Entretien avec Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèque française
Entretien avec Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèque française
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Une relecture (d'une parution de 1983 ... 40 ans donc) ... c'est la période ...avec une histoire assez classique ... mais surtout un Lucky Luke qui fume (cf la couverture) et même une Jolly Jumper qui lèche le papier de la cigarette à rouler de Lucky Luke (dernière case p 23).
Espérons que les tendances à la bienpensance et aux réécritures de tout poil ne vont pas revisiter ces anciens épisodes ; d'autant qu'au fil du temps, Lucky Luke a déjà cédé ses cigarettes pour des fleurs.
Saluons aussi cet empécheur de tourner en rond comme d'habitude en inversant le sens de rotations des convois de caravnes, indiens et cavalerie pour un ballet original.
scenario, dialogue, dessin : le pire des Lucky Luke
Enfermés au bagne de Watta Gulch, les quatre Dalton, condamnés rien moins qu’à 367 années de prison compte tenu d’une remise de peine pour bonne conduite, n’ont qu’une seule et unique obsession : se venger de l’homme qui les a conduits là, c’est-à-dire Luke Luke. Les quatre desperados de l’Ouest, encore plus bêtes qu’ils ne sont méchants vont tout faire pour faire tourner en bourrique le héros de la série. Ils iront jusqu’à faire imprimer de fausses affiches où Lucky Luke est présenté comme « voleur, incendiaire, meurtrier, faussaire et cannibale » !
Oeuvre de jeunesse de Morris et Goscinny et quinzième titre de la série, l'épisode « L’évasion des Dalton » permet au duo composé de l’humoriste génial et du dessinateur remarquable de bien rôder leur association. Le scénario de Goscinny est aussi un prétexte permettant au dessinateur de multiplier les effets graphiques. Ainsi Morris dynamise avec audace ses cadrages et ses compositions très cinématographiques. Avec deux peu de moyens mais beaucoup d'inventivité, il signe des planches truffées d’action et de trouvailles narratives pour notre plus grand plaisir. Edité pour la première fois en janvier 1960, cette histoire qui n'a pas pris la moindre ride se déguste avec autant gourmandise aujourd’hui qu’hier. C’est à cela qu’on reconnaît un chef-d’œuvre me semble-t-il.
Au fin fond du Far-West, les distractions sont rares. Entre le saloon, les danseuses de french-cancan, le rodéo et la messe dominicale, les cow-boys n’avaient guère l’occasion de se détendre… disons, intelligemment. Très vite, des troupes de théâtre itinérantes ont parcouru les pistes pour initier les colons aux joies des grands textes du répertoire. A partir de ce fait, René Goscinny a élaboré une histoire dans laquelle Lucky Luke comprend qu’il existe une relation de cause à effets entre la présence d’une troupe de théâtre et des cambriolages. Il la suit de ville en ville, à un tel point, qu’il se retrouve lui-même sur scène à incarner le cavalier blanc, défenseur de la veuve et de l’orphelin.
Toujours aussi drôle quand il s’agit de se moquer des clichés culturels, Goscinny, toujours aussi bien servi par le dessin de Morris, réussit même une mise en abyme particulièrement pertinente. Lucky Luke, le cow-boy redresseur de torts, devient un personnage d’opérette, au costume immaculé, déclamant des fadaises pour séduire les foules. Alors que le vrai aventurier ne dit pas grand-chose, il est plutôt dans l’action. Si bien que dans une ville de charbonnages, il fait tache, au propre comme au figuré.
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