Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
C'est grâce au club de lecture dont je fais partie que j'ai eu l'occasion de découvrir le premier roman de cette auteure franco-mauricienne. Mes goûts littéraires habituels ne m'y auraient probablement pas portée.
Alex, cuisinier à Paris, écrivain à ses heures, oublie son manuscrit inachevé "La femme qui parlait avec un accent étrange" dans le métro. Désiré, balayeur, immigré mauricien, détenteur de faux papiers, le trouve et propose un marché singulier à Alex : il lui rend son manuscrit si Alex termine l'histoire. Alex, quant à lui, en panne d'inspiration, demande à Désiré de l'aider en parlant de lui, de sa vie d'avant, de son île. Comme Désiré aime les mots mais ne sait pas bien les écrire, il demande l'aide de Marie, une jeune étudiante, bénévole à la distribution de repas pour ceux qui vivent dans la rue.
Ce premier roman est très original car il se présente comme une poupée russe littéraire avec le roman écrit par le personnage Alex intégré dans celui de l'auteure avec la mise en valeur de l'île Maurice à travers le regard intérieur d'un mauricien pauvre, loin de l'île paradisiaque que viennent chercher les touristes. L'originalité réside également dans le style, parsemé de mots créoles et empreint d'humour, ce qui rend le texte vivant et lui confère une certaine authenticité. Je regrette, une fois de plus, qu'ils soient rassemblés dans un glossaire en fin de livre et non explicités au fil de l'eau, en notes de bas de page; la lecture n'en serait que plus fluide, moins hachée.
Mariam Sheik Fareed développe de nombreux thèmes mais j'en retiendrai deux qui m'ont particulièrement interpellée. Tout d'abord, l'amour des mots comme liens entre des personnes qui n'ont rien en commun, les mots comme exutoire à la douleur, comme allègement de la peine, les mots comme découverte intime de ceux qui nous côtoient, les mots comme apprentissage de la vie. Ce sont les mots qui conduisent Alex et Désiré l'un vers l'autre grâce à la passeuse de mots qu'est Marie. Ensuite, l'ode à la diversité à travers la description des mauriciens de différentes religions, origines, qui vivent ensemble et à travers les immigrés et les migrants en France auxquels Marie apporte son aide. Si ce thème est aussi prégnant, c'est certainement dû à la vie de Mariam Sheik Fareed qui est née à Londres d'une mère française et d'un père mauricien d'origine indienne, engagée auprès des migrants.
J'ai, grâce à ce livre, appris que le syndrome de l'accent étranger n'est pas un titre fantaisiste destiné à retenir l'attention mais que c'est une pathologie rare qui existe et qui survient souvent après une attaque cérébrale, un traumatisme crânien, voire une migraine.
Très bon moment de lecture de ce primo-roman plein de fraîcheur mais aussi de profondeur même si j'ai été désarçonnée par la toute fin que je n'ai pas comprise où l'auteure nous fait revivre la scène dans le métro quand Alex a oublié sa sacoche. Si un lecteur ou une lectrice ou même l'auteure peut éclairer ma lanterne vacillante, j'en serais ravie.
Une sacoche retrouvée sous le siège du métro est à l'origine de mots pour apaiser les maux. Heureux hasard donc. La rencontre de deux mondes qui, sans la découverte de cette sacoche, n'aurait eu aucune chance de se côtoyer. Accepter la différence est source d'enrichissements. L'auteure nous livre un récit frais, ensoleillé avec une note d'exotisme. Des valeurs sûres y sont traitées : fraternité, entraide, amour de son prochain, la quête d'identité. Un beau roman plein d'humanité avec une belle promesse d'avenir. Voilà un livre léger qui fait du bien.
Un roman inachevé va relier Désiré perdu dans Paris, exilé de l'île Maurice et l'auteur du texte Alexandre, isolé lui aussi dans ce Paris où il vivote.
C'est l'amour de la lecture et de l'écriture, c'est l'amour de la mise en mots qui va relier et lier les personnages. Un échange épistolaire, une forme de chantage initie la rencontre, la rencontre de 2 êtres, mais pas seulement.
Désiré entraine dans son sillon Marie, bénévole humanitaire qui l'aide à rédiger ses idées, ses lettres, à mettre en mots les lettres pour Alex, le récit mais surtout à trouver la vérité.
Les mots sur des maux, c'est exactement ce qui se passe dans ce roman :
Désiré va puiser en lui, va apporter la vérité dans son récit et dans sa vie; Alex aussi.
L'écriture pour partage va enchaîner les destins. C'est un roman de facture plutôt simple, mais pleine : on voyage entre Paris et l'Île Maurice, on voyage entre le réel et la fiction, on voyage dans les langues, on voyage dans les sentiments. Dans cette mise en abime, dans ce récit de l'écriture, chaque personnage réel ou fictionnel vie pleinement et chaque vie peut se transformer en fonction de sa prise de conscience.
Un roman agréable à lire, dont on sort heureux .
Un mot sur les éditions A vue d'oeil :
adapté aux malvoyants, c'est un plaisir de lecture ! Une initiative à souligner et à applaudir. Les lecteurs vous remercient chaleureusement.
Deux destins vont se croiser par le plus grand des hasard. Lorsqu'Alexandre oubliera son roman inachevé dans le métro, c'est Désiré, un Mauricien en situation illégale à Paris qui le retrouvera. S'en suivront des échanges de lettres afin de poursuivre l'histoire de Sophie cette femme qui suite à un accident tout aussi surprenant va se réveiller avec un accent créole! La suite les deux hommes l'écriront ensemble, l'un en utilisant son talent poir l'écriture et l'autre en apportant sa connaissance sur son île natale, l'île Maurice là où Sophie se rendra...
Un roman bien mené, avec des personnages attachants, j'ajouterai même que Sophie sera également un personnage à part entière du roman. Un roman dans un roman qui m'a bien plu et qui a été bien aisé à lire grâce à cette édition.
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