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Le premier mars 1954, un essai nucléaire américain dans l’atoll Bikini, au sein des îles Marshall, dérape. L'explosion de la bombe H la plus puissante jamais testée par les Etats-Unis est trois fois plus violente que prévu, et les vents, inverses aux prévisions météorologiques, emportent les retombées radioactives au-delà de la zone de sécurité. Une grande partie des atolls environnants est contaminée, et leur population irradiée. Le temps que les bateaux de pêche présents dans les environs remontent leurs filets pour prendre la fuite, leurs équipages restent exposés de longues heures. Parmi eux, un thonier japonais, le Dragon chanceux, à bord duquel Joseph Ramonéda nous fait vivre la catastrophe.
Le jour où le bateau quitte le port de Yaizu pour disparaître à l’horizon du Pacifique, Tatani est partagée entre le déchirement de la séparation et sa fierté pour son frère, à vingt ans le plus jeune capitaine de navire de la ville, en partance pour sa première campagne de pêche. Alors qu’elle se félicite de l’heureuse tournure que prend enfin leur sort, après une enfance marquée par la guerre et par les terribles années de reconstruction du Japon après la défaite, elle est loin de se douter du cauchemar qui les attend. Quelques semaines plus tard, pendant que le Dragon chanceux pêche tranquillement à proximité de l’atoll Bikini, une curieuse aurore côté ouest, suivie après quelques minutes du bruit d’une explosion et d’une pluie de particules blanches que l’équipage ramasse à mains nues et qui collent au corps et aux cheveux, prélude à la propagation d’un mal étrange, aux symptômes effrayants, qui terrasse les hommes un à un.
C’est un bateau-fantôme qui rentre au port, chargé d’un équipage hagard et incomplet, et d’une cargaison de poissons dont on ignore encore qu’ils sont contaminés. Pourtant, soucieux de minorer les faits pour éviter un scandale en plein apogée de la guerre froide, le gouvernement américain multiplie les démentis quant à une quelconque irradiation des pêcheurs, et, avec la plus grande mauvaise foi, les accuse d’avoir navigué en zone interdite tout en invoquant une opération de discréditation soviétique.
Les faits historiques sont accablants et leur récit, sobrement romancé par Joseph Ramonéda, obsédant. Le lecteur s’y sent le témoin médusé et impuissant d’un drame dont, contrairement à lui, les victimes n’ont aucun moyen de pressentir l’implacable issue, alors qu’elles se retrouvent doublement condamnées, d’abord par l’irresponsable organisation d’une expérience d’apprentis-sorciers, puis par la criminelle détermination de se débarrasser de témoins encombrants. Comment le Japon vaincu et exsangue pourrait-il faire le poids dans la lutte pour une nouvelle hégémonie entre les deux nations sorties grandies de la seconde guerre mondiale : l’Amérique d’un côté, son rival soviétique de l’autre ?
Agrémenté du juste nécessaire de fiction pour donner corps à l’Histoire, ce roman restitue les faits et leur contexte dans une narration passionnante, instructive et crédible. Les personnages et leurs dialogues sonnent juste. L’écriture est agréable, malgré quelques petites maladresses et des efforts parfois un peu trop visibles pour étoffer le récit. C’est donc avec intérêt et plaisir que l’on découvre cet épisode effrayant, très clairement exposé, de la guerre froide et de la paranoïa maccarthyste.
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