"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Fournier est un spécialiste du rentre dedans, de l’aigre-doux, du sensible-moqueur-affectif-…
Du haut de ses 84 ans il complète son œuvre de quelques réflexions, remarques, et coups de gueules, sur la vieillesse et surtout sur les vieux, et les rapports vieux / jeunes.
Il se (nous) rappelle que certaines créations ou interprétations majeures l’ont été par des artistes dans leurs dernières années de « vieux ». Autrement dit, si je traduis, il ne faut pas jeter le vieux avec l’eau du bain. Mais comme tout vieux il a quand même un peu tendance à dire plusieurs fois la même chose !
Il n’y a rien de grandiose, mais un petit moment de compagnonnage, d’autant plus intéressé lorsqu’on avance en âge.
Petit florilège :
« … Je ne suis plus d'actualité, je suis d'ancienneté. Je ne suis plus Superman, je suis super vieux. » p 28
« Les jeunes sont des étincelles, les vieux sont des feux. … j'ai d'abord été une étincelle. Puis j'ai voulu devenir un feu. Il n'y a pas de fumée sans vieux. » p49
« Un jeune premier qui vieillit ne devient pas forcément un vieux dernier, il peut rester un vieux premier. » p 64
Matisse écrit à Picasso : « Espérons qu'aussi longtemps que nous vivrons, nous mourrons jeunes. On ne peut s'empêcher de vieillir mais on peut s'empêcher de devenir vieux. » p 77
Citation de Régis Debray : « c’est peut-être en vieillissant qu'on devient jeune. La vieillesse est un sauvetage parce qu'on va à l'essentiel. »
« Notre époque a perdu son charme et j'ai pas envie de m’éterniser.
Les hommes deviennent des numéros
Les chiffres remplacent les lettres.
Les chiffres s'intéressent à la quantité, les mots s'intéressent à la qualité.
Avec les mots on peut faire pleurer, faire rire et écrire des poèmes. Avec les chiffres on ne peut pas dire « je t’aime » … » p 166
Une autre époque que celle de sa mère. L'auteur sait très bien nous la faire revivre à travers son écriture. Sa mère n'a jamais réellement connu le bonheur. Petite fille, peut-être aurait-elle pu être espiègle mais elle avait une mère autoritaire qui vénérait le Bon Dieu. Elle s'est mariée ensuite à un médecin alcoolique. Trop tard quand elle a compris et on ne divorçait pas. Elle a dû travailler pour subvenir aux besoins de sa famille, un emploi qui ne lui a jamais permis d'être jugée à juste valeur ou de s'épanouir. Et quand elle a vieilli, ses enfants étaient devenus grands, n'avaient plus besoin d'elle. Un très bel hommage à cette maman du nord.
Un livre intense, témoignage à la chère épouse disparue qui laisse derrière elle un homme sonné qui cherche sa présence partout.
Un récit touchant disséminé par petites touches tentant de nous rendre compte de ces instants de manque et de lucidité parfois avec nostalgie, souvent avec auto dérision. En fait, terriblement humain.
Beaucoup d'humour dans ce petit recueil. L'auteur a choisi quelques nationalités sur lesquelles on entend souvent des phrases toutes faites, pleines de préjugés et donc de méchancetés, de propos racistes. Il y ajoute des jeux de mots. C'est très plaisant à lire. Attention quand même, comme le disait Desproges : "on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde"...
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