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Déstabilisant est le premier terme me venant à l’esprit lorsque j’évoque ce roman. Car s’il raconte une histoire - celle de Mademoiselle et de son valet Afanassi -, il n’obéit à aucune loi du genre. Toute l’intrigue est relatée à partir de réminiscences floues, d’idéaux revisités, d’espoirs chimériques. Les faits majeurs sont noyés dans une jungle de détails d’une précision mathématique. A plusieurs reprises, je me suis vue obligée de reprendre tel paragraphe, tel chapitre. Il m’est même arrivé de douter de pouvoir suivre l’auteur dans le cheminement de sa narration. Est-il avant tout destiné à un public d’initiés ?
Mais Nata Minor a une formation de psychanalyste et son texte en est tout imprégné. La solution pour l’investir est que, tel un praticien, il faut se laisser porter par les mots et ainsi lire au delà du langage.
Nata Minor est également traductrice d’origine russe. Elle connaît donc doublement l’importance et la néccessité du choix des mots.
Son style, d’une poésie à la fois bouleversante et mélancolique, n’est pas sans rappeler celui d’un Jean-Pierre Milovanoff dans Auréline ou d’un Andréï Makine dans Musique d’une vie. Est-ce leur ascendance russe qui confère cette ambiance toute particulière à leurs écrits ?
La partie de dames est peut-être un bijou, comme le scande Martine Laval de Télérama, toutefois reconnaissons qu’il est extrêmement travaillé et policé au risque de perdre de nombreux lecteurs.
Rentrant d'un long voyage, une dame trouve dans son courrier un billet d'une de ses nouvelles voisines, qui l'invite à venir prendre le thé pour faire connaissance.
Poussée par la curiosité, elle se rend à l'adresse, afin de s'excuser du temps écoulé depuis l'invitation, et rencontre Afanassi, qui lui apprend qu'hélas, Mademoiselle est morte.
Le serviteur la reçoit toutefois, et commence le récit de la triste vie de cette dame qu'il a accompagnée durant de nombreuses années, obsédée par Pierre Loti, écrivain qu'elle a voulu rencontrer toute sa vie, et dont elle lisait avidement les oeuvres, et notamment "Aziyadé", qui la pousse à découvrir Istanbul.
Nata Minor, Russe exilée très jeune vers la France avec ses parents, nous offre ici une histoire pleine de mystères... La nostalgie et la mélancolie gouvernent le récit, avec une plume gracieuse. On sent au fil des pages le malaise de la narratrice, chargée de recueillir l'histoire, et les doutes qui l'assaillent face à cet être singulier.
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