"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une très belle bd au service d'une histoire originale à mettre entre toutes les mains !
Remettre en lumière des héros du cinéma hollywoodien,
oubliés, ou plus encore effacés en raison de la couleur de leurs peaux et de leur volonté d'imprimer la pellicule de leurs talents.
On lit cette bd, le nez sur wikipédia pour s'assurer de l'existence des personnes mentionnées !
Des lignes épaisses, des traits fins, des grosses couleurs, un blanc magnétique : le dessin de ce roman graphique est irrégulier, imprécis, inachevé, à la limite de l’abstrait. Aussi insaisissable que l’objet de la menace des premiers mots, “ça va exploser”, sur une page remplie de zébrures rouges et noires.
Traverser l’Antarctique, continent de glace. Tel est l’objectif chimérique du capitaine Oliphant. “L’ultime terre inconnue du globe. Tout le reste a été foulé, répertorié, nommé. Nous vivons le dernier exploit humain du monde.”
Lorsque le bateau se retrouve prisonnier de la glace, dure comme la pierre, l’équipage affronte les pires maux. Le froid, la faim, l’ennui, la folie. Pour ces malheureux marins, l’ennemi est non seulement extérieur, tant le territoire est hostile, mais aussi intérieur, tant la résistance mentale est mise à mal. “Le printemps recommence. Nous sommes au plus mal et la nature s’en fout magnifiquement.”
Chaque chapitre commence par des explications techniques. Ionisation, météorologie, magnétisme, circulation thermohaline… Ces passages purement scientifiques contrastent avec le dénuement de l’intrigue : des hommes perdus, en détresse, sans ressource, livrés à eux-mêmes.
Parmi eux, Arcadi, fils adoptif d’Oliphant, apporte ce qu’il faut de poésie à l’équipage pour survivre. Il ne ressent pas le froid, il entend les vibrations de la glace, il voit d’étranges apparitions dans la neige. Des souvenirs, des hallucinations, des présages ? Dans des nuances fantastiques où le rouge sang éclate aux côtés des couleurs du désespoir : le bleu de l’océan, la blancheur des glaciers et la peau blafarde des hommes.
Le 9 août 1914, Ernest Shackleton lançait l'expédition Endurance en partant avec 28 hommes sur le bateau du même nom avec un objectif: traverser pour la première fois le continent Antarctique. C'est cette histoire qui a inspiré à Loo Hui Phang, prix Goscinny en 2021, "Oliphant", roman graphique qui vient de paraître chez Futuropolis.
C'est d'abord un récit de survie. Le capitaine Emerson Oliphant et son équipe se retrouvent bloqués dans la glace. Et en cette année 1916, alors que la guerre fait rage en Europe, il faut rejoindre la base scientifique la plus proche, à plus de 700 km. Une épreuve physique et mentale inédite qui a peu de chances de réussir. Il faut d'abord atteindre la côte en traineaux puis rejoindre une île en canots dans une mer déchainée.
La dureté de l'environnement, le froid, le manque de nourriture, l'ennui mènent ces hommes au délire. Parmi eux, Arcadi, 20 ans, propre fils du capitaine, un jeune garçon au passé douloureux, qui fait de sa sensibilité exacerbée un atout pour l'expédition.
Un récit en 8 chapitres (plus un épilogue) lancés par des apports scientifiques et portés par le dessin brut de Benjamin Bachelier. En couleurs directes, il propose 250 pages de gouaches, d'encres et illustre avec une ses peintures très libres le froid, l'épreuve, la folie des hommes... Impressionnant !
Envoûtant, parfois déconcertant, ce roman graphique ne laissera personne insensible. Un album au souffle graphique indiscutable, un récit d'aventures qui bascule parfois dans la rêverie étrange, une association à tester !
Nous sommes en 1872. Trois étranges personnages se retrouvent en plein Texas, prêts à s’aventurer encore plus loin dans l’Ouest, jusque dans le territoire des Comanches et de leurs mustangs. Le chef, géologue bizarre qui semble haïr le genre féminin, s’adonne à ses mesures en tombant le pantalon. Pendant ce temps, ces comparses se tournent autour, Oscar le photographe n’étant pas insensible aux charmes de Milton, le garçon de ferme. Sans compter un mystérieux indien qui apparaît silencieusement, et un chasseur de prime qui semble courir après Oscar et son passé tumultueux. D’’autres secrets se révèleront au fur et à mesure de ce curieux album, dont les pages finales verseront dans un fantastique onirisme, faisant douter le lecteur de sa perception, comme si les trucages photographiques d’Oscar avaient fini par réussir à matérialiser les esprits.
En bref, j’ai beaucoup aimé, l’on ne sait jamais vraiment où les auteurs veulent nous emmener, entre les rêves et les discussions sur l’avenir de la civilisation placé dans la bouche d’un esprit dérangé, et pour un western c’est agréablement déstabilisant d’être emmené comme cela si loin des sentiers archi rebattus. Emois sexuels, relations troubles, mysticisme des Comanches et fougue des chevaux sauvages, un très bel album à recommander !
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !