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Je l’avais annoncée, cette découverte rentre dans le cadre de mes lectures tâchant de donner sens aux mouvements migratoires qui ont toujours existés et existeront toujours. L’ampleur du phénomène a été fixée par ‘On a tous un ami noir’ signé par le chercheur belge François Gemenne. Cet essai, particulièrement bien référencé, pose adroitement les chiffres qui relativisent tous les cris d’alerte jetés en pâtures à l’opinion publique, laquelle se voit poussée à la peur de l’étranger et à la fermeture automatique de toutes portes qui pourraient mener à la rencontre de l’autre et déboucher sur une coopération gagnant-gagnant. Le deuxième livre a été celui de Carole Declercq, avec son roman ‘Les enfants d’Ulysse’. Hamza et sa jeune sœur Feriel ont fui l’Afghanistan. Passés en Grèce, ils ne voient pas d’un bon œil le démantèlement du camp d’Idomeni où ils se sentaient protégés en attendant le moment propice pour passer en Autriche où un frère les attend. Ne faisant pas confiance aux promesses policières, pas plus qu’à celles de certains habitants de cette Grèce qui se situe entre mer et montagne et dont le code d’honneur d’accueil est chamboulé par la migration et son cortège de fausses vérités, les deux jeunes afghans, comme bien d’autres, vont s’éclipser et fuir dans les montagnes. Ferriel y fera la plus belle rencontre de sa vie. Elliniki, une vieille grecque, à la réputation de sorcières mais au cœur débordant de chaleur humaine. Elle va les accueillir et leur proposer le gîte et le couvert en échange d’un partenariat dans les travaux à accomplir. L’un fait revivre l’autre et vice-versa.
Encore, pour y croire, fallait-il que la romance tienne la route face aux analyses du chercheur et que celles-ci se concrétisent dans une expérimentation mise en place, observée et restituée par le témoignage d’une personne digne de foi.
C’est maintenant chose faite par ‘Grâce à eux’, ou ‘Comment les migrants ont sauvé mon village. Publié chez Buchet-Chastel, ce livre raconte l’expérimentation de l’accueil des migrants alors que les autorités politiques et policières mettent tout en œuvre pour arrêter cette intégration solidaire. L’auteur, Mimmo Lucano a été bourgmestre à Riace. Ce petit village, alors en plein déclin par suite de l’exode rural est confronté à une situation ubuesque :
« A un moment donné, Assad a déclaré, dans un mélange d’italien et d’espagnol – qu’il parlait très bien : « Nous sommes un peuple d’exilés en quête de liberté. Il y a dans ce village des maisons sans habitants ?. Nous sommes des habitants sans maisons…C’est peut-être le bon endroit pour nous. »
Il n’a pas été nécessaire à Mimmo Lucano d’avoir une démonstration des besoins plus affûtée. Les habitants de Riace se sont mobilisés pour retrouver les propriétaires de ; ces maisons abandonnées, oubliées et ont proposé une mise à disposition de ces logements aux migrants, à charge pour eux de les remettre en état et de les entretenir. Le village s’est repeuplé, l’école a pu être sauvée, l’artisanat d’objets issus de l’immigration de première nécessité a pu reprendre et s’enrichir des connaissances multiculturelles de la population et un secteur tertiaire de biens et services est venu fluidifier les relations existant au sein d’une communauté devenue LE modèle de Riace, connu, reconnu et cité par des instances onusiennes. Un modèle qu’il conviendrait de reproduire pour que le thème migratoire ne soit plus perçu comme un problème mais plutôt comme une richesse.
Malheureusement, le fluide glacial que les populistes et les extrémistes de droite déversent sur le monde continuent à faire peur. La force de tous ces gens qui n’existent que par les problèmes, réels ou inventés, qu’ils entretiennent en refusant toute ouverture à des solutions (ce qui les priverait de leurs combats, leur raison d’être), leur raison d’être est la disposition d’un combat qui les justifient aux yeux du peuple suiveur à qui il est tellement facile de faire peur.
Les politiques populistes qui sont actuellement au sommet de la politique italienne ont tout fait pour casser ce modèle de Riace, allant même jusqu’à condamner à 13 ans de prison Mimmo Lucano reconnu coupable par ,une justice au service du populisme de malversations et de non-respect des lois Italiennes qui, on s’en souvient, ont interdit l’entrée au port à des bateaux de migrants sauvé »s en mer par des ONG qui refusent cet extrémisme et ce rejet de la Loi naturelle de la mer qui promeut l’assistance à toute personne en danger.
Ce troisième livre abordant l’aide possible à apporter aux migrants est d’une force extraordinaire. Il prouve que le possible en ce domaine existe et qu’il nous faut lutter contre les frilosités qui développent trop vite et trop souvent des arguments inhumains pour ne donner aucune chance aux migrants de vivre une vie décente, libre et partagée avec le reste de l’humanité.
Vraiment, ce livre, ces livres qui se complètent si bien sont à lire et méditer pour l’espérance qu’ils peuvent faire naître dans nos sociétés.
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