"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sophia Kovic est actrice. Elle attend « Le » film, celui qui va enfin lui apporter la gloire, elle qui est depuis bien trop longtemps au creux de la vague. Sophia, actrice malgré elle, par fatalisme, pour faire plaisir à sa mère, pour correspondre au rêve absolu de cette dernière, porte tous les espoirs de la famille Kovic. Nous allons dérouler le fil de l’histoire de sa famille, au gré des pages tournées par Sophia dans les nombreux albums photos créés par son père, toute la vie de cette famille est là, le fils, les filles, la grand-mère, les décès, les naissances, les mariages, tout ce qui fait et défait la vie en somme.
Son père, Milos, arrivé de Prague avec ses parents en 1948, est un jeune coiffeur au talent prometteur. Sa mère, Delphine, jeune fille de bonne famille est appelée à épouser quelque bellâtre insipide choisi par papa. Mais Delphine, mannequin de tête, à la grande époque où aucune femme ne serait sortie sans un magnifique chapeau sur la tête, en a décidé autrement. Enceinte de Richard, leur premier enfant, elle va épouser Milos. De ce jour Delphine n’aura plus aucun contact avec ses parents. Blessure cachée, mais profonde qu’elle va porter en elle toute sa vie. Les années passent, Marlène, puis Sophia viennent agrandir cette famille en apparence très heureuse. Richard, le fils ainé, part pour Katmandou, c’est la grande époque des hippies et de Jimmy Hendrix, le rêve d’un futur meilleur prend ses racines au pied du toit du monde.
Mais au fil des pages, on sent une déchirure, une souffrance qui ne veut pas dire son nom, et que Sophia porte en elle, Sophia, qui doit être forte pour eux tous, pour leur apporter ce que tous attendent au travers de sa brillante carrière d’actrice. Actrice déchue à certains moments, qui noie son chagrin, son abandon, sa solitude dans l’alcool et les antidépresseurs. Et sous le poids, le poids de devoir réaliser les espoirs qui sont mis en elle, mais qui ne sont pas les siens. Car en fait, telle est l’ambiguïté, la difficulté de vouloir plaire, à ses parents, à ceux qu’on aime, au risque de se perdre sur des chemins que l’on n’a pas choisi. Complexité des désirs, des aspirations, des ambitions, reconnaissance et amour filial, qui font parfois bien des dégâts dans une vie.
Je n’en dit pas plus sur l’intrigue. C’est un roman très attachant, qui commence comme le récit tout simple de la vie d’une famille ordinaire, puis les événements s’enchainent doucement, les pages se tournent seules, on n’a absolument pas envie de lâcher le livre pour connaître la suite, et quelle fin ! C’est bien écrit, on croirait presque la connaitre cette Sophia, elle est là, au coin de la rue, finalement on l’a peut peut-être croisée l’autre jour sortant d’un taxi, tant on s’y attache, tant elle nous semble proche.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !