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Dans le cadre magique du Picabo river book club, je continue mes découvertes de littérature nord américaine et en particulier, les traductions de Céline Leroy.
Un premier roman très troublant car le personnage principal Mona est border line et nous interpelle au fils des pages.
Elle est une jeune femme de 24 ans, elle travaille avec sa tante comme femme de ménage (et a une addiction sur l'hygiène, tout doit être propre, et aime l'odeur des produits détergents et ses aspirateurs). le soir, pour s'occuper, elle est bénévole et fait des maraudes auprès des toxicos. Un soir elle rencontre Monsieur le Dégoûtant, comme elle l'appelle, qui lui glisse son numéro et une relation va débuter. Mais son addiction à la drogue va entraîner une relation perturbante. Elle va s'accrocher un temps à cet homme mais cela ne va pas convenir.
Elle va alors, sur ces conseils à lui d'ailleurs, s'installer au Nouveau-Mexique. Elle va reprendre contact avec son père, alcoolique et essaie de comprendre son enfance. Elle va rencontrer des farfelus dans cette nouvelle vie : Yoko Yoko, ses deux voisins, lui britannique et elle japonaise, bouddhistes, qui vont essayer de l'initier à la méditation, le soir au coucher de soleil, des clients de sa société de nettoyage : Betty une voyante, qui lui demandé d'espionner son ancien amant,. Henry et sa fille Zoé.
Beaucoup de portraits d'êtres border line, tous plus ou moins atteints d'addictions : drogues, alcool, besoin d'accumulation sur développée, végan extrême, hygiènisme...
De l'humour, de la poésie, du second niveau, des références (raging bull , le film fétiche de son père et quelques répliques favorites, des lectures (franny et Zooy" de salinger, des souris et des hommes, paradis perdu des poèmes de Sylvia Path et une référence à Sophie Calle) font de cette lecture un moment étrange mais qui parle bien de nos sociétés, des rapports avec les autres et avec soi, des addictions.
Au fils des pages on s'attache à ce personnages et à son humour, à ses peurs, ses fantasmes.
Mona aime les aspirateurs — elle en a quatre. Avec Gertrude, un Hot Shot 1423 rouge déniché en solde, ç’a été le coup de foudre immédiat. Elle le préfère désormais au Hoover Aero-Dyne qui avait pourtant toute son affection. À travers les luxueuses demeures dont on lui confie le ménage, Mona apprend à connaître les gens. La solitude du job ne la dérange pas, au contraire. Une poubelle ne pose pas de questions, mais elle peut révéler bien des choses… Mona est une drôle de nana, qui observe, déduit, conclut… un peu trop vite parfois. Sur son temps libre, elle est bénévole dans une association et distribue des steribox. C’est en infirmière de la rue qu’elle rencontre celui qu’elle surnomme « Monsieur Dégoûtant ». Un étrange conte de fées, une ballade de marginaux. Ensemble, ils rient, philosophent à leur façon, et rêvent d’ailleurs. Mais Monsieur Dégoûtant est instable (accessoirement sale, et toujours défoncé), et Mona n’est pas résolue à se laisser bouffer par ce parasite sentimental. Avec l’envie de se (re)construire, c’est seule, finalement, qu’elle prend la route pour le Nouveau-Mexique, où l’attendent des personnages ébouriffants.
Mona s’est vite attiré ma sympathie. Sa vision de la vie complètement décalée, son dévouement aux autres et à son job, sa perspicacité teintée tantôt de candeur tantôt de pessimisme. Elle m’a arraché de vrais sourires, lancée à sa suite dans ses péripéties ménagères. J’ai souri aussi de son malaise en société, son incapacité à se comporter « normalement ». Les soirées qu’elle passe avec ses nouveaux voisins, Yoko et… Yoko (Mona a un don pour les surnoms), sont particulièrement… farfelues, sans parler de la mission, aussi prenante que surprenante, dont la pauvre héroïne se voit investie par l’une de ses clientes.
L’auteur aurait pu se contenter de rester dans un humour un peu potache, jouant sur les difficultés d’adaptation d’une jeune femme en manque de repères familiaux, mais il a insufflé, par nombre de réflexions et de petits gestes, une poésie certaine à ses personnages. Une poésie qui a le goût amer de la pellicule brillante qui enrobe les médicaments. Pied de nez aux convenances, On dirait que je suis morte est un joli mélange de (dés) illusions, de charmante vulgarité et de doigts pointés sur les travers de chacun. Un premier roman qui mérite qu’on garde à l’œil Jen Beagin.
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