Inspiré par la photographie de Robert Capa "La tondue de Chartres", le récit d'une femme prête à tout pour sortir de sa condition
Inspiré par la photographie de Robert Capa "La tondue de Chartres", le récit d'une femme prête à tout pour sortir de sa condition
Julia Héraclès s’inspire ici de faits réels afin de créer une histoire qui, tout en respectant les lieux et les dates est pure fiction.
L’auteure retrace l’enchainement d’évènements qui amèneront la déchéance publique d’une femme immortalisée par la photo de Robert Capa : « La tondue de Chartres ».
Cette femme, Simone Touseau, ici Simone Givise est accusée d’avoir collaboré avec l’ennemi. Marquée au fer rouge, elle est tondue et conspuée par une foule haineuse qui l’entoure. Son seul crime est d’être tombée amoureuse d’un lieutenant allemand et d’en avoir eu un enfant.
Simone a très mal vécu l’après Grande Guerre avec la faillite de la France et celle de l’entreprise familiale. Depuis, le père fait vivoter la famille avec ses salaires misérables issus de petits boulots. Elle est germanophile , étudie l’allemand et admire le parti National socialiste d’Hitler qui veut une grande Allemagne, elle en espère autant pour la France. Aussi, quand les troupes allemandes débarquent à Chartres, elle voit avec eux la grandeur de la France à venir. Elle se propose comme traductrice et rencontre le lieutenant Erich Goz, ici pour le roman Otto Weis, jeune homme bienveillant, torturé par les exactions des nazis. De leur idylle naîtra une petite fille. Durant cette période, elle assure à ses parents le confort matériel grâce aux denrées achetées au marché noir avec son salaire.
A la libération, la vengeance et la haine se déchainent et ne l’épargnent, ni elle ni sa famille.
Julia Héraclès nous livre ici une interprétation toute personnelle de l’histoire de « La tondue de Chartres », qui par la photo de Robert Capa fut connue du monde entier.
Gros coup de coeur pour cette ouvrage. Une intrigue pendant et après la seconde guerre mondiale, un roman librement inspiré de l'histoire de Simone Touseau et la de la photographie "La tondue de Chartres". Un récit documenté poignant et percutant. Violence et délation qui entraine une réflexion autour de l'opportunisme.
Une histoire réaliste avec des dialogues réalistes une lecture que je vous conseilles, on découvres l'autre côté du miroir de la libération et les procès populaire de la rue qui identifie des personnes comme colabo alors que parfois il s'agit de vengeance et de jalousie.
"Aujourd'hui, vous m'avez rasé le crâne, vous m'avez marquée au fer rouge et maintenant vous m'insultez comme une chienne. Mais vous ne me détruirez pas. Vous n'aurez pas cette étincelle qui me pousse à continuer, envers et contre tout. Car, aujourd'hui, encore plus qu'hier, je suis forte d'un trésor inestimable. Un trésor que beaucoup d'entre vous passerez toute une vie à chercher et n'obtiendrez jamais. J'ai aimé. Et j'ai été aimée. Alors, allez-y, dégainez vos plus belles injures, crachez vos mollards. Peu importe ce qui m'arrivera au bout de cette journée. Je vous plains, vous qui me haïssez sans savoir. Car vous ne connaissez rien de moi."
Un roman qui traite d'une période méconnue, celle de l'occupation sous le Régime de Vichy. Mais l'histoire de Simone commence bien avant, c'est celle d'une jeune fille qui se construit dans une ville de province où les strates sociales ont un rôle important. Vivant dans une famille qui a perdu de son prestige suite à la Première Guerre mondiale, sa famille va se battre pour exister après une déroute économique.
La mère de Simone veut que sa fille réussisse et met tous les moyens pour lui offrir une bonne éducation, Simone intègre les établissements les plus prestigieux de Chartres où elle découvre une violence liée à la position dans la sphère sociale. Elle s'en sort grâce à sa soif d'apprendre et à sa volonté de réussir pour ne pas finir comme sa mère ou sa grande sœur. De ce terreau, va naitre en elle un sentiment qui expliquera pourquoi elle a travaillé avec les Allemands.
L'autrice montre en Simone une jeune fille puis une femme quia tenté de s'en sortir dans un milieu où elle n'avait pas les codes. Elle tente de s'émanciper de son extraction sociale et ensuite œuvre pour que sa famille ne soit plus dans le besoin. Son seul défaut, celui d'avoir cru en la capacité de s'en sortir seule et de penser que la méritocratie pouvait l'aider. A la fin, elle en paye le prix tout en essayant de garder une dignité.
Cette lecture est forte et réussit à nous immerger dans ce contexte et dans la vie de Simone. L'autrice ne juge pas, elle tente d'expliquer le passé d'une femme sans à priori. Simone est à la fois très crédule dans son comportement et en même temps, on sent une détermination sans faille.
Un premier roman remarquable.
Un livre à découvrir.
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