"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Céline Lasek. Cécile De Oliveira. Frédérique Pons. Frédérique Beaulieu. Caroline Toby. Marie Dosé. Rachel Lindon. Jacqueline Laffont. Corinne Dreyfus-Schmidt.
Neuf. Elles sont neufs femmes avocates à raconter pour la première fois un procès. Le procès de leur vie, de leur carrière. Celui qui à jamais marque. Du gros dossier public tel que Bertrand Cantat, Guy Georges, Ilan Halimi, Charles Pasqua, ou bien des inconnus accusés de violences, de matricides. Peu importe son importance, il reflète le brio de chacune. Succès ou échec.
Ces femmes pénalistes nous introduisent dans le métier d’avocat où les ténors trônent comme des coqs, où la femme n’est pas assez « intelligente » pour y avoir de la valeur. Et bien, désolée de vous décevoir messieurs mais les femmes sont à la hauteur de ce métier complexe et humain. Les ténoras sont là et bousculent une politique dominée par l’homme. Les femmes sont l’égal de leurs confrères masculins et ces témoignages le prouvent encore.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2021/01/27/38783112.html
Il y a de la nostalgie dans cet ouvrage. Mais jolie, hein la nostalgie. Pas triste. Enfin, pas tout le temps.
Lisa Vignoli, dans son premier roman, nous raconte le Paris des années 80 à travers le portrait de Jean-Michel Gravier, journaliste, chroniqueur et acteur des nuits parisiennes et « ami » des stars.
C'est toute une époque qui nous est offerte, en anecdotes courtes et intéressantes.
On croise au hasard entre ces pages Isabelle Adjani, Jean-Jacques Beineix, Fréderic Mitterand, Vincent Lindon ou Barbara, entre autres.
L'auteur dépeint une époque qu'elle n'a pas vécu, tout lui a été rapporté par les acteurs, contemporains de Jean-Michel Gravier. Ce sont aussi les terribles années sida qui nous reviennent en pleine face. J'ai apprécié ce travail d'enquête, de restitution ; peut-être plus que le style de l'auteur lui-même.
Je n'attendais rien de ce livre, gentiment offert par Babelio et Stock, et j'ai fait deux belles rencontres.
Jean Michel (le sujet du livre). Et cette question, qu'est ce qui fait qu'on entre dans la postérité ou pas ?
Et Lisa (l'auteur). Qu'est ce qui fait qu'un jour on « choisisse » un parfait inconnu et qu'on raconte sa vie dans son premier livre ?
Ils m'ont plus tous les deux.
Un bon roman, vite lu mais qu'on garde en mémoire.
On aimerait une fois la dernière page tournée, qu'elle « nous parle encore de lui ».
Vite, écrire très vite cette chronique avant que les émotions éprouvées à la lecture du premier livre de Lisa Vignoli ne se sauvent ou tout du moins ne s’atténuent. Les lecteurs qualifiés de « grands » le savent, lorsque les lectures s’enchaînent si les ressentis ne sont pas immédiatement couchés sur le papier, ils s’émoussent, et ne subsiste que l’empreinte atténuée et diffuse de ce qui a été perçu.
Faire en sorte en écrivant cette chronique de ne pas laisser à nouveau l’image de Jean-Michel Gravier – la figure principale de ce livre qui hante le quotidien de Lisa Vignoli alors qu’elle ne l’a jamais rencontré – se diluer. Car qui se souvient de Jean-Michel Gravier ? Qui a déjà entendu parler de ce touche-à-tout inclassable, de cet homme qui dans les années quatre-vingt écumait les nuits parisiennes et en rendait compte de sa plume aussi féroce que talentueuse dans sa rubrique « Elle court, elle court la nuit » ? Qui se souvient de cet homme qui fut le confident des célébrités excepté le petit microcosme parisien de l’époque ? Qui connaît cet homme plus doué pour promouvoir les autres que lui-même ? Pas grand-monde.
Parlez-moi encore de lui est le livre qui extirpe de l’oubli un personnage qui n’a rien d’ordinaire, un homme qui ressemblait furieusement à son époque, une époque que Lisa Vignoli n’a pas connue puisqu’elle est née à la toute fin des années quatre-vingt, mais dont elle parvient à retranscrire l’atmosphère, le grain de folie, l’insouciance avec brio.
La jeune journaliste dresse le portrait empli d’une nostalgie qui plane au-dessus de chacune des pages de ce livre, d’un homme qui émeut dans sa volonté d’aimer les gens et d’en être aimé en retour. Un homme qu’elle parvient à nous faire apprécier en formidable passeuse d’histoire, de destin brisé qu’elle est.
Tout au long de cette passionnante lecture, je me suis demandé quels pouvaient être les points communs entre Lisa Vignoli et Jean-Michel Gravier, comment cet homme mort depuis plus de trente ans pouvait avoir tisser de l’au-delà un lien aussi fort avec celle qui allait lui consacrer un livre. Et puis j’ai compris, ces deux personnes bien que ne s’étant jamais croisées possèdent toutes deux la même qualité : l’empathie. Une empathie qui transparait dans les mots de Lisa Vignoli lorsqu’elle évoque la vie de Jean-Michel Gravier, et qui transpire également de ceux de Jean-Michel Gravier même lorsqu’il étrille les célébrités sur lesquelles il écrivait. Elle est en effet là la force du livre de Lisa Vignoli, celle de vous donner envie d’aller plus loin, plus loin que la magnifique dernière entrevue entre Jean-Michel Gravier et Bruce Toussaint qu’elle met en mots. Plus loin que ce qu’elle nous permet de voir. Elle vous donne envie de lire les chroniques de ce dandy pas comme les autres, de l’entendre, de le voir, pour approcher encore de plus près cet homme dont vous n’aviez jamais entendu parler et qui fut témoin et acteur de son époque.
Lisa Vignoli a choisi pour son roman l’histoire vraie d’une icône des eighties oubliée, le titre de Parlez-moi encore de lui. Elle aurait tout aussi bien pu emprunter le titre de la chanson d’Enzo Enzo que Jean-Michel Gravier a forcément entendu avant de quitter ce monde Juste quelqu’un de bien. C’est en effet, ce que le lecteur perçoit de cet homme de la nuit qu’il ressent comme solaire et terriblement attachant après avoir lu cet émouvant et sensible portrait.
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