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Depuis 2006, Jean Morzadec crée et anime un site Internet, lechoixdeslibraires.com que je vous invite à visiter. Très bien présenté, en lien avec France Info, France Inter et France 5, il accorde une large place aux coups de coeur des libraires : près de 2'000 choix à ce jour. Vous y trouvez également une présentation par les éditeurs ou les auteurs, de titres susceptibles d'aiguiser votre curiosité, ainsi que la revue de presse consacrée au livre.
De cette aventure et de ce partenariat est né un livre au format de poche - à peine 8 euros - Les écrivains préférés des libraires. 17 titres de l'année courante ont ainsi été choisis par Jean Morzadec. Si j'y retrouve l'écho des enthousiasmes de nombreux collègues - Vincent Borel, Tatiana Arfel, Blandine Le Callet, Mathias Enard ou Jérôme Ferrari - et de mes propres lectures mémorables - Fatou Diome, Fouad Laroui et Douna Loup -, l'intérêt de cet ouvrage tient en peu de mots, car plutôt que de recenser les critiques des lecteurs, visibles ailleurs, la parole a été donnée aux auteurs.
Ils nous parlent ainsi de leur dernier livre, mais aussi de son accouchement, des circonstances ou des conditions dans lesquelles ils ont vu le jour. La lecture, l'environnement ou leur appréhension du métier d'écrivain, leur perception des librairies et des librairies, leurs rêves enfin, tout cela dresse un profil d'auteurs dont, à ce jour, nous savons - heureusement peut-être - peu de choses.
Quelques éclairages sur l'écriture et le rôle des livres méritent d'être retenus. Par la plume de Tatiana Arfel par exemple, qui nous dit : «Je ne sais pas à quoi servent les écrivains, mais je sais à quoi servent les livres; un livre sert à ouvrir, à étendre son âme, à sentir avec, à respirer plus grand, à se sentir plus libre.» A quoi répond Douna Loup : «La littérature permet au regard de s'affiner, de se complexifier. En tant que lectrice ou en tant qu'écrivain, c'est faire un voyage, se décentrer de sa propre perception de la vie, et ce déplacement enrichit notre accès au réel.»
«Les écrivains sont des témoins, des porteurs d'énergie», nous confie encore Vincent Borel. Et ils vivent d'espoir, attendent beaucoup du lecteur comme Fouad Laroui : «Si mon livre peut introduire un peu plus de nuances et de compréhension dans les jugements, je pense alors que mon livre aura atteint son but.»
Fatou Diome, sur le même thème, use d'une jolie image : «Je considère tous ceux qui me lisent comme les miens, parce qu'écrire, pour moi, c'est juste tendre la main de l'autre côté, c'est creuser un trou dans le mur existentiel et tendre la main. Toutes les personnes qui attrapent l'autre bout du livre et s'y intéressent, ce sont les miens, parce que nous partageons peut-être les mêmes révoltes, les mêmes lectures et les mêmes désirs pour un monde meilleur.»
A propos de cette caverne d'Ali-Baba qu'évoque souvent une librairie - et que j'éprouve surtout quand je me ballade chez les autres - le mot de la fin revient à Marie-Sabine Roger : «Si j'étais un chat, je ronronnerais en franchissant la porte d'une librairie. J'y entre comme d'autres en religion. J'anticipe la grâce...»
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