Un premier roman de la rentrée littéraire paru aux éditions Aux Forges de Vulcain
Un premier roman de la rentrée littéraire paru aux éditions Aux Forges de Vulcain
Lorsque l’enfant paraît (après un long parcours)
Marie-Fleur Albecker raconte dans son nouveau roman le combat d'un couple trentenaire pour avoir un enfant. L'occasion d'explorer les notions de famille, de procréation médicalement assistée, de maternité et de période post-partum avec acuité et humour. Une chronique douce-amère loin des clichés et des injonctions.
«C’est un roc! … c’est un pic! … c’est un cap! Que dis-je, c’est un cap? … C’est une péninsule!» Prenons la fameuse tirade du nez dans le Cyrano d'Edmond Rostand pour résumer ce roman bien envoyé qui retrace le combat d'un couple trentenaire pour avoir un enfant et le parcours d'une mère aujourd'hui.
Après s'être mise d'accord avec son compagnon pour fonder une famille, Anne va très vite se heurter à un roc. Car dans ce domaine, il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Toutes les tentatives menées pour tomber enceinte vont connaître l'échec. Les conseils des amis, les injonctions de la société, les modes d'emploi du milieu médical ne font qu'augmenter la pression au sein de couple.
Qui va devoir s'attaquer à un pic, la procréation médicalement assistée. Il n'est alors plus question d'amour mais de technique, de calculs de probabilité, d'examens répétés. Une épreuve qui demande beaucoup d'abnégation et une farouche volonté. Après des mois, Matthias est sur le point de jeter l'éponge. Lui qui normalement devrait «tirer un coup puis masser les pieds de sa meuf en lui achetant des fraises un soir si elle a une envie soudaine». Mais aujourd'hui il doit «déposer sa semence dans l’urne sacrée, l’éprouvette du Saint Docteur, et regarder Anne se torturer de toutes les manières possibles parce que «ça ne prend pas», se piquer, ne plus dormir, attendre, courir, écarter les jambes, prise de sang, recommencer, et attendre, attendre, la déception, et recommencer.»
Finalement, après un premier faux espoir, Camille tombe enceinte. Commence alors une nouvelle période de doutes et les mille questions qui accompagnent ces neuf mois tout sauf paisibles.
Mais le couple finit par atteindre son cap: la maternité. Une étape qui a beau être préparée, disséquée, analysée, elle va très vite se heurter à une évidence: «Quand l'enfant est là, il bouscule tout par sa simple présence, si simple et si intimidante.»
Il faut maintenant aborder la péninsule. Une péninsule baptisée post-partum et qui, elle aussi, est tout sauf simple à gérer.
«J'étais devenue celle que j'aurais un peu méprisée avant: une femme qui donne tout aux autres, dépossédée de son corps, et qui s’en fout. Qui veut seulement que ça s'arrête, que tout disparaisse, revenir avant. Une femme étoile de mer, posée sur le fond des mers, incapable de nager, enterrée dans le sable. Qui a trahi ce qu'elle était.»
Avec son style corrosif, Marie-Fleur Albecker n'hésite pas à bousculer les idées reçues sur la famille et la maternité, à s'éloigner des clichés et des injonctions pour dire qu'en cette affaire rien n'est simple, que très – trop – souvent, on minimise l'affaire et on ne veut pas voir la réalité dans toute sa violence. Oui, la PMA est un tue-l'amour, oui l'accouchement se fait dans la douleur, oui l'arrivée d'un enfant aliène votre liberté et oui, on ne revient pas à une vie normale après avoir eu un enfant.
En refermant Une maman parfaite, on pense à Toucher la terre ferme de Julia Kerninon qui raconte aussi le choc qu'aura été pour elle la maternité et cette dichotomie entre la femme d’avant et la femme d’après ou encore à Toutes les femmes sauf une de Maria Pourchet, la confession d'une mère qui vient d'accoucher à sa fille. Trois regards de femmes qui disent toute la complexité d'une problématique et qui en révèlent toutes les nuances là où le manichéisme et bien fréquemment de mise. Éclairant, sinon salutaire!
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
https://urlz.fr/pCJ2
À 31 ans, Anna a le désir d'être mère, mais très vite, elle prend conscience que ce projet d'enfant ne coule pas de lui-même. Sans le savoir, avec son conjoint Mathias, elle s'apprête à vivre un véritable parcours du combattant. À travers son histoire, on explore la maternité sous toutes ses coutures, sans tabou et sans concessions...
Avec ce roman, on s'écarte du rêve du bébé un peu trop lisse pour se rapprocher d'une réalité avec des chiffres, des expériences, des ressentis différents. Anna nous livre l'injonction qui est faite aux femmes en matière de parentalité. Elle souligne les inégalités hommes-femmes encore très présentes et les transmissions tacites de génération en génération.
Les confessions d'Anna sont courageuses, sincères, et je l'ai trouvée souvent trop sévère avec elle-même. Elle nous fait part de ses doutes, de ses questionnements. On parle ici de fertilité, de sexualité, du sentiment d'être dépossédée de son corps et de son identité. Elle nous décrit comment les sources contradictoires peuvent se montrer perturbantes et dévalorisantes. Elle nous fait part de son sentiment de ne pas se sentir entière, accomplie dans le rôle qu'on lui alloue, et qu'elle a pourtant tant convoité.
J'y ai vu de la souffrance dans ses silences et de l'espoir quand elle peut s'ouvrir à la communication, sans la peur d'être jugée. Ce récit m'a foncièrement émue par sa liberté de ton, et j'ai la conviction que l'intimité peut être dévoilée sans honte et sans souci de choquer. C'est à mon sens en toute conscience et intelligence que chaque femme trouvera du sens à son désir ou non d'enfant, afin de l'apprivoiser et de se l'approprier.
Un livre qui s'adresse à tous et qui appelle à beaucoup de vigilance et d'indulgence.
Dernière chronique de l’année 2022 !
A minuit le 31, prenez une coupe de champagne, des choux à la crème et ce livre. Faites-le d’autant plus si vous ne supportez plus ni votre famille, ni votre belle-famille, ni cette société et ses diktats, ni le déni, ni les faux-semblants, ni… ni… et que vous aimez les choux, la crème, la lecture et les éditions Aux Forges de Vulcain ! Apprenez à vous faire plaisir ! (Et si vous ne trouvez pas de choux, comme moi... achetez des chouquettes et de la chantilly, c'est parfait aussi !)
PITCH Les premières pages assez « romance » prennent vite une giclée de Destop en pleines pages, et le roman prend alors des odeurs de conte sociologique décapant, caustique et hilarant. La société, la politique, la famille sont rattrapées par une autrice décidée à balancer toutes les vérités et évidences, n’en déplaise à celles et ceux dont le politiquement correct s’apparente à un mantra.
Chronique intégrale sur : http://ohpardontulisais.canalblog.com/archives/2022/12/30/39760365.html
« Pour la fourmi, la rosée est une inondation. » Proverbe indien & Marie-Fleur Albecker.
Magistral, apprenant, « Ni seuls ni ensemble » est dans la cour des grands. Ce roman est un kaléidoscope sociétal de haute voltige. Tout, dans ce récit peut être annoté, tant l’ouverture d’un débat intérieur est au cœur de chaque page. On ressent une autrice observatrice des diktats sociétaux. Le majeur est l’éclat de lumière de chaque phrase. Jamais on ne s’égare dans le descriptif. Pour la bonne raison qu’ici, il n’y en pas. Nous sommes dans un livre majeur qui élève le lecteur par sa finesse, son intuition et sa haute intelligence. Roman choral, satire politique, on aime le passage d’une voix à l’autre, puis « Ensemble », Louise et Karim sont des symboles plus que des protagonistes. N’oubliez pas que ce récit est soutenu et à mille lieux d’un roman d’évasion et d’amour. Loin de la caricature, l’histoire est réaliste et crissante. Tour à tour Louise et Karim prennent la parole. Karim est français. Ses parents sont marocains. Une enfance ordinaire bercée dans les valeurs républicaines.
« On avait un appartement en HLM tout neuf. Je peux pas dire que j’ai une famille engagée, c’était profil bas, ne surtout pas attirer l’attention et tout se passera bien. Des parasites de la lutte quoi ! » « Karim croit vraiment à la fraternité, c’est pour ça qu’il fait de la politique : Liberté, Égalité, Fraternité, on n’a rien fait de mieux. »
Il va rencontrer Louise lors d’une réunion du Parti centraliste du 17° arrondissement. Louise, conformiste à l’extrême, parents aisés, qui a étudié dans une grande école de commerce est en charge côté ville des sauces aux légumes dans une multinationale.
« Mais on ne choisit pas tout dans sa vie. »
Karim a fait Sciences-Po, mange du porc, athée, volontaire et déterminé, il pousse du pied les aprioris qui lui sont infligés.
« Refaire le monde, faire fi de son surmoi anti-communiste, anti-bourgeois et trouver attendrissant tous les détails de l’autre qu’on déteste ailleurs par principe. »
Ensemble : « C’est peut-être ça, « bref » l’instant où l’on bascule du calcul à l’engagement à l’autre. Le cœur qui sent et non la raison. Ce n’était pas non plus une passion. »
Karim et Louise s’assemblent. Entrechoc culturel, dépasser les clivages, nager à contre-courant. Qu’importe, ils s’aiment un peu, beaucoup, passionnément, jusqu’à la limite. Quelle limite ? Comment ce jeune couple peut-il se réaliser lorsque les différences tournent au vinaigre. Les vieilles lunes reviennent. L’effort est vif et acéré pour montrer la bonne figure à l’autre famille et faire barrage aux messes basses et aux non-dits. Jeu de balles, affrontements, Louise et karim sont projetés dans la réalité. L’idiosyncrasie d’une société gargarisée aux habitus conformistes et opportunistes, voire racistes. Tout bascule. La pièce montée va-t-elle s’écrouler ? Mariage pluvieux, mariage heureux dites-vous ? Karim est pris dans un engrenage qu’il assume trop (la politique) (chut, lisez, lisez ce palpitant !). Louise devient soumise (la femme de). Ce récit rabat les cartes sans compromis aucun. Le fonctionnement d’une société qui déchire les espoirs de concorde ; Renverse les chaises et bouscule tout irrévocablement. Chaque signe est une alerte rouge. Karim et Louise : le mythe de Sisyphe. « Ni seuls, ni ensemble » interpelle par son ton placé au plus juste. A l’instar d’une autrice qui, plus que visionnaire et perspicace, dévoile, démontre sans jugement aucun. Nous sommes dans l’authenticité et la projection des questionnements existentialistes. Comment deux contraires peuvent-ils faire alliance commune ? Brillant, succulent, plus qu’un coup de cœur, ce livre est au-delà de tout. Il est un miroir sociologique d’utilité publique. Une sacrée leçon de vie ! Publié par les majeures Éditions Aux forges de Vulcain.
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