"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Mais que font les avocats pénalistes pendant que le jury populaire délibère ?
Dans les années 1930, Christine et Léa Papin, bonnes de leur état, ont défrayé la chronique après avoir sauvagement tué leur patronne et la fille de cette dernière. Ces crimes pouvaient valoir la peine capitale aux coupables.
Le procès s’achève le 29 septembre 1933 et après les plaidoiries des avocats de la défense, le jury se retire, la salle d’audience se vide et chacun attend le verdict.
C’est ce temps suspendu, ce moment d’attente que nous fait partager Julia Minkowski à travers le portrait de Me Germaine Brière, première avocate inscrite au barreau de la Sarthe qui défendait une des protagonistes de « l’affaire des sœurs Papin ».
C’est le moment où l’avocate doute. Sa plaidoirie était-elle convaincante ? Le problème est que seul le verdict peut déterminer si le travail a bien été fait, et en l’occurrence, il se traduit par la vie ou la mort de sa cliente.
C’est l’occasion pour Germaine de faire le point sur les faits importants qui ont jalonnés son existence, sa volonté farouche de bousculer cette justice des hommes faite par des hommes où les femmes ne sont présentes que sur le banc des accusés.
Mais attention, ce roman n’est pas un « polar judiciaire ». Non.
C’est plus que cela puisqu’il parle des difficultés d’une femme pour accéder à un milieu exclusivement masculin, sectaire et refermé sur lui-même, à tel point que pour qu’elle obtienne son inscription au barreau, on va même jusqu’à lui demander un certificat de virginité ! Mais nul doute qu’en 90 ans, cet état d’esprit a considérablement évolué (enfin, il faut l’espérer).
C’est le portrait d’une femme émancipée de l’entre deux guerres, qui veut vivre sa vie et non celle qu’une partie de son entourage voudrait lui voir mener.
Mais c’est aussi un réquisitoire contre la peine de mort, avec la description des derniers instants d’Henri-Louis Nicolas, guillotiné en 1932, qui résonne avec les propos de Robert Badinter.
Servi par une écriture fluide, sans fioriture, Julia Minkowski, avec juste ce qu’il faut de précisions techniques, nous fait comprendre les rouages de la justice pénaliste et certains pourront réviser les jugements et les a priori qu’ils peuvent avoir sur le métier d’avocat.
Un roman à lire sans attendre.
Lu dans le cadre du Prix des Lecteurs 2024 organisé par le Livre de Poche.
https://commelaplume.blogspot.com/
Je pensais lire une nouvelle approche du procès des sœurs Papin, accusées d’avoir bestialement assassiné leurs employeurs au début des années 1930 ; c’est raté puisque « Par delà l’attente » s’attache à Germaine Brière, une de leurs avocates, jeune femme moderne, brillante, ambitieuse, féministe, victime de son époque hypocrite et misogyne (l’épisode du certificat de virginité !), morte de tuberculose quelques années après le procès.
D’une plume agréable et fluide, documentée sans être ni pédante ni assommante, Julia Minkowski rend hommage au courage et à la pugnacité de Germaine qui exerce son métier dans une époque où les avocates n’étaient pas légion et se bat en guerrière pour ses clientes qui ne l’aident pas beaucoup.
Pour autant, j’ai regretté que le procès soit finalement peu abordé et que les sœurs Papin, meurtrières médiatisées s’il en est, restent le mystère qu’elles sont depuis près d’un siècle pour les cinéastes, écrivains, poètes, psychanalystes qui se sont intéressés à leur cas.
Ce livre voyage dans le cadre des 68 premières fois, merci à l’équipe pour cette belle aventure .
Par delà l'attente d'un verdict. Celui du meurtre inexplicable et violent, incompréhensible et jamais éclairci par les coupables elles-mêmes de la mère et la fille Lancelin. Le meurtre sordide par les sœurs Papin, toutes deux femmes de chambre, de leurs patronnes.
Germaine est l'avocate de Christine, l'aînée des sœurs Papin.
Léa est représentée par Pierre l'ami en qui Germaine a toute confiance.
Mais qui est Germaine ? Car là est essentiellement l'intéret de ce premier roman accrocheur, intelligent et passionnant.
Qui s'est intéressé à Germaine avant que Julia minkowski en fasse le personnage principal de son roman ?
Jeune femme libre, féministe avant l'heure brillante élève de la faculté de droit de Paris. Elle a dû batailler pour exercer le métier d'avocat. Un métier autorisé pour les femmes depuis 1900 mais que ces messieurs n'étaient absolument pas disposés à leur laisser exercer.
À travers les affres subies par Germaine pour arriver à vivre sa passion et à exercer ce métier, mais aussi tout au long des heures du délibéré qui suit le procès de cette sordide affaire, nous suivons les hésitations, les questionnements et les doutes, les craintes et les espoirs de maître Germaine Brière, avocate à cour de la ville du Mans.
Un formidable premier roman, belle écriture directe, sobre, précise. Un sujet habilement traité, à travers ce fait divers connu et largement développé par ailleurs,. L'autrice elle-même avocate a pris le parti de nous parler de la personnalité singulière de l'avocate. C'est à la fois brillant et instructif, sur une époque, sur la difficulté des femmes à exercer ces métiers que les hommes leurs ont longtemps refusé alors qu'elles le font parfois avec bien plus de capacité et de talent qu'eux.
https://domiclire.wordpress.com/2023/08/15/par-dela-lattente-julia-minkowski/
L'avocate de l’affaire Papin
Dans son premier roman, l'avocate Julia Minkowski a choisi de revenir sur le procès des sœurs Papin au Mans en 1933. Un fait divers emblématique qu'elle aborde à travers le regard de Germaine Brière qui défendait Christine Papin.
Certains faits divers sont passés à la postérité comme ceux de Landru, de Violette Nozière, du Docteur Petiot ou encore l'affaire Dominici. Il en va de même pour les sœurs Papin, deux employées de maison accusées d’un double meurtre sur leurs patronnes, Mme Lancelin et sa fille, au Mans en février 1933. L'affaire a du reste déjà été traitée par les écrivains, les cinéastes et les dramaturges sous différents angles, de Jean Genet avec Les Bonnes à Claude Chabrol avec La Cérémonie. L'originalité du roman de Julia Minkowski tient dans l'angle choisi, celui de l'avocate de l’une des prévenues, Christine Papin.
C'est au moment où les jurés se retirent pour délibérer, après sa plaidoirie, que s'ouvre le roman. Germaine Brière regarde ses deux clientes retourner en cellule en se disant qu'elle a raté son coup. La ligne qu'elle avait choisie était pourtant convaincante, Christine était aliénée et devait par conséquent bénéficier de
l’article 64 qui stipule qu'il «n’y a ni crime ni délit lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l’action». Quant à Léa, elle devait être mise hors de cause étant arrivée sur les lieux après le double meurtre. «Une folle et une innocente. Un double acquittement.»
Sauf que ce procès, qui retient l'attention des médias, dépasse déjà ce seul cadre juridique. Les magistrats n'ont pas pu oublier la dimension politique et sociale dont la presse s'est emparée. Les bourgeois contre les domestiques, mais aussi les magistrats-patriarches contre les femmes.
Alors que se joue le sort de Christine et Léa, Germaine se remémore ses années durant lesquelles elle a suivi ses études et ses difficultés à se faire accepter dans ce milieu masculin. Il lui aura fallu un certificat de virginité et un procès pour parvenir à être inscrite au barreau.
«À compter de ce jour, on avait vu Me Germaine Brière sillonner fièrement la Sarthe au volant de sa Citroën. De tribunal en tribunal, elle plaidait les petites affaires civiles et commerciales, correctionnelles et criminelles, de cette clientèle insolite. Familière des bureaux des greffes et des parloirs de la prison, elle était devenue incontournable. Dans leurs dépêches, les échotiers locaux soulignaient toujours le talent dont elle faisait montre dans ses plaidoiries.»
Un talent qui n'aura toutefois pas suffi à éviter une première condamnation à mort, ni à arracher la grâce du Président de la République. Une expérience forte qui convaincra Germaine de l'inanité de la peine de mort. La chronique d'autres affaires qu'elle traitera par la suite, ses déboires sentimentaux et ses problèmes de santé éclairent l'état d'esprit de l'avocate au moment du verdict.
Julia Minkowski, en habituée des prétoires, a bien compris que «la machine bourgeoise était en marche pour venger un de ses membres» dans ce procès et que «les notables étaient mobilisés, solidaires dans l’adversité.»
La romancière plaide pour la féminisation des tribunaux. On serait tenté d'ajouter que le bon sens l'exige, mais que le combat est loin d'être gagné.
https://urlz.fr/lSx3
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