"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans le cadre du bookclub du @prixbookstagram sur le thème des campus novels, j’ai choisi les Netanyahou dont j’avais lu de bons retours.
Alors certes il passe après un livre qui m’a bouleversée tant par le thème que par son écriture d’une beauté et d’une poésie inouïes (A l’ouest rien de nouveau de Remarque pour les curieux), mais avec une semaine de recul, je n’arrive décidément pas à identifier ce qui m’aurait permis d’accrocher ou seulement de me faire sourire (moi qui suis d’habitude plutôt sensible à l’humour juif, là je suis restée au bord, dans l’expectative !).
L’histoire : Nous sommes à la fin des années 1950. Ruben Blum est historien dans une université américaine à Corbin, petite ville américaine du nord est. C’est le premier et le seul juif de cette université. C’est donc à lui qu’échoue la tâche d’évaluer la candidature de l'israélien Ben-Zion Netanyahou et de l’accueillir lors de son audition devant les membres de l’université.
Netanyahou. Ce nom ne vous est probablement pas inconnu car oui il s’agit bien du père de Benyamin, l’actuel premier ministre israélien. Son père, érudit de la littérature hébraïque et de l'histoire juive médiévale, soutenait alors des thèses sionistes pour le moins étonnantes (à vrai dire révisionnistes).
Il nous faut donc attendre plus de deux cents pages avant de voir arriver Ben-Zion Netanyahou. Durant cette (très) longue introduction, nous aurons eu droit aux réflexions et autres circonvolutions intellectuelles de Ruben Blum sur l’histoire des juifs aux Etats-Unis, ses ascendants directs et indirects ou encore sur le fonctionnement des universités américaines qui se doivent de dépenser la globalité de leur budget sous peine de le voir réduit l’année suivante. D’où l’interrogation sur le recrutement de ce Monsieur Netanyahou ! Vous suivez ?
Bref, quand Ben-Zion débarque enfin, il n’arrive pas seul ! Si la personnalité de ce dernier avait déjà pu nous apparaitre indomptable, ce n’est rien comparé à sa femme et ses trois garçons. Ils sont sans gêne, envahissants, bruyants, arrogants, bref détestables !
Ruben Blum semble dépassé, passif, observant sa femme se débattre sans tenter de l’aider (mais j’oublie que nous sommes dans les années 50 !).
Ce roman dont l’anecdote de cette visite sert de point de départ, aborde les thèmes de la famille, de l’argent, de la judéité ou encore de la réussite dans ce milieu universitaire. Certains ont trouvé ce roman, prix Pulitzer 2022, hilarant et passionnant. Je l’ai trouvé long, verbeux et ennuyeux. Et vous ?
Dans les années 1960, Ruben Blum historien est le premier et seul juif à enseigner à l’université de Corbin. A ce titre il est chargé d’examiner la candidature et d’accueillir le professeur Ben-zion Netanyahou.
Le roman est basé sur un fait historique réel, la venue du père de l’ancien premier ministre israélien et de sa famille dans une université américaine, anecdote racontée par le vrai professeur Harold Bloom à Joshua Cohen.
J’ai été abusée par la quatrième de couverture décrivant ce roman drôle, jouissif,hilarant. Je pensais lire un roman de comédie.
La majeure partie du roman , admirablement documenté parle de politique, de l’histoire d’Israël et de l’Espagne médiévale . Je n’ai pas toujours décelé l’humour de l’auteur dans ces pages très érudites.
La partie sur les Netanyahou débute quasiment au milieu du livre( page 204 sur 347 au total).
On voit débarquer le professeur , sa femme et leurs trois fils. La famille est grossière, mal élevée et sans-gêne. Le trait est si outrancier que je me suis demandée quelle était la part de vérité et de fiction.
Certes j’ai ri à l’évocation du fils aîné surpris dans la chambre de Judy Bloom qui s’échappe de la maison, complètement nu dans la neige de l’hiver.
Parfois souri lorsque l’auteur décrit l’Europe, « où les femmes ne s'épilent pas et ne portent aucun sous-vêtement, et où tous les enfants fument et boivent du vin. "
Au delà de ce côté « people » le roman est très intéressant dans sa description de la vie d’une famille américaine dans les années 60, la description de l’intégration des juifs dans cette société: Judy qui trouve son nez trop « juif » organise un accident afin de bénéficier d’une chirurgie réparatrice.
J’accorderai une mention spéciale au traducteur , j’ai ainsi découvert qu’un père pouvait avoir une fille entéléchique, c’est à dire une fille parfaite!
En conclusion , une lecture exigeante et intéressante.
Le narrateur Ruben Blum est historien et enseigne à l’université de Corbin, petite ville américaine. Il est le premier et l’unique professeur juif de l’établissement. Alors, lorsqu’y postule un certain Ben-Zion Nétanyahou, spécialiste de l’Inquisition ibérique et juif lui aussi, c’est lui, Ruben, qui, en cette fin de l’année 1959, se retrouve chargé de l’accueillir et d’évaluer sa candidature.
Une longue et déconcertante introduction, dont à ce stade on a du mal à apprécier la froide ironie sous-jacente, tant le narrateur se prend au sérieux de ses multiples et doctes digressions, commence par planter le décor compassé de ces dignes et éminents cerveaux que les contraintes économiques et la relative confidentialité de leur université empêchent, à leur grand dam, de se consacrer exclusivement à leurs domaines d’expertise, à vrai dire si pointus qu’ils semblent presque les seuls à en apprécier le caractère essentiel. Au sein du délicat échafaudage de prééminences et de dignités que constitue le cercle de ces si distingués professeurs, Ruben Blum est de fait celui qui a le plus à faire pour convaincre de sa respectabilité, avec une préoccupation majeure : se fondre dans la masse des non-Juifs. Cet objectif lui est d’autant moins facile à atteindre que, côté familial – et là, c’est franchement drôle -, il lui faut constamment composer avec ces incontrôlables électrons que représentent ses parents et ses beaux-parents, ancrés, chacun à leur manière, dans leurs idées et dans leurs traditions, mais aussi avec son adolescente de fille, obsédée notamment par la forme – trop juive ? - de son nez.
Tout à ses préoccupations quant à la bonne manière de se sortir de cette embarrassante nouvelle mission qui ne le renvoie que trop à sa « spécificité » personnelle, le narrateur est pourtant loin d’imaginer la tornade qui s’apprête à lui tomber dessus. Car, non seulement Ben-Zion Nétanyahou est un personnage irascible et indomptable, que ses idées radicalement sionistes placent aux antipodes des aspirations à l’intégration de Ruben, mais il débarque en famille, avec sa femme et ses trois redoutables jeunes garçons, en ce qui ne va pas tarder à ressembler à une guignolesque invasion de sauterelles. Le moins que l’on puisse dire est que les Nétanyahou ne vont pas passer inaperçus, et encore moins paraître à leur avantage, dans cette petite ville paisible et ce milieu universitaire, il faut le dire, un peu confit dans la naphtaline.
Cette comédie de mœurs centrée sur un intellectuel juif américain en proie à des affres tragi-comiques fait bien sûr penser à Woody Allen. Malheureusement alourdie par quelques longueurs indigestes, elle tire sa vraie originalité du fait réel dont elle s’inspire, et sa plus grande ironie du destin de l’un des trois garnements : Bibi, ou encore Benyamin Nétanyahou…
Le Pr Ruben Blum enseigne l’histoire à l’université de Corbin, petite ville située dans le nord de l’état de New-York. Il est le seul enseignant de confession juive dans l’établissement et un jour le Pr Morse, son supérieur (à qui on octroie un poste supplémentaire dans le département d’Histoire) lui demande d’étudier la candidature du Pr Ben-Zion Nétanyahou, spécialiste de l’Ibérie, à la période de l’Inquisition et de la persécution des Juifs à l’époque.
Il est chaudement recommandé par le « doyen » d’une autre université qui ne peut pas lui renouveler son contrat. Quoi de plus naturel que de confier à un Juif l’enquête en vue d’embauche d’un autre Juif (de toute manière, comme dit la belle-mère de Ruben, quel que soit le choix, cela se retournera contre lui !).
Ruben se lance dans l’étude de la thèse de Nétanyahou, ainsi qu’à son curriculum vitae, son parcours en Israël en particulier, où il semblerait qu’il soit peu apprécié (de même que ses travaux…)
Cette lecture fut très difficile pour moi, je suis passée complètement à côté de l’humour juif que me promettait le résumé. Le côté excentrique de Ruben Blum (inspiré du Pr Bloome) m’a amusée car il me faisait penser à Woody Allen que j’adore (ce qui m’a permis de ne pas refermer le livre définitivement). C’est drôle de le voir se confronter à sa femme Edith et à sa fille Judy, et surtout, ses parents Juifs russes/ukrainiens loufoques, ses beaux-parents Juif exilés de Rhénanie qui le sont tout autant, chacun campant sur ses positions (géographiques ou autres).
Lorsque Ben-Zion Nétanyahou débarque avec femme et enfants pour la conférence qu’il doit donner à l’université, cela devient franchement insupportable car leur sans-gêne, la manière dont il s’incruste, les gamins qui cassent tout sur leur passage. Parmi les gamins, vous l’aurez compris, nous avons Jonathan, alias Yoni, Benjamin alias Bibi (qu’on retrouvera plus tard hélas à la tête d’Israël) et Iddo, le plus jeune, souffre-douleur de ses aînés.
A ce moment-là, le roman est passé à un cheveu de la case « tombé des mains » mais étant donnée ma curiosité notoire, j’ai persévéré car c’est vraiment un épisode de la vie de la famille Nétanyahou aux USA …
J’ai lu avec attention les arguments présentés par Nétanyahou, dans sa thèse, car l’Histoire de la Reconquista, Isabelle la Catholique, l’Inquisition m’intéresse depuis longtemps. Je suis tombée amoureuse de l’Andalousie au premier regard. D’où ma gêne…
En voyant la tornade Ben-Zion Nétanyahou ses propos révisionnistes, sa réinterprétation pour ne pas dire sa réécriture de l’Histoire, et son épouse hystérique, je me suis dit que Bibi ne s’en était pas trop mal tiré : comment devenir un adulte responsable quand on a un père qui ne reconnaît jamais ses torts : c’est de la faute des autres… Il va soutenir ce père et ses thèses jusqu’au bout en fait…
Un grand merci, au passage, à Woody Allen car si je n’avais pas pensé à lui, caché sous les traits de Ruben Blum, j’aurais peut-être lâché prise.
J’aime beaucoup Philip Roth à qui l’on compare Joshua Cohen, d’où ma déception. Étant donné qu’il est considéré comme « un des meilleurs écrivains de sa génération », j’essaierai de lui donner une autre chance, car la défiance est surtout liée à la famille Nétanyahou, alors un autre thème me plairait peut-être.
J’ai quand même retenu une scène assez drôle : Judy, qui déteste son nez et dont l’entourage refuse la chirurgie esthétique se fait fracasser ledit nez par son grand-père qui ouvre brutalement la porte de sa chambre (elle l’a fait exprès bien-sûr) ;
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur.
#LesNétanyahou #NetGalleyFrance !
https://leslivresdeve.wordpress.com/2022/02/05/les-netanyahou-de-joshua-cohen/
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