"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J’avais beaucoup apprécié le précédent livre de cet auteur « je reste ici » et je suis donc précipitée sur ce nouvel ouvrage. Certes le sujet était différent, même si dans les deux cas, les femmes sont à l’honneur ;
J’avoue avoir eu du mal à entrer dans ce roman, mais une fois ce moment passé, les courts chapitres et les différentes voix entendues en font un roman exceptionnel.
Daniela, la mère, approche la cinquantaine et n’a d’autre choix que de partir comme de nombreuses roumaines à chercher du travail en Italie auprès de personnes âgées dont les enfants ne peuvent s’occuper sans aide de l’état italien pour les héberger en lieux dédiés. Il faut dire que son mari Filip semble plus accroché à la bouteille qu’à son travail et que pour leurs deux enfants Angelica et Manuel, l’avenir est bien sombre.
Elle quitte la maison une nuit et disparaît en ne laissant qu’un mot à sa fille. Leur vie bascule.
Trois voix, trois récits, seul le père est absent, comme il est absent dans la réalité du début à la fin, trois voix différentes, agacées, révoltées, ironiques, violentes ou tendres, du dit, du non dit, du pensé et craché d’un coup, le poids de ce départ que nous voyons d’abord du coté du fils, puis de la mère qui nous fait comprendre sa « vraie » vie et ses mensonges et la fille enfin, lien entre les deux autres, sensible mais révoltée ;
En fin de compte, un superbe roman maîtrisé, nous faisant entrer de plain pied dans la réalité de ce « mal d’Italie » vécu par toutes ces femmes roumaines ou originaires d’autres pays des Balkans qui n’ont que la solution d’émigrer pour faire vivre leur famille.
C’est un roman poignant, lourd et envahissant, qui ne nous laisse pas l’âme en paix et nous renvoie en boomerang le choix de ces femmes que nous côtoyons peut être également chez nous.
L’épilogue est révélateur, il faut le lire et en apprendre encore plus sur le monde qui nous est si proche.
Un livre à recommander, à prêter et à offrir !
Et voilà le dernier livre que je voulais lire dans le cadre du #bookclub du @prixbookstagram pour #unétéenitalie mais comme pour le précédent, trop de tentations venant du groupe… et patati et patata. Je le lis donc totalement hors des clous car l'été est fini.
Trina, en s'adressant à sa fille Marica nous raconte l'histoire de sa vie et de l'endroit où elle vivait depuis toujours, qui était autrichien et où l'on parlait allemand, annexé par l'Italie à la suite de la première guerre mondiale.
"Sur l'ordre de Mussolini, les rues, les ruisseaux et les montagnes ont été rebaptisés... Ces assassins ont même molesté les morts en changeant les inscriptions sur les pierres tombales".
Exit culture et langue allemande. L'italien est devenu obligatoire dans tous les détails de la vie. Mais Trina refuse de renoncer à ce qu'elle a toujours été, une autrichienne.
Dès les premières lignes on est plongé dans l'ambiance, dans le récit de toutes ces vies dans le tumulte du monde, et les mots nous emportent dans ce coin de montagne envahi par les fascistes.
J'ai ressenti la fureur de ces gens qui refusent d'être des parias chez eux et je les ai trouvés grandioses dans leurs petits combats presque perdus d'avance, car c'est la lutte du pot de terre contre le pot de fer.
Un père très ouvert, une mère coincée dans l'idée qu'elle se fait du rôle de la femme et qui de surcroît déteste les livres, Erich homme de convictions dont elle semble secrètement amoureuse, vont amener Trina à être institutrice clandestine pour préserver la culture autrichienne et être remarquée par Erich.
À force de frustration d'être soumis aux italiens, certains mettent leurs espoirs en Adolf Hitler. S'ensuivra une haine fratricide entre ceux qui se connaissent depuis toujours. D'un côté ceux qui veulent rallier l'Allemagne nazie et de l'autre ceux qui veulent rester car ils savent que c'est la pire idée. Puis une trahison, les crève-cœur, la douleur et la guerre suivront.
On suit les transformations que créent les événements indépendants de toute volonté dans une vie, ce qui façonne les individus. On vit l'histoire de cette région, happée par l'histoire du monde, qui chamboulera absolument tout.
Et puis cette épée de Damoclès au dessus du village, de longue date l'ambition d'un barrage qui engloutirait tout, sans cesse ajourné, toujours en projet.
C'est vraiment une écriture superbe, qui nous entraîne dans cette région du Tyrol, au milieu de ces paysans qui aimaient leur terre, dans un monde qui n'existe plus, celui de la première moitié du XXème siècle. L'auteur nous immerge dans ce microcosme à l'aube de ce déferlement de violence qu'à été la deuxième guerre. On assiste avec les protagonistes à la fin d'un monde et bien que j'ai lu beaucoup d'histoires sur cette période, c'est toujours un déchirement d'y replonger.
C'est un roman absolument magnifique. Marco Balzano part d'une réalité historique dans un lieu précis pour nous parler de petites gens à qui rien n'a été épargné, maltraités par les puissants, toujours debout mais changés à jamais.
J ai découvert le texte ,super roman à lire une histoire éprouvante pour daniela ,le calvaire de ses femmes roumaines ,et tout quitter comment s en sortir moralement un courage sans fin
Roman particulièrement émouvant sur ces femmes roumaines qui émigrent vers l'Italie pour devenir aides à domicile. En France , on parle peu de ces mères qui quittent tout pour l'avenir de leurs enfants et la rénovation de leurs maisons.
Daniela, roumaine, part subitement en Italie en laissant ses enfants, Manuel , 16 ans et Angelica, 20 ans en compagnie de leur père déprimé, au chômage depuis de long mois. Elle leur laisse un mot qui explique son départ pour gagner suffisamment d'argent afin de leur offrir de belles études .
Leur père quitte rapidement le foyer pour un travail de routier international et les deux jeunes vont se débrouiller seuls, cahincaha et poursuivre leurs études. Manuel dérape dans l'absentéisme, la drogue et les mauvaises fréquentations tandis que Angelica réussit brillamment ses études tout en s'occupant comme elle peut de son frère, épaulée par ses grands-parents aimants. Seules les quelques visites annuelles de Daniela apportent de la joie dans la maison.
Daniela pensait rester peu de temps en Italie en économisant mais au bout de 5 ans , elle devra rentrer subitement suite à un événement dramatique.
L'auteur a choisi une narration en trois parties ou chaque personnage prendra la parole : Manuel, Daniela et Angelica. Par cet aspect choral, on mesurera les retombées et les blessures familiales suite au départ de Daniela .
Manuel, est déchiré par le manque de sa mère , ne comprend pas son courage et son sacrifice pour lui et sa soeur. Il se sent abandonné et se réfugie dans la drogue et la boisson. Il ne voit pas les études comme un moyen d'émancipation et ne souhaite que rester dans son village, proche de la nature . Heureusement, la compagnie de son grand-père lui apporte amour , bonheur et inspiration!
Daniela, pleine d'espoir au début se retrouve isolée en Italie, usée et humiliée par ce travail éreintant malgré quelques belles rencontres comme ce journaliste qui partage ses passions avec elle. C'est une véritable mère-courage, elle pense faire le mieux pour sa famille sans percevoir la dérive de ses enfants si seuls à qui manque cruellement l'amour maternel.
Angelica, vaillante étudiante , a du mal à comprendre la fuite de sa mère, elle qui a du la remplacer si jeune pour son frère et l'équilibre de la famille tout en poursuivant ses études. Ce fut un vrai abandon qu'elle ne peut pardonner. Difficiles seront les retrouvailles !
Ce roman nous propose une description vivante et fort documentée du statut de ces roumaines en Italie ou leur travail d'aide à domicile si difficile et si peu considèré apporte tendresse et humanité aux personnes âgées ou aux enfants , délaissés souvent par leur famille. Les notes situées en fin de roman décrivent les recherches de l'auteur en Italie et en Roumanie. Ce phénomène d'immigration est tel dans ce pays que ces enfants restés sur place sont surnommés " les orphelins blancs" et les états dépressifs observés chez ces femmes sont nommés par les médecins " mal d'Italie".
Grâce à une plume sensible et romanesque , chaque personnage exprime avec puissance et profondeur ses ressentis, ses blessures , ses rêves tout en gardant des fenêtres d'espoir. Cette histoire ne peut que nous toucher.
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