"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans le monde où vit "petite boite d'os" les oiseaux ont disparu, les cochons nagent et sont fluorescents, le niveau des eaux a monté et on fait glisser les morts dans le lac.
C'est un monde quasi fantastique dans lequel vit notre héroïne, qui nous raconte son histoire depuis sa naissance entre ses parents et son frère. Ses amitiés, son mariage, sa vie de famille, les deuils, les difficultés de la vie sont raconté de manière assez neutre dans un langage poétique. Un roman court, prenant, à la fois doux et percutant, qui raisonne étrangement avec l'actualité tout en étant dans un aute lieu et une autre temps non connu.
Toute une ambiance à déguster.
Une légère fantaisie, une touche de fantastique, un brin d'histoire onirique et beaucoup de folie.
L’autrice a effectué la résidence « des écrivains en impesanteur » en 2014, expérimentant ainsi les sensations corporelles de la gravité zéro à bord de l’Airbus zero-g et en a tiré la matière d’un roman paru aux éditions Alma, en janvier 2023.
Pour ce livre, Karin Serres a imaginé le personnage d’Aline, une petite fille qui semble sans histoire. Fille unique, elle vit avec ses parents dans un quartier pavillonnaire calme et tranquille. L’été de ses sept ans, à l’heure de !a sieste, elle fait une expérience extraordinaire, dont elle ne parle à personne, pas même à ses parents. Toujours aussi intense, l’expérience se reproduit trois fois encore, pendant son adolescence puis à l’âge adulte. Au sein d’une société dont le repli sécuritaire va en s’accentuant et où la normalité est perçue comme la première qualité d’un individu, Aline comprend très vite que son secret ne doit pas être découvert. Elle mène alors une vie de plus en plus solitaire et discrète, mais nourrie de tous les liens sensibles qu’elle tisse avec le vivant qui l’entoure. Jusqu’au jour où elle rencontre Cloda. Des affinités qui se nouent peu à peu entre les deux femmes naîtra une amitié insolite, l’histoire de l’une nourrissant l’histoire de l’autre.
Cette histoire poétique et étrange se déroule dans une société effrayante. Une porte extraordinaire ouverte sur un univers cauchemardesque. Une nouvelle pleine d'audace.
Ce récit, très troublant, est véritablement inclassable. Il s'agit d'un conte onirique, mêlant analyse sociale d'un monde en voie de disparition à des détails totalement surréalistes, tels ces cochons amphibie rose fluorescents, cette lune et ces lapins verts.
Ce récit, c'est une histoire d'amours : entre des parents et leurs enfants, entre des hommes et des femmes, entre des maris et leurs femmes. C'est un récit fantastique. C'est une histoire de fin du monde, où le petit village disparaît progressivement face à l'inexorable montée des eaux. C'est la fin d'un monde également, celui des solidarités villageoises face à l'anonymat des grandes villes, celui des vies simples et modestes face à un monde de consommation grandissante. Avec ce monde qui disparaît, ce sont également des hommes et des femmes qui meurent, les uns après les autres. Les plus jeunes le quittent aussi, par bateau, pour rejoindre la grande ville et ses buildings. Ces ruptures et ces disparitions sont décrites avec beaucoup de douceur et d'intensité à la fois.
Tout au long de ce court roman nous suivons la vie de « Petite Boîte d’Os », de sa naissance à la veille de sa mort. Une vie somme toute assez classique, avec mari et enfant, dans un petit village isolé au bord d'un lac immense qui attire à l'occasion les touristes de la grande ville. Seul le cadre est inhabituel : un monde sans oiseaux, des cochons fluorescents et amphibies qui se régénèrent, un lac plein de cercueils dont le niveau monte sans cesse... Dommage que cet aspect soit si peu exploité ; l'histoire pourrait en effet se passer dans n'importe quel petit village qui périclite....
Pour vous faire une idée du style de l'auteur, plutôt agréable à lire, voici un petit extrait du roman :
Énervée par la lenteur de nos gestes, par cette étrange forêt de cercueils qui dansent à quelques dizaines de mètres de la surface et par le silence assourdissant qui me bat les tempes, je donne un coup de palme dans la vase qui tourbillonne et je descends vers l’ombre des profondeurs.
Passe le halo rose d’un banc de cochons immergés, pédalant mollement, comme une grappe de lampions. Ils ont une extraordinaire capacité pulmonaire sous-marine, maintenant. Leur lumière s’éloigne au milieu des particules en suspension puis s’éteint, et nous reprenons notre descente silencieuse.
Si le style est agréable, l'histoire ne m'a pas émue pour autant ; on est bien loin de l' « histoire d'amour fou aussi poignante qu'envoûtante » promise par l'éditeur : je n'ai pas versé une larme alors que je suis très bon public !! Pour tout dire, le seul moment où j'ai ressenti un petit peu de tristesse a été lors de la mort du cochon domestique... Peut-être suis-je passée à coté de l'histoire d'amour ?
http://andree-la-papivore.blogspot.fr/2013/09/monde-sans-oiseaux-de-karin-serres.html
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