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Le narrateur, à l'approche de la cinquantaine, est arrivé à un âge où il pense que soit on devient sage et ennuyeux en attendant la fin, soit on fait des folies. Il opte pour la deuxième possibilité et tout d'abord il devient l'amant passionné de Griselda, la femme de son meilleur ami et associé Antonio. Mais une idée folle lui passe par la tête, une idée comme ça, ignoble, qu'il a envie de réaliser, juste comme ça. On comprend rapidement que les blessures de l'enfance ressurgissent tôt ou tard, dangereusement.
On suit le périple infernal de ce couple maudit, qui se comporte comme si toute éthique les avait abandonnés, agissant comme si toute morale leur était devenue étrangère. C'est d'une violence et d'une froideur assez dérangeante où l'absence de scrupules et de remords attise le malaise. J'ai hésité à poursuivre dans les tout débuts tant c'est brutal.
De cette cavale sanguinaire ressortent peu à peu les motivations de ce couple mortifère à la libido extatique. Cette fuite en avant amène des questions existentielles sur les chemins de vie, ceux qu'on a pris et qu'on n'aurait pas dû, ou au contraire...
Quand on vit bien comme il faut dans un pays, l'Argentine, où les dirigeants sont corrompus, les flics des pourris et ses semblables trop souvent des hypocrites immoraux, n'y a-t-il pas de quoi se poser des questions sur le bien-fondé de ses bons comportements ?
Finalement, au fil de ma lecture j'ai trouvé les réflexions de Griselda et Alfredo très profondes et je me suis interrogée sur le sens de la vie. Et s'il n'y en avait pas ? Personnellement je pense que nous sommes juste le fruit du hasard... et que nous tournons en rond.
C'est l'histoire d'un road trip très violent, et trash, mais qui raconte des réalités insupportables, innombrables et totalement révoltantes, hélas. Ce livre que j'ai commencé sans autre idée que de coller au thème du @prixbookstagram pour le thème #lecoupleenlittérature en cours m'a embarquée comme un raz de marée. Une écriture ciselée au service d'un roman noir, noir, noir... le titre nous avait prévenu ! Destination l'enfer !!
Au tournant du millénaire, l’auteur, originaire du Chaco, zone tropicale du nord-est de l’Argentine, décide de s’offrir un rêve : parcourir la Patagonie, immense région légendaire du sud de son pays, où il n’a encore jamais mis les pieds. Avec un ami, ils embarquent dans une petite Ford Fiesta rouge, en route pour un périple de 40 jours et de 4000 km, qui les emmène de Corrientes près de la frontière du Paraguay à Rio Gallegos juste avant le détroit de Magellan et la Terre de Feu, en longeant l’Atlantique, avant de remonter par la mythique Ruta 40, parallèle à la cordillère des Andes.
A l’époque, l’Argentine traverse une grave crise financière, et le tourisme n’a pas encore explosé. De toute façon l’auteur et son compère ne sont pas là pour les cartes postales. Si son ami Fernando prend beaucoup de photos, Mempo, lui, est en quête d’inspiration pour le roman qu’il est en train d’écrire. Les deux quinquas baroudeurs parcourent ainsi des kilomètres de ligne droite au milieu de la pampa aride et monotone, déserte et sublime, soumise au terrible vent patagon, avant de crapahuter au pied des montagnes sur des pistes défoncées qui conviendraient bien mieux à un 4×4 de luxe. Le voyage est émaillé de visites mais surtout de rencontres souvent improbables, parfois poignantes, de confrontations avec le dénuement et la solitude parfois extrêmes de ces lieux et de leurs habitants. L’auteur tour à tour s’émerveille de ces paysages magnifiques (« Là-bas […] il y avait la paix, des moutons, des cieux immenses, du vent, la mer et des glaciers parfaits et superbes« ) ou s’agace de l’incurie et la corruption des autorités, et de l’inertie de ses compatriotes : « Tandis que je conduis sur la route n°40, je suis sans cesse fasciné par tant de beauté stérile. Dans ce pays tout particulièrement, un paradis même s’il est peuplé d’indigents, autant de richesse inutile devrait ébranler toute forme d’indifférence. Mais elle est impuissante dans cette Argentine qu’on dirait blindée. L’immensité et la vitesse réduite me font rêver à tout ce qui pourrait être réalisé ici. […] En Patagonie, ce n’est pas seulement l’argent qui fait défaut mais l’imagination, l’audace. […] Mais aujourd’hui, la plupart des jeunes regardent ailleurs : dans la direction indiquée par la télé et la bière. Ce n’est pas leur faute mais celle de la dictature – elle a produit une génération de parents pleins de ressentiment – et de la dissolution de l’Etat« . L’auteur trouve aussi ce qu’il cherchait : des idées pour terminer son roman, qu’il continue à écrire au fil du voyage.
Road-trip de l’auteur, road-trip des personnages de son futur roman, cette mise en abyme est parsemée d’extraits de celui-ci, mais aussi de réflexions, de citations et de références (trop) pointues à la littérature et au cinéma sud-américains, et manque donc un peu de fluidité. Mais avec ce ton drolatique et finalement indulgent et bienveillant, avec son émerveillement sincère, l’auteur m’a collé une de ces nostalgies du voyage et des grands espaces… Patagonie, te reverrais-je un jour ?
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