"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Antarctique 1916. Arkadi a vingt ans. Il a embarqué à bord d'un brise-glace conduisant une expédition d'exploration de vingt-sept hommes. Son père, le capitaine Gordon Kentigern Oliphant, est un explorateur de renom aux exploits célébrés. Celui-ci a pour but de traverser l'Antarctique à pied. Mais la plaque de glace autour du bateau fend la coque, condamnant le bateau à un lent naufrage.Gordon fait vider le bateau de tout le matériel indispensable : canots, traîneaux, appareils de mesure, etc. Isolés à des milliers de kilomètres du continent «civilisé», les hommes comprennent que leur vie est désormais en danger. La première base scientifique se situe sur une île, à 700 km de la côte. Gordon organise un périple sur la glace : regagner la côte en traîneaux tractés par les chiens, puis rejoindre en canots l'île la plus éloignée ; enfin, de là, traverser les 700 km de haute mer pour atteindre la base scientifique. Le voyage met très vite les hommes à rude épreuve...Une histoire de survie, aux confins du monde : inspiré de l'expédition en Antarctique d'Ernest Shackleton en 1916, ce récit haletant aborde la dimension mentale d'un voyage où l'homme doit sa survie à son endurance psychologique. Comment survivre, dans un territoire hostile, sans contour ni couleur, où toutes les limites s'effacent ?Deux grands auteurs réunis : le nouveau livre de Loo Hui Phang après Black out (Prix Goscinny 2021) marque l'arrivée de Benjamin Bachelier chez Futuropolis. Avec ses somptueuses pages en couleurs directes, Benjamin donne au récit un souffle graphique exceptionnel.
Des lignes épaisses, des traits fins, des grosses couleurs, un blanc magnétique : le dessin de ce roman graphique est irrégulier, imprécis, inachevé, à la limite de l’abstrait. Aussi insaisissable que l’objet de la menace des premiers mots, “ça va exploser”, sur une page remplie de zébrures rouges et noires.
Traverser l’Antarctique, continent de glace. Tel est l’objectif chimérique du capitaine Oliphant. “L’ultime terre inconnue du globe. Tout le reste a été foulé, répertorié, nommé. Nous vivons le dernier exploit humain du monde.”
Lorsque le bateau se retrouve prisonnier de la glace, dure comme la pierre, l’équipage affronte les pires maux. Le froid, la faim, l’ennui, la folie. Pour ces malheureux marins, l’ennemi est non seulement extérieur, tant le territoire est hostile, mais aussi intérieur, tant la résistance mentale est mise à mal. “Le printemps recommence. Nous sommes au plus mal et la nature s’en fout magnifiquement.”
Chaque chapitre commence par des explications techniques. Ionisation, météorologie, magnétisme, circulation thermohaline… Ces passages purement scientifiques contrastent avec le dénuement de l’intrigue : des hommes perdus, en détresse, sans ressource, livrés à eux-mêmes.
Parmi eux, Arcadi, fils adoptif d’Oliphant, apporte ce qu’il faut de poésie à l’équipage pour survivre. Il ne ressent pas le froid, il entend les vibrations de la glace, il voit d’étranges apparitions dans la neige. Des souvenirs, des hallucinations, des présages ? Dans des nuances fantastiques où le rouge sang éclate aux côtés des couleurs du désespoir : le bleu de l’océan, la blancheur des glaciers et la peau blafarde des hommes.
Le 9 août 1914, Ernest Shackleton lançait l'expédition Endurance en partant avec 28 hommes sur le bateau du même nom avec un objectif: traverser pour la première fois le continent Antarctique. C'est cette histoire qui a inspiré à Loo Hui Phang, prix Goscinny en 2021, "Oliphant", roman graphique qui vient de paraître chez Futuropolis.
C'est d'abord un récit de survie. Le capitaine Emerson Oliphant et son équipe se retrouvent bloqués dans la glace. Et en cette année 1916, alors que la guerre fait rage en Europe, il faut rejoindre la base scientifique la plus proche, à plus de 700 km. Une épreuve physique et mentale inédite qui a peu de chances de réussir. Il faut d'abord atteindre la côte en traineaux puis rejoindre une île en canots dans une mer déchainée.
La dureté de l'environnement, le froid, le manque de nourriture, l'ennui mènent ces hommes au délire. Parmi eux, Arcadi, 20 ans, propre fils du capitaine, un jeune garçon au passé douloureux, qui fait de sa sensibilité exacerbée un atout pour l'expédition.
Un récit en 8 chapitres (plus un épilogue) lancés par des apports scientifiques et portés par le dessin brut de Benjamin Bachelier. En couleurs directes, il propose 250 pages de gouaches, d'encres et illustre avec une ses peintures très libres le froid, l'épreuve, la folie des hommes... Impressionnant !
Envoûtant, parfois déconcertant, ce roman graphique ne laissera personne insensible. Un album au souffle graphique indiscutable, un récit d'aventures qui bascule parfois dans la rêverie étrange, une association à tester !
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