"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Des années 70 aux années 2000, une fresque familiale sur trois générations…
Appréciant beaucoup les fresques familiales et les relations intergénérationnelles, j’ai tout de suite été tentée par cette lecture qui nous plonge dans la vie mouvementée de la famille Das. Une famille qui a quitté le Bengale avant de poser ses valises au Ghana, en Angleterre, puis aux États-Unis. Ne connaissant pas la culture bengalie, j’ai apprécié d’en avoir, tout au long du roman, un petit aperçu que ce soit à travers la musique, les habits, les coutumes, les traditions familiales…
L’autrice a opté pour une narration alternée efficace et un découpage en trois parties, nous permettant de suivre les membres de la famille Das des années 70 aux années 2000. Dans ce roman choral campé par des femmes hautes en couleur, les hommes ne sont pas vraiment présents, bien qu’on ait la chance de faire brièvement la connaissance du père de Tara et de Sonia que j’ai tout simplement adoré. Gentil et aimant, il fait figure de père idéal même si son envie d’offrir le meilleur à ses filles ne lui permet pas de passer autant de temps qu’il le voudrait à leurs côtés.
Suivre trois générations, c’est l’assurance de découvrir une histoire familiale forte dans laquelle se mêlent incompréhensions, déceptions, mais aussi tendresse, complicité, pardon, et amour, beaucoup d’amour. C’est d’ailleurs quelque chose que j’ai beaucoup apprécié, car malgré les épreuves de la vie et les périodes de tempête, nul ne peut douter des liens unissant les femmes de la famille Das. On prend donc plaisir à sentir la complicité qui unit Tara et Sonia, deux sœurs qui vont devoir s’adapter à cette nouvelle vie aux États-Unis où leurs parents ont décidé de s’installer. Un pays accueillant mais qui n’est pas exempt de préjugés quant à leurs origines, des origines sur lesquelles on semble régulièrement les interroger.
De l’actrice à l’engagée, deux sœurs très différentes, mais très complices…
Habituées à voyager et à aller à la rencontre de différentes cultures, les deux adolescentes vont très vite s’intégrer, Sonia n’ayant besoin que de son carnet et d’un stylo pour se sentir chez elle, et Tara en faisant comme à son habitude : en s’appropriant un rôle qui n’est pas le sien. La télévision américaine lui sera d’une grande aide dans cette entreprise, ainsi que le talent de couturière de sa mère qui veille à ce que ses filles soient toujours à la pointe de la mode locale. Si j’ai trouvé Tara sympathique et attachante, j’ai eu un peu de mal à comprendre son besoin de porter un masque en permanence ou presque. Peut-être un moyen pour elle de se protéger et de ne pas montrer sa vulnérabilité, ou tout simplement l’expression de son goût pour la comédie et le théâtre. Un art dans lequel elle excelle !
Ouverte d’esprit, tolérante, amoureuse des livres en général, d’Orgueil et préjugés en particulier, prônant l’égalité entre les sexes, Sonia m’a d’emblée conquise. Cette forte tête, aux convictions politiques et féministes déjà bien affirmées, entrera souvent en conflit avec sa mère, au grand dam de Tara qui fera régulièrement office de médiatrice. Il faut dire que si Ranee est prête à faire certaines concessions pour l’intégration et la réussite de ses filles, elle se révèle pétrie de préjugés raciaux, au point de blâmer sa propre fille pour sa peau qu’elle juge trop foncée. Elle reste, en outre, attachée à des valeurs traditionnelles, notamment sur la place et le rôle de la femme au sein d’un couple. Des valeurs que sa cadette rejette en bloc.
Une mère courageuse, parfois difficile, mais une grand-mère touchante qui évolue pour le bonheur des siens…
Ranee est ravie que son mari ait écouté son envie d’immigrer aux États-Unis, mais elle ne verra pas d’un bon œil que ses filles vivent dans un quartier où les Afro-Américains sont majoritaires. Alors quand Sonia se met à fréquenter un homme noir avant de s’engager à ses côtés, la réaction ne se fait pas attendre… Ranee, personnage servant de fil conducteur au roman, offre, pour moi, l’évolution la plus intéressante et la mieux amenée. Durant une partie non négligeable du roman, je l’ai trouvée difficile, autoritaire, intransigeante, injuste, intolérante, obtuse… Mais de fil en aiguille, elle nous dévoile d’autres facettes d’elle-même : celle d’une femme parfois maladroite, mais qui a toujours tout fait pour assurer le bonheur et la réussite de ses filles, celle d’une femme courageuse qui a affronté une véritable tempête sans jamais sourciller, celle d’une femme capable d’évoluer et de laisser de côté ses préjugés et ses biais raciaux pour accueillir à bras ouverts la mixité et la diversité dans sa vie et au sein de sa famille.
Mère exigeante, on la découvre grand-mère, peut-être un peu mêle-tout et parfois maladroite, mais surtout grand-mère aimante et touchante. J’ai adoré la relation qu’elle a réussi à nouer avec ses deux petites-filles, des relations bien plus apaisées que celles qu’elle a pu avoir avec Sonia par le passé. Ranee m’a également touchée par sa quête d’identité qui survient après un drame qui a marqué dans sa chair les États-Unis, et qui ne sera pas sans conséquence pour certains immigrés devenus boucs émissaires. Elle va tâtonner, passer d’un extrême à l’autre, avant de se créer une vie qui lui convient et dans laquelle elle peut s’épanouir en trouvant un équilibre entre sa culture bengalie, les valeurs de son pays d’adoption et ses propres convictions. Des convictions forgées au gré des épreuves de la vie, de ses erreurs et de différentes rencontres.
La troisième génération : entre défiance et intégration, deux cousines aux antipodes l’une de l’autre
Quant à Chantal, la fille de Sonia, et Anna, la fille de Tara, elles m’ont moins marquée que leur mère respective ou leur grand-mère Ranee. Les deux cousines offrent néanmoins un contraste intéressant : si la première est née et a été élevée aux États-Unis comme une Américaine, la seconde a été élevée en Inde. Anna se refuse d’ailleurs à renier sa patrie, dont elle apprécie la richesse linguistique, culturelle, et religieuse, au profit des États-Unis. Un pays dans lequel on l’a obligée à venir étudier, sans lui demander son avis, alors qu’elle ne s’y sent pas vraiment à sa place. Le fait que sa grand-mère ne cesse de la comparer à la parfaite, athlétique, intelligente, sportive et très américaine Chantal ne l’aide pas vraiment à accueillir ce déménagement aux États-Unis avec plaisir.
Contrairement à Chantal qui m’a semblé un peu terne, bien que j’aie apprécié la manière dont elle rappelle à ses deux grands-mères qu’elle est noire et bengalie, Anna frappe par sa présence. J’ai aimé sa manière de revendiquer le droit d’être elle-même et de demander à ce que l’on respecte sa culture et ses croyances. La « révolution des vestiaires », qu’elle mène avec intelligence, prouve d’ailleurs son aplomb et sa force de caractère, deux qualités qui la rapprochent de sa tante Sonia. D’abord sur la réserve face à cette cousine qui lui fait de l’ombre, Anna finira par nouer une certaine complicité avec Chantal, d’autant que si elles sont très différentes, elles sont toutes les deux très attachées à Ranee. Une grand-mère qui va parfois les inquiéter, mais qui sera toujours là pour elles.
Des thématiques passionnantes et variées traitées avec justesse, mais un roman qui aurait mérité d’être étoffé…
En plus de nous offrir une belle fresque familiale à travers le temps et de nous dépeindre le portrait de femmes fortes et attachantes, ce roman offre également une réflexion intéressante autour de thèmes variés : le racisme, l’identité, les racines, l’immigration, l’intégration, la famille, le deuil, la religion, les couples mixtes, la difficulté de trouver un équilibre entre la culture de son pays d’origine et celle de son pays d’adoption, le sentiment d’appartenance à un pays qui peut revêtir différentes formes, chacune tout autant valide l’une que l’autre…
Destiné aux adolescents, ce roman se lit tout seul, les phrases sont simples et fluides, le découpage des chapitres dynamique, le style de l’autrice très accessible, l’alternance des points de vue efficace pour happer et maintenir l’attention des lecteurs… Néanmoins, si j’ai passé un très bon moment aux côtés des femmes Das, le roman m’a paru trop ambitieux par rapport à sa longueur. En choisissant d’évoquer cinq femmes, l’autrice ne se laisse pas l’opportunité de développer de manière équilibrée chacune d’entre elles. La dernière partie consacrée à Anna et Chantal m’a ainsi semblé terne par rapport aux deux premières parties. J’ai, en outre, été surprise de voir à quel point Tara est occultée dans la dernière partie, d’autant que je m’interroge encore sur sa décision soudaine de déraciner sa fille sans même rester à ses côtés. Ranee, Sonia et Chantal s’occupent bien d’Anna lors de son arrivée aux États-Unis, mais cela ne vaut quand même pas le soutien de ses propres parents !
Les ellipses temporelles créent également un certain sentiment de frustration même si elles ont le mérite de nous permettre de nous focaliser sur l’essentiel et d’éviter de nous perdre dans les détails. Le roman convaincra probablement le public visé, mais laissera peut-être un peu sur la faim un lectorat plus âgé. Pour ma part, cela ne m’a pas dérangée outre mesure puisque j’ai ressenti assez d’émotions dans ma lecture pour avoir envie de tourner les pages les unes après les autres. La seule chose qui m’a vraiment gênée, voire franchement dépitée, est l’avant-dernière page : alors que le mariage forcé est plutôt dénoncé, notamment à travers Sonia, une phrase nous en donne une vision bien douce et idéalisée. C’est un détail, certes, mais un détail qui m’a quand même bien fait râler.
En conclusion, Mitali Perkins nous offre une fresque familiale et humaine qui, en plus de nous permettre de découvrir trois générations de femmes unies malgré leurs différences et des périodes de tension, évoque des thématiques importantes : la famille, le deuil, le racisme, les différences culturelles, les couples mixtes, la difficulté de s’intégrer dans un nouveau pays sans renier et/ou oublier ses propres racines, et celle de naviguer entre plusieurs cultures pour se forger sa propre identité… Un roman choral facile et rapide à lire porté par des femmes de caractère dont l’histoire se révèle tour à tour fascinante, émouvante, inspirante, mais surtout emplie d’une belle et touchante humanité !
Le destin d'un couple d'indien qui décide de partir a New York - Des années 1960 aux années 2000 - On va suivre ces femmes de cette famille qui vont essayer d'allier modernité et tradition.
J'ai beaucoup aimé cette famille qui émigre dans le pays de la liberté, j'ai été charmer par ces deux adolescentes totalement différentes, et on l'est vois évoluer à leur tour d'être maman.
C'est une vraie épopée, on voie aussi comment les ainées de la famille, les mères qui sont devenues grand-mère, comment ils vont appréhender tout cela.
Cela m'a beaucoup surpris, car celle qu'on croit la plus moderne, c'est elle qui va rester plus dans la tradition.
Ce livre c'est cela, on est embarqué à contrecourant, et surtout j'ai appris énormément de choses sur les traditions indiennes, comment la musique et le chant sont important dans leurs coutumes ?
Et également leurs rites funéraires, est très intéressant, j'ai toujours été attiré par ce pays, et leur culture, donc cela m'a beaucoup passionné d'en savoir plus.
Et puis dans ce récit, il y a un côté vraiment féministe, ou ces femmes se battent pour obtenir des droits, et faire accepter leurs différences.
Et c'est un livre plein de vie, de chaleur, de lumière, il éclate comme cette très belle couverture. Il y a quelques moments difficiles, mais avec leurs coutumes, elles en font leurs forces et leur solidarité, elles arrivent à bout de tout.
J'ai passé un très bon moment avec ce livre, cela fait du bien ce genre de publication, merci a Babelio et Bayard Jeunesse.
Nous découvrons avec émotion l’arrivée de la famille Das aux Etats-Unis, le père qui travaille, les a installées, ce dernier prend grand soin de sa femme Ranee et de ses deux filles qui sont ses trésors. L’aînée Tara est une beauté, elle rêve au métier d’actrice, sa jeune sœur Sarah est une intelligente, l’avenir et les grandes écoles lui ouvrent leurs portes. Pourtant, tout ne se passe pas tel que Ranee le souhaiterait, difficile pour elle d’accepter que ses filles souhaitent vivre à l’américaine. Cette famille qui vient d’un pays où les traditions sont si nombreuses, doit trouver l’équilibre entre son identité et le pays qui les accueille.
C’est une histoire de femmes avant tout bien-sûr, mais c’est aussi un constat sur l’intégration dans les années 60 en Amérique, le pays de tous les rêves, qui malgré toutes les chances qu’il offre, fait toujours état de la couleur de peau, à tel point que Ranee elle-même montre des réticences aux fréquentations de ses filles. Nous suivons deux générations tout au long de cette lecture et certains personnages vous toucheront plus que d’autres, pour ma part, c’est le lien entre Tara, Sarah et leur père, qui m’a particulièrement touchée. La part à l’art est y est également importante, le talent et l’ambition de toutes ces femmes mérite d’être souligné, elles sont talentueuses, pleine de ressources et de caractère.
C’est une jolie lecture pleine de dépaysement, on en apprend beaucoup sur les coutumes et les traditions Bengale, un roman riche en valeurs familiales même si parfois certaines paraissent un peu désuètes. C’est un livre à lire pour de nombreuses raisons qui touchent à chacun et chacune personnellement.
https://livresque78.com/2021/06/30/ranee-tara-sonia-chantal-anna/
Culture indienne versus rêve américain
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Classé dans la section "ado", je pense qu'il peut être lu par tous tellement le thème de l'intégration est universel et dans l'air du temps.
Ce roman aborde la difficulté de l'immigration vu à travers le prisme d'une famille bengali indienne. Les cinq protagonistes (narratrices à tour de rôle) sont les femmes d'une même famille (3 générations).
Des portraits très typés et différents dont le fil rouge est l'intégration aux USA.
Une narration assez linéaire où le lecteur observe la vie familiale (et individuelle) de ces membres hauts en couleurs. La vie qui passe avec ses bonheurs et ses drames. Le parcours de ces femmes est ardu et chaque expérience vécue apporte une plus-value dans le noyau familial.
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Même si le ton peut parfois paraître léger, l'auteure aborde des sujets encore d'actualité en Inde, notamment les mariages arrangés, le problème de la religion, les couples mixtes, les traditions, le souci de ne pas renier ses racines ainsi que l'accès coûte que coûte de "l'american dream" .
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Je suis restée sur ma faim car je voulais des portraits plus étoffés, plus denses et connaître un peu mieux ces femmes courageuses.
Je le conseillerais volontiers à mes deux filles ados.
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L'objet-livre est en raccord avec la personnalité de ces personnages. Joyeux, frais, coloré. (les feuilles sont filigranées de jaune fluo).
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Un roman choral où l'amour transpire à chaque paragraphe. Bienveillant et touchant.
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