Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Un lieu idyllique en Suede, au milieu de la nature, un retour à des besoins simples et naturels, un bébé qui gazouille, tout semble parfait dans la vie de Merry et Sam. Mais très vite, ce tableau de quiétude absolue va se transformer en prison. La bonheur affiché n'est que façade. Ce roman choral est un véritable page tuner, un thriller psychologique qui n'épargne ni ses personnages, ni le lecteur. Enfermé dans ce huis clos toxique, vous ne le lâcherez pas. Un très bon roman noir.
En quelques mots, Merry et Sam, un couple new-yorkais, décident de tout plaquer, leur vie stressante, la ville survoltée, pour s'installer sur une petite île en Suède afin d'élever dans de meilleures conditions leur jeune fils, Conor. Chacun tient sa place: Sam, subvenir aux besoins de sa famille; Merry, s'occuper de son foyer. À les regarder vivre, on ne voit que le bonheur. En apparence car, très vite, on sent que sous la jolie façade bien lisse se dissimulent des secrets, des désirs inavoués, des frustrations. Et lorsque Francesca, la meilleure amie de Merry, arrive dans le tableau, on sent que la mécanique bien huilée ne va pas tarder à se fissurer et à éclater. Faites vos jeux, rien ne va plus...
L'une des grandes forces de ce roman est de distiller au compte-goutte les informations, en utilisant le procédé de trois narrateurs, nous retrouvant ainsi tour à tour dans la peau de Merry, Sam ou Francesca. Prenant faits et causes pour l'un avant de changer de point de vue et en venir à en plaindre un autre.
Ce roman nous fait nous questionner sur les relations que nous entretenons les uns avec les autres, avec nos plus proches particulièrement. C'est certain qu'en découvrant les liens qui unissent nos trois protagonistes, essentiellement Merry et Francesca, on ne peut que se dire qu'avec une amie pareille on n'a pas besoin d'ennemie.
Peut-on échapper à son passé ? Tout se joue-t-il pendant l'enfance ? Jusqu'où va notre loyauté ? Arrivons-nous à tirer des enseignements de nos actes ? Sommes-nous destinés à reproduire les mêmes schémas ? Pouvons-nous nous libérer des liens qui nous enchaînent ? Peut-on réellement pardonner ? Faut-il même pardonner ?
Bref, autant de questions que nous pose ce roman, entre autres.
L'écriture de Michelle Sacks est délicate et toute en nuance. Elle a su finement se mettre à la place de ses personnages et a finalement dressé des portraits réalistes et complexes sans tomber dans la lourdeur et la caricature. Pour un premier roman, c'est de mon point de vue très réussi. Une auteure à suivre, assurément.
Et la traduction semble à la hauteur.
En résumé, c'est typiquement le genre de roman que, si je l'avais débuté un dimanche après-midi, je n'aurais pas lâcher avant la dernière page.
Une lecture que je conseille, évidemment.
Ce roman me faisait envie depuis sa sortie alors quand une lecture commune s'est profilée, je n'ai pas hésité !
Merry et Sam, un couple de new-yorkais, vivent un nouveau départ en Suède avec leur bébé Conor. Une maison en bois rouge à la campagne, un potager, des confitures et du pain faits maison, le décor est planté : profitons de la sérénité d'une vie saine et naturelle.
Oui mais... Oui mais comme on peut s'en douter, tout n'est pas si simple. Les chapitres donnent tour à tour la parole à Merry et à Sam, et dès les premières pages, on sent les fêlures.
Et puis arrive Franck, amie d'enfance de Merry, qui nous offre un troisième point de vue sur la situation.
L'atmosphère devient rapidement malsaine, pour mon plus grand plaisir de lecture, je dois avouer. Chaque personnage semble avoir un "dark passenger" bien présent ! Cela m'a d'ailleurs dérangée par moments, comme si l'auteure avait voulu à tout prix réunir des personnages torturés, au passé trouble, et pour cela, forçait un peu le trait.
Le fait que l'intrigue se déroule en Suède m'a paru assez anecdotique car les personnages restant entre américains et se mêlant très peu à la vie suédoise, il n'y a pas vraiment d'immersion dans ce pays étranger.
Si le style d'écriture n'a rien de notable, il faut reconnaître un très bon rythme à ce roman qui se lit vite et qui ne présente aucun temps mort. Je l'ai d'ailleurs dévoré en deux petits jours.
Prenez une carte postale ensoleillée, insérez-y un ravissant chalet au milieu de la forêt suédoise, plantez-y un potager à faire saliver les plus exigeants des bobos et faites poser le père, la mère et leur bébé. Admirez leurs sourires et tendez l’oreille, ils vous parlent : « VOUS NOUS VERRIEZ, je pense que vous nous détesteriez. On dirait les acteurs d’une publicité pour une compagnie d’assurances, dégoulinants de bonheur. La petite famille parfaite et sa petite vie parfaite. »
Bien, vous vous en doutez déjà, l’envers de la carte postale est un peu différent. « J'ai décapé le four graisseux, grimpé sur un escabeau pour nettoyer le dessus du réfrigérateur. Quelquefois, j'aime bien tracer un message dans la poussière. Ce matin, sans raison particulière, j'ai écrit AU SECOURS. »
Et, comme dans ces réactions chimiques ne se produisant que lorsqu’on introduit le catalyseur dans un mélange auparavant parfaitement stable, le charmant tableau va se dégrader à l’apparition de Francesca, invitée à découvrir le bonheur de sa meilleure amie. Restons-en là pour l’intrigue qu’il serait malvenu de déflorer.
Saluons plutôt la construction (désormais assez classique) à partir des pensées et points de vue successifs des trois adultes protagonistes de l’histoire. Vantons l’habileté de l’écriture minimaliste qui conduit à ne proposer que de très courts chapitres (trois pages le plus souvent, cinq parfois) et qui vous incite à pousser toujours un peu plus avant votre lecture. Si vous appréciez les récits courts remplis de mensonges, de perversité, de jalousie, de manipulation, de trahison et de secrets enfouis, vous ne serez pas déçus. Autour du désir d’enfant, de la maternité, de l’amour conjugal, de l’amitié et des rivalités féminines, en dépit d’une fin qui me semble un peu irréaliste et de mauvais goût, voici un roman sans hémoglobine dans lequel on n’a qu’une envie : tourner les pages, encore et encore. On n’en sort pas tout à fait indemne. Comme sur la (magnifique) couverture où le bleu du centre est cerné de noir, c’est une bien sombre histoire qui nous est contée. Mais ce n’est sans doute que pure invention littéraire, la Suède est sans doute ce paradis de carte postale du début, au moins en été, et votre meilleure amie est VRAIMENT votre meilleure amie… Ce serait dommage de ne plus l’inviter, mais, prudence étant mère de sûreté, inutile d’insister pour qu’elle reste dormir.
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