"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai fait la connaissance de Maeva Bigourie, qui se raconte. Elle parle de l'élément déclencheur, une conférence TED organisée dans sa ville. Le sujet est l'addiction, des intervenants viennent parler de leur expérience. Et là, Maeva se dit et dit à son mari que l'année d'après elle serait sur scène pour parler d'elle et de ses souffrances. Et c'est ce qu'elle fera en rédigeant un texte "Juliette" qu'elle enverra aux organisateurs, et pour lequel elle sera sélectionnée. Son passage le 30 janvier 2020 changera sa vie. Son récit est émouvant, très fort, elle le dit elle-même, elle sait qu'elle n'est pas la seule à écrire un livre sur ce sujet, mais ce qu'elle veut surtout, c'est aider, grâce à ce livre, les autres à parler. Car l'inceste est encore tabou, souvent cela reste dans la famille, et ça ne sort jamais. Les autres membres à qui l'enfant pourrait en parler sont parfois réticents, et l'enfant alors se tait, et c'est justement ce qu'il ne faut pas.
Après cette entrée en matière avec cette conférence, Maeva Bigourie revient sur son passé, et nous raconte à nous, lecteurs, son enfance, et ce qu'elle a vécu. Elle s'excuse à l'avance, parce qu'elle ne cache rien, surtout de la première fois, et c'est aussi très important de tout dire, pour elle mais aussi pour les autres. Elle a subi des agressions sexuelles de la part de son grand-père de cinq a treize ans. Rien que d'y penser, j'en ai des frissons, 5 ans !!! C'est impossible pour un enfant de savoir que ce que fait cette personne à qui on tient, est mal. Mais c'est tellement horrible. Et puis bien sûr, la peur, le secret à tenir car bien sûr il y a toujours des menaces si on parle. Maeva se tait et subit cela pendant huit ans... Jusqu'au jour où elle dit Stop, où elle se rend compte et comprend que son grand-père n'a pas les gestes qu'il faut. J'admire cette jeune fille de 13 ans qui a eu la maturité de dire non. Le souci pour elle maintenant, c'est de vivre avec tout ça. Elle en parle à ses parents qui ne la croient pas plus que cela. Elle nous raconte alors l'après qui est très dur à gérer, comment elle s'en sort, comment elle va vivre, accepter, s'aimer....
C'est ça que j'ai beaucoup apprécié dans ce témoignage, c'est que l'autrice porte le message sur l'après, sur sa reconstruction, sur le chemin qu'elle a parcouru pour aller mieux, pour apprendre à s'aimer. Elle parle de ses relations amoureuses, et surtout de sa rencontre avec son mari. Et j'ai trouvé cela tellement bien, c'est rempli d'espoir, d'amour, son histoire avec Sylvain, son. futur mari, est tellement mignonne. Elle explique bien combien c'est difficile de faire confiance en l'autre et de se faire confiance aussi. Elle n'évite aucun sujet, parle de tout, sans tabou, et ça fait tellement de bien. C'est un magnifique message que nous porte Maeva Bigourie. Grâce à ce livre, elle apporte des solutions, j'ai adoré la façon dont elle montre toute sa positivité, elle nous donne des pistes de réflexion, elle amène énormément d'espoir. Oui, on peut s'en sortir, oui, on peut être cru, oui, on est important...
J'ai adoré ce livre, du début à la fin. L'éditrice nous explique au début, comment elle a rencontré Maeva, comment elles sont venues à parler de ce sujet. Parce que Maeva n'est pas autrice, elle est infirmière et maintenant photographe, et c'est en réalisant des photos pour les couvertures d'IGB que l'éditrice et elle ont discuté. Marc Gervais, auteur aussi chez IGB, l'a aidé à mettre en forme son récit pour arriver à ce livre très beau. Je suis très touchée par Maeva, j'ai vécu moi-même des évènements dans mon adolescence très durs, dont j'arriverais peut-être à parler dans un livre un jour,. Comme Maeva, personne de ma famille ne m'a cru lorsque j'ai parlé, c'est très dur....la première personne à m'avoir dit "je te crois", je l'ai rencontrée 5 ans plus tard et il est devenu mon mari depuis 33 ans maintenant. Il m'a aidée à m'accepter avec mes cicatrices... Une de mes filles a connu aussi du harcèlement sexuel, c'est vraiment un sujet qui me touche beaucoup, et j'aime lire ce genre de témoignage. Pas par voyeurisme, non, c'estsurtout pour recueillir de nouvelles pistes de réflexion.
J'ai beaucoup aimé le style d'écriture de Maeva Bigourie, sa façon de raconter, la construction de son livre, naviguant entre plusieurs moments du passé et du présent. Elle ne règle pas ses comptes, car elle a changé des noms et des lieux j'ai trouvé cela très beau et plein de respect de sa part. Elle est maintenant une femme mariée et maman comblée, et je suis contente pour elle de voir comme elle s'en est bien sortie.
Je vous conseille ce livre, je vous le recommande, il est essentiel, il est à mettre entre toutes les mains, que ce soit des parents, des enseignants, de tout le monde, et aussi des jeunes adultes, des adolescentes, afin de permettre de libérer la parole le plus possible. Comme j'aurais aimé rencontrer une Maeva dans ma vie d'adolescente... Elle donne d'ailleurs en fin de livre une liste d'associations et de numéros d'urgence que l'on peut joindre en cas de problèmes.
J'espère un jour relire Maeva Bigourie, car j'ai beaucoup aimé sa plume, sa pudeur, sa délicatesse. En tout cas, je la félicite pour ce témoignage, je sais combien c'est compliqué.
Il ne me reste plus qu'à remercier Maeva Bigourie, pour ce livre, pour ce témoignage, et pour son importance. Merci, vraiment.
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