Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Comment peut-on seulement imaginer que Monna Lisa n’ait pas été en ce début de 20e siècle l'œuvre la plus admirée du Musée du Louvre comme elle l’est aujourd’hui et ait pu disparaître à l’insu de tous ? Monna Lisa avec deux n, c’est bien cela, ce n’est pas une erreur, puisque c’est ainsi que La Joconde se nomme en italien.
Août 1911, Vincenzo Peruggia, un employé travaillant pour une entreprise chargée de fabriquer des vitrines pour les œuvres d'art, s’introduit dans une des galeries du musée. Il décroche le portrait signé Léonard de Vinci, l’enveloppe dans sa veste et ressort du bâtiment comme si de rien n’était.
Pourquoi ce geste ? Parce que se sentant dénigré par les Français qui ne le voient que comme un immigré, il décide que les œuvres italiennes exposées au Louvre devraient elles aussi retourner dans leur pays d’origine. Comme le lui font parfaitement bien remarquer les Français qui le côtoient.
Rentré chez lui dans sa modeste chambre, il cache le tableau sous son lit et réalise qu’il a commis un vol dont la police va rapidement accuser un certain Pablo Picasso et un certain Guillaume Apollinaire. Les journaux s’emparent de cette affaire, intimant le directeur du Musée à démissionner.
Deux ans plus tard, le tableau n’a toujours pas été retrouvé et Vincenzo propose innocemment à une galerie florentine de lui vendre le chef-d'œuvre afin qu’il soit exposé au Musée des Offices.
Rocambolesque, voici le qualificatif qui vient aussitôt à l’esprit quand on découvre cet album “Pour l’amour de Monna Lisa, Le plus grand vol du siècle” signé Marco Rizzo et Leilo Bonaccorso. Avec son allure à la Charlie Chaplin, Vincenzo Peruggia est à la fois comique et pathétique puisque bien évidemment dépassé par les événements qu’il a provoqués.
Cette histoire est véridique et aura pour conséquences de vives tensions entre la France et son voisin transalpin.
Avec ses tons sépia, l’ambiance Belle Époque du récit est parfaitement bien rendue et il nous paraît tout simplement incroyable que la Joconde, même si elle n’était pas aussi célèbre qu’aujourd’hui, ait pu rester cachée sous un lit pendant plus de deux ans.
En août 1911, la Joconde de Léonard de Vinci, alors loin d'être le tableau le plus célèbre du monde, est dérobée au Louvre. Dès les premières pages, nous apprenons que le voleur n'est autre que Vincenzo Perugia, un ouvrier italien travaillant au musée. Convaincu que le tableau doit retourner en Italie, Vincenzo cachera la Joconde pendant plus de deux ans sous son lit...
Cet album nous plonge dans la France du début du XXe siècle, explorant des thèmes tels que l'amour, l'amitié, le plaisir du travail, la passion, la folie, l'obsession, la vie des migrants en France, le manque de respect dans le monde du travail, la discrimination et le vol.
« L'amour triomphe de tout. » Léonard de Vinci
Fondé sur des faits réels, ce récit est à la fois passionnant et captivant. Avec son personnage principal vraiment attachant, la lecture de cette histoire un peu folle a été un véritable plaisir. Des dessins délicats agrémentés de teintes sépia se déploient sur des pages au fond beige clair.
En bref, cette charmante bande dessinée nous a fait passer un moment particulièrement agréable. Elle séduira ceux et celles qui souhaitent explorer ou revisiter l'aventure rocambolesque de la Joconde, qui a ensuite connu diverses autres tribulations au fil du temps...
La bande dessinée commence par planter le décor, un paysage plus urbain que naturel surplombé par une certaine grisaille. Ce croquis de voyages, cartes postales impressionnistes, sont habillées de plusieurs couleurs. Quand les auteurs commencent leurs entretiens, alors la mise en scène est plus épurée, les traits de crayon s’estompent pour des images plus lisses, avec seulement deux couleurs, l’une pour le témoignage et l’autre pour les flash backs. La bande dessinée est basée sur le dialogue, sur la confrontation et la découverte entre des artistes venues avec des questions et des habitants de Calabre munis de leur seul parcours.
Les deux auteurs se mettent en situation, montrant leurs outils de travail, leur manière de capter ces moment de réalité et ouvrant des moments plus légers, notamment un running gag sur la représentation de deux hommes aux physiques assez proches. Marco Bizzo et Lelio Bonnacorso laissent de la place aux émotions. La colère, la pudeur, la tristesse, l’amour font partie de ce récit sans être utilisés lourdement. La narration est emphatique mais jamais ne tombe dans l’émotionnel. Les deux auteurs se montrent à l’écoute, questionnant les parcours et les envies, et pointent l’impossibilité de toujours tout comprendre. Ils ne font pas de généralité ni de raccourcis. Mais il reste l’empathie et la résilience. Cet espoir de changer le monde, au-delà de la nécessité altruiste de le faire, apporte une énergie à la narration composée autour de nombreuses données. Les auteurs nourrissent la réflexion, proposant un écho à la politique française, rappelant l’écart entre les parcours individuels, le pouvoir de l’État et les moyens des collectivités.
Je l’avais annoncée, cette découverte rentre dans le cadre de mes lectures tâchant de donner sens aux mouvements migratoires qui ont toujours existés et existeront toujours. L’ampleur du phénomène a été fixée par ‘On a tous un ami noir’ signé par le chercheur belge François Gemenne. Cet essai, particulièrement bien référencé, pose adroitement les chiffres qui relativisent tous les cris d’alerte jetés en pâtures à l’opinion publique, laquelle se voit poussée à la peur de l’étranger et à la fermeture automatique de toutes portes qui pourraient mener à la rencontre de l’autre et déboucher sur une coopération gagnant-gagnant. Le deuxième livre a été celui de Carole Declercq, avec son roman ‘Les enfants d’Ulysse’. Hamza et sa jeune sœur Feriel ont fui l’Afghanistan. Passés en Grèce, ils ne voient pas d’un bon œil le démantèlement du camp d’Idomeni où ils se sentaient protégés en attendant le moment propice pour passer en Autriche où un frère les attend. Ne faisant pas confiance aux promesses policières, pas plus qu’à celles de certains habitants de cette Grèce qui se situe entre mer et montagne et dont le code d’honneur d’accueil est chamboulé par la migration et son cortège de fausses vérités, les deux jeunes afghans, comme bien d’autres, vont s’éclipser et fuir dans les montagnes. Ferriel y fera la plus belle rencontre de sa vie. Elliniki, une vieille grecque, à la réputation de sorcières mais au cœur débordant de chaleur humaine. Elle va les accueillir et leur proposer le gîte et le couvert en échange d’un partenariat dans les travaux à accomplir. L’un fait revivre l’autre et vice-versa.
Encore, pour y croire, fallait-il que la romance tienne la route face aux analyses du chercheur et que celles-ci se concrétisent dans une expérimentation mise en place, observée et restituée par le témoignage d’une personne digne de foi.
C’est maintenant chose faite par ‘Grâce à eux’, ou ‘Comment les migrants ont sauvé mon village. Publié chez Buchet-Chastel, ce livre raconte l’expérimentation de l’accueil des migrants alors que les autorités politiques et policières mettent tout en œuvre pour arrêter cette intégration solidaire. L’auteur, Mimmo Lucano a été bourgmestre à Riace. Ce petit village, alors en plein déclin par suite de l’exode rural est confronté à une situation ubuesque :
« A un moment donné, Assad a déclaré, dans un mélange d’italien et d’espagnol – qu’il parlait très bien : « Nous sommes un peuple d’exilés en quête de liberté. Il y a dans ce village des maisons sans habitants ?. Nous sommes des habitants sans maisons…C’est peut-être le bon endroit pour nous. »
Il n’a pas été nécessaire à Mimmo Lucano d’avoir une démonstration des besoins plus affûtée. Les habitants de Riace se sont mobilisés pour retrouver les propriétaires de ; ces maisons abandonnées, oubliées et ont proposé une mise à disposition de ces logements aux migrants, à charge pour eux de les remettre en état et de les entretenir. Le village s’est repeuplé, l’école a pu être sauvée, l’artisanat d’objets issus de l’immigration de première nécessité a pu reprendre et s’enrichir des connaissances multiculturelles de la population et un secteur tertiaire de biens et services est venu fluidifier les relations existant au sein d’une communauté devenue LE modèle de Riace, connu, reconnu et cité par des instances onusiennes. Un modèle qu’il conviendrait de reproduire pour que le thème migratoire ne soit plus perçu comme un problème mais plutôt comme une richesse.
Malheureusement, le fluide glacial que les populistes et les extrémistes de droite déversent sur le monde continuent à faire peur. La force de tous ces gens qui n’existent que par les problèmes, réels ou inventés, qu’ils entretiennent en refusant toute ouverture à des solutions (ce qui les priverait de leurs combats, leur raison d’être), leur raison d’être est la disposition d’un combat qui les justifient aux yeux du peuple suiveur à qui il est tellement facile de faire peur.
Les politiques populistes qui sont actuellement au sommet de la politique italienne ont tout fait pour casser ce modèle de Riace, allant même jusqu’à condamner à 13 ans de prison Mimmo Lucano reconnu coupable par ,une justice au service du populisme de malversations et de non-respect des lois Italiennes qui, on s’en souvient, ont interdit l’entrée au port à des bateaux de migrants sauvé »s en mer par des ONG qui refusent cet extrémisme et ce rejet de la Loi naturelle de la mer qui promeut l’assistance à toute personne en danger.
Ce troisième livre abordant l’aide possible à apporter aux migrants est d’une force extraordinaire. Il prouve que le possible en ce domaine existe et qu’il nous faut lutter contre les frilosités qui développent trop vite et trop souvent des arguments inhumains pour ne donner aucune chance aux migrants de vivre une vie décente, libre et partagée avec le reste de l’humanité.
Vraiment, ce livre, ces livres qui se complètent si bien sont à lire et méditer pour l’espérance qu’ils peuvent faire naître dans nos sociétés.
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