du naturaliste et biologiste allemand Georg Wilhelm Steller qui fut ainsi le premier européen à fouler la terre d’Alaska.
Un ouvrage à découvrir pour cet hommage rendu à ces marins de toutes les audaces, et, pour la beauté de l’écriture qui fait flotter les mots, naviguer les paragraphes, qui suit l’allure des vents, qui arbore la vaillance en tenant la barre sémantique durant toute cette traversée livresque où la noblesse des sentiments rejoignent non seulement les errances des houles mais aussi des âmes terrestres.
https://squirelito.blogspot.com/2019/10/une-noisette-un-livre-errances-olivier.html
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