"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Anarchie et chaos règnent en maitre dans ce monde du futur que nous propose l’auteure dans son premier roman.
On suit le voyage semé d’embûches d’une famille. Leur fils adolescent, Élie, prend parfois la parole pour raconter leur vie. Il veille sur sa presque sœur, Calme, orpheline recueillie par ses parents.
Leur installation dans un village reculé d’une vallée pyrénéenne va soulever de nombreuses questions. Comment s’intégrer à un village rural qui vit en autarcie bien loin de la civilisation et de ses soubresauts ? Il faut accepter un travail collectif, et faire du troc pour vivre car l’argent n’a plus aucune valeur. Les voilà obligés de se plier à une organisation exigeante, et à se reconstruire une existence en bordure de la forêt où la nature peut être tout autant généreuse qu’impitoyable.
« Les bijoux, personne n’en voudra, même s’ils ont de la valeur. Les téléphones, c’est pareil, les antennes relais ont été désossés dans le coin, c’est impossible de capter quoi que ce soit. Par contre, la montre, ça peut intéresser du monde… »
Alors qu’Elie se lie avec quelques garçons et prend part aux tours de garde de la milice qui protège le village, Calme préfère fuir la collectivité et disparaitre dans la forêt qui l’appelle. Elle va se fondre dans la végétation et vivre en osmose avec la forêt. C’est l’élément fantastique qui fait basculer le récit dans le surnaturel. La réalité se mêle aux légendes du cru. La nature prend de plus en plus d’ampleur dans l’histoire jusqu’à interagir avec les évènements qui vont toucher de plein fouet le village.
J’ai été plutôt désorientée par le changement opéré en cours d’histoire. On débute par une dystopie où la lutte pour la survie devient primordiale dans un monde où les comportements humains montrent le meilleur comme le pire. Puis, dès l’arrivée dans ce village reculé qui vit une utopie rurale, on découvre les pouvoirs surnaturels de Calme et les prouesses magiques dignes des meilleurs contes qui surgissent çà et là.
Après un début très réaliste, j’ai trouvé la ficelle un peu grosse de nous faire basculer dans un fantastique sans originalité.
Tandis que les adultes semblent dépassés par les évènements, ce sont les jeunes qui surmontent les épreuves, comme dans un roman d’initiation.
Le style est simple et dialogué, et je pense que l’ensemble s’adresse plutôt à un public ado ou jeune adulte.
Pour ma part, je me suis perdue dans cette histoire dont le dénouement exagéré emprunté à l’univers du conte m’a paru très artificiel et peu convaincant.
Je n’ai pas retrouvé la force évocatrice des romans dystopiques comme « Dans la forêt » de Jean Hegland ou « Qui après nous vivrez » d’Hervé Le Corre
N’est-ce pas un message, que nous adresse la profusion de livres dystopiques dans notre société consumériste ?Nous sommes à l’intersection de personnes réactionnaires et de l’expansion des progressistes, et le choix de l’avenir sera peut-être le fait de lanceurs d’alertes considérant une prospective négative de notre civilisation.
L’auteur de cette fiction, « Julia Colin » raconte avec sa foi et son cœur, une histoire qui mêle le devenir forcément noir et, la force de la Nature qui sait s’adapter avec difficulté, aux multiples agressions de l’homme. Un conte matérialiste qui malgré tout comporte une partie fantastique, que d’aucuns ne peuvent appréhender.
Or donc, dans un monde où sévit la violence, le pillage des villes, la mainmise de groupuscules terroristes, annoncent la prise inéluctable du contrôle des villes par des bandes de criminels ; dont l’objectif sera d’imposer son autorité par la force, et ainsi, d’y répandre leurs convictions politiques, racistes où religieuses...
Deux familles amies, quittent la vie citadine, de Paris pour Lyon puis Marseille, avec l’espoir de trouver un havre de paix, loin de ces lieux de perdition. Ainsi beaucoup de familles suivent le même chemin vers le sud ; avec le désir de ne plus connaître une vie quotidienne moche, brutal et injuste. Le roman met l’accent sur les jeunes adolescents : Élie et Calme – qui ont subi la perte de leurs parents à Lyon –.
Après avoir réussi à s’intégrer – avec difficultés – dans le petit village de Massat dans l’Ariège, encaissé au fond d’une vallée ; cette famille a tenu à s’intégrer rapidement dans la communauté. Où il y règne une certaine harmonie entre villageois, qui tous écoutent Saule, la fille du maire, qui gère la protection des biens et des personnes via sa milice. Une intégration difficile pour Calme qui va s’insurger et décider de rester sous la protection de la forêt. Une vision idéale pour Élie qui désire par-dessus tout, le bonheur de sa famille. Certes, et le danger existe, dans ce monde où est prégnante la loi du plus fort. Et il est fort probable qu’une éventuelle incursion dans leur vallée, de maraudeurs et surtout de pillards que rien ne rebutent tel que : le viol, le vol et le meurtre bien sûr.
Le roman « Avant la forêt » nécessite une certaine sensibilité, pour dépasser le côté matérialiste et se laisser subjuguer par la verve de l’auteure.
La nature n’a pas finie de nous révéler tous ses secrets, n’est-il pas ?
Très beau premier roman de Julia Colin, bien mis en valeur par la magnifique jaquette des Editions aux forges de Vulcain.
Une dystopie qui pourrait, prochainement, devenir une réalité tant le chaos décrit ressemble à note monde malade actuel, défiance envers les gouvernants, épidémie, guerres, pénuries diverses, modification du climat implacable.
Face à ce délitement de la société, les citadins quittent leurs villes devenues asphyxiantes. Tels ces deux couples, qui quittent Paris, avec leur unique enfant Elie et Calme amis depuis la petite enfance, quasi-frère et quasi-sœur, amitié ou amour ?
Ils fuient vers le sud, ne dit-on pas dans la chanson que la misère est moins pénible au soleil ? Leur itinéraire passe par Lyon, où lors d’une explosion un mouvement de foule écarte les parents de Calme du reste du groupe. Calme est effondrée et restera dans l’attente perpétuelle de les retrouver.
Nos quatre fugitifs se retrouvent à Marseille, chez un frère de la mère d’Elie. Calme fréquente la mafia sur les barricades, à la recherche de ses parents, non sans danger et se trouve bientôt menacée.
Le départ devient inévitable. Calme a gardé de ses parents un titre de propriété d’un terrain localisé dans un village d’une vallée perdue pyrénéenne. Ce document leur servira de laissez-passer pour entrer dans Massat. Car la cité est gardée, depuis une vingtaine d’années par une milice. La population s’est rassemblée en une communauté solidaire basée sur le troc et l’entraide. Andrew et Lise les parents, Elie le fils et Calme sa presque-sœur vont devoir s’employer à reconstruire le bâtiment en ruines sur la parcelle et s’autoalimenter. Chaque famille doit apporter son écot à la collectivité, soit en denrées ou en heures de travail, Elie se trouve, par la force des choses, engagé dans la milice dirigée par Saule, la fille du maire, cheffe froide, déterminée, dont la joliesse et le charisme sont indéniables. De son côté, Calme refuse cet embrigadement et se tourne vers la forêt où elle trouve les ressources pour subvenir aux besoins nutritifs de sa famille adoptive.
Mais déjà au loin la menace gronde, des bandes de pillards saccagent les alentours. Quelle attitude observer pour assurer la survie de la population ?
J’ai adoré la plume de Julia Colin, fluide et poétique. Ce récit fable écologique aux reflets de conte dégage, à l’instar de la nature, une force inaltérable, inébranlable. Les principaux personnages sont bien dessinés et très touchants : Elie, timide au départ, grandit à pas de géant et prend de l’assurance, Calme, olympienne, est happée par la forêt, Saule, meneuse inflexible, laisse apparaître des failles.
Ce roman recense les différents comportements humains en situation de survie. Comment réagirions-nous, à leur place ? Ne faut-il pas se rapprocher au plus près de la nature et par mimétisme copier son éternelle résilience.
Joli coup de cœur que je recommande.
Merci aux Editions Les Forges de Vulcain de m’avoir permis cette lecture.
Un premier roman de Julia Colin qui dépasse largement ses grands-frères.
Magistral, métaphorique, l’anticipation qui frôle notre contemporanéité, cette fable sonne comme un avertissement.
Finement politique, visionnaire et profondément humain, « Avant la forêt » est grave et beau, intense et sensible.
Ses signaux bousculent notre tranquillité sociétale et intime. La France vacille. Dans une orée avant-gardiste c’est un roman d’urgence et de prévention.
Les hôtes des pages si proches de nous encore, manichéens, sont en train de vivre ce qui va immanquablement nous arriver un jour certain.
La trame entre la fiction dévorante de psychologie, fantastique (souvent), est une transposition d’un advenir (certain), dans une forme, entre la fable et une réalité superbement filmique.
C’est un récit précieux, pétri de sentiments et d’émotions.
L’écriture est une myriade de virtuosité, d’images, inventive et fébrile. Elle fait preuve de maturité, d’authenticité. Une langue qui sait. Liante, tout dire avec un mot, mais le bon. Ce récit est un drame. L’incipit donne le ton. « Je crois que là où les adultes ont merdé, c’est qu’ils ont fait confiance jusqu’au bout aux gouvernements. Nous on était l’Europe, rien ne pouvait nous faire tomber. Pas même la pénurie des fruits, des légumes, ou de la viande qui venaient normalement du Brésil, du pétrole des Émirats, ou des technologies de Chine ».
La France se fissure. Elle se heurte aux drames géopolitiques. La faim aux abois, et l’imprévisibilité pour fenêtre. Le manque cogne à la porte. Que faire face à l’incertitude d’un lendemain meilleur ? Fuir. C’est ce que vont faire les parents du jeune Elie et ceux de Calme, soudés. Le périple est risqué. Entre les affres d’une guerre civile, les voleurs et les hordes de gens apeurés et démunis, la marche vulnérable est contrainte et dangereuse.
Rejoindre le sud et le village de Massat. Mais les turbulences sont prégnantes. Nous sommes dans une orée apocalyptique. Les parents de Calme, disparaissent, avalés par le marasme d’une rébellion. Ils vont continuer le cheminement vers le plausible meilleur en espérant qu’ils arrivent à Massat dans la maison de famille des parents de Calme. Sauf qu’ils ont été effacés de la carte, des projets. Calme se retrouve orpheline avec son ami, quasi frère de cœur, Élie.
Les narrations sont comme des progressions. La polyphonie, parfois à hauteur des protagonistes est apaisante. Bien au-delà des barrages routiers, des contrôles d’identité, d’aucuns veulent défendre leur territoire. Ils touchent enfin au but et sont acceptés par les villageois de Massat. Calme devient la sœur floutée, et les propriétaires de la maison les parents d’Élie. Le mensonge signe la survie. Le récit insiste sur l’identité. Comme un doigt pointé, là où ça fait mal. Ils sont un emblème, celui de nos civilisations engluées de barbelés et de nos erreurs et faillites. L’idiosyncrasie dans la communauté de Massat est de règles, de surveillances, et de diktats. Une forme d’utopie qui se réveille encore maladroite. Il y a la milice qui contrôle tout. Pour le bien commun. Les ordres et les consignes pour que tous ne soient non pas heureux et libres, mais ni assoiffés ni affamés.
Élie est enrôlé . Mais cette fonction lui convient bien. Il est rassuré et se métamorphose. L’antre est amélioré grâce à des échanges d’heures de travail, de force et de soumissions.
Calme à contrario, est olympienne, lunaire, ne veut pas de cette milice. Elle désire l’indépendance. Réfute l’idée de frontière mentale. Ils sont s’éloigner l’un de l’autre. Elle va se réfugier dans la forêt. Les paraboles sont vives. Elle cohabite avec la canopée, dont elle pressent les bienfaits. Elle parle aux animaux. Elle est accueillie par chaque arbre, chacune des plantes. Les fruits et les secrets abondent pour elle seule. Elle est dans l’autarcie. Dans les entrelacs de la survivance.
Calme somme le village à la liberté de conscience. Calme est à l’instar de Diogène, mi femme-mi arbre. Elle se veut libre. Calme a des pouvoirs ésotériques. Comment les contraires peuvent-ils s’assembler ? Sylve devenue. Que va-t-il se passer dans ce conte métaphysique, tremblant de sentiments humains. Il y a la philosophie qui encense le fil rouge. Celle de la vie. Les méditations en gestation. Entre les vacillements intérieurs et le spectre de la finitude. Lucide et bruissant d’hommes et de femmes en quête d’un idéal à bâtir, la forêt mappemonde. Comme la vraie conscience du monde. « Avant la forêt » est l’incarnation de nos intériorités face à l’adversité. Cinématographique, ce serait une merveille , sur un grand écran !
Un viatique, un chef-d’œuvre, « car son chant à elle est plus fort que sa voix ».
L’épopée du libre-arbitre. L’imaginaire comme souffle. Publié par les majeures Éditions Aux Forges de Vulcain.
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