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Quelle difficulté de parler de ce roman !
J’avoue la première partie ne m’a pas plu. L’enfance de A. année après année ne m’a pas du tout accrochée mais je déteste arrêter un livre avant la fin.
Et une fois encore HEUREUSEMENT !
La suite est bien plus percutante, même si l’on comprend bien que l’auteur veut poser la construction psychologique de A. dans la première partie.
La vitesse comme seule caresse, comme seul apaisement, les gravillons traitres et les paysages qui défilent. La vitesse à vélo, à mobylette, en voiture et même en courant mais toujours le mouvement.
De l’humain aussi, sans passion, sans tendresse avouée mais de l’humanité jusqu’à l’extrême l’aide du prochain jusqu’au bout.
Un roman poignant, une écriture très personnelle, parfois dérangeante, mais parfaitement au service du propos.
Bravo
Magistral, olympien, « Cette tendresse qu’on attend dans la nuit » est œuvre. La pierre angulaire d’une littérature de renom. Myriade en plein vol, retenir à l’infini la majestueuse écriture, sceau pour l’éternité. Un futur classique qui dépasse largement ses grands-frères. L’aura d’un auteur en plongée dans le suprême langage Babel.
« J’ai huit ans et je ne suis un être humain. »
Écoutez l’enfant grandissant au fil des pages.
« J’ai commencé par aller me réfugier à l’abri des regards. »
Son prénom est A. Première lettre de l’alphabet, un garçon qui pleure, doute, avance, le pas de côté ravageur, frange devant les yeux, l’enfant gerbe de blé avec B. l’ami. Deuxième lettre de l’alphabet signifiante : Montaigne et La Boëtie : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi. » L’expérience gémellaire.
« Nos deux numéros de Strange préférés, clématites coupées avec soin à la taille de cigarettes craies, paquet de petits Lu, dent de requin fossilisée. De quoi survivre. »
L’enfant A. regarde l’horizon. Les philosophies sont des vitamines.
« Je suis surpris de ne pas être mort au moins une fois. Avec B., il y a une grande chance pour qu’on passe ensemble. »
Il faut dire que ces enfants vivent de sacrées expériences. Entre les descentes en luge, la chasse aux vipères, fusionnels, ils ont les autre saisons qui octroient le droit de passage vers l’ère des grands.
« On s’est toujours démerdés. Seuls. C’est comme ça qu’on est le mieux et avec B. c’est possible, on peut être seuls ensemble. »
A. franchit le seuil. Adulte, certes, ravagé oui. Le trop-plein d’humanité brouille son regard qui tremble de pluie. L’enfant a perdu son manteau d’hermine.
« Catastrophe, je dois réapprendre l’alphabet de ce nouveau monde qui s’ouvre à moi tel un gouffre. »
L’écriture est un miracle. On voudrait retenir cette splendeur. Ne jamais souffler sur la flamme d’une bougie assignée à l’autre lumière. La trame est le langage du cœur de Jacques Houssay. Plume aguerrie sur le papier rare qui ne se froisse pas. Dans ce don de lui pour ses protagonistes, ses traversées du miroir. On l’imagine dans le plein de l’inspiration. Et là, les larmes coulent mais qu’importe. Lorsque tout est trop beau, émouvant et initiatique, la littérature est transmutation et la rencontre avec l ‘auteur plus qu’un partage, une passation. A. est dans l’autre versant, en plongée dans les solidarités altières, dans le mage des exilés, « l’explorateur d’arrachement » Shima, l’universelle.
« Tu étais sans âge. Tu m’avais parlé de la neige qui change tout. »
Ici, les rais de lumière effacent les barreaux d’une prison.
« Le rire est une promesse. Cette chose des enfants perdus. »
La vie advient. Elle retourne la terre de ses mains , se blesse malencontreusement, front à front avec les torpeurs . Cherche dans les sillons le noble salvateur. B. est là. Point d’appui, mur porteur. La fraternité exaltée, l’hospitalité, terre d’accueil d’un amour au plus fort de sa pureté.
« Le temps réduit à l’infini du maintenant. »
« Cette tendresse qu’on attend la nuit » l’épiphanie d’un homme regain, passerelle avec Jacques Houssay A. et B. haut les cœurs!(Page 151 à 155…). Les persiennes s’entrouvrent sur un récit entrelac , essentialiste. Mère cassée, divine de dignité. Le fils abreuvé au lac des repentances intérieures, le lien générationnel est cousu d’or.
« Celle dont la mort ne veut pas s’endort. »
Biche blessée, la mère est le symbole du pain-perdu. Cette tendresse, poulbot échappé des bois est la parabole des bienfaiteurs. A. est de loin dans le céleste d’un monde tissé aux valeurs théologales, celles qui ne se savent pas. Le cheminement d’un homme bon qu’on aime de toutes nos forces. On imagine de lui, le père, le fils, le frère, l’ami, l’universel. Jacques Houssay est digne d’un génie évident.
« Y’a la Shima qui s’réveille. »
« »Cette tendresse qu’on attend dans la nuit » est Le livre, une aurore boréale, un parchemin de tendresse, le cheminement des Rois.
Après « Border », livre culte, celui-ci est une apothéose, un livre accolade. Une merveille dès son premier cri. Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.
« J’égrène des traductions comme un chapelet. Ignorant la prononciation dans la plupart de ces langues. » « Border » de Jacques Houssay est une flamboyance verbale. L’ouvrir c’est être attentif à autrui. Savoir que chaque phrase pourra être annotée. Retenir. Apprendre par cœur le plan mémoriel de ce chef-d’œuvre. Ce roman est digne. Puissant, manichéen, ciselé dans une aérienne fusion avec une lecture grave et poétique. La construction de « Border » est une citadelle dont la clef de voûte est la beauté grammaticale. Jacques Houssay est doué, observateur et ne laisse aucune ombre dévorer son lieu parabolique. « Border » est la vie. L’idiosyncrasie d’un monde où les exclus, les désenchantés façonnent de leurs mains la gloire intérieure d’une bonté pourtant mise à rude épreuve. « Je serre l’émoi entre mes ongles, ne pas lui lâcher la bride…. Je me tourne vers Nerveux. Un clin d ’œil. Nos coeurs se sont retranchés dans un pouls normal et régulier…. Et nous pleurons comme d’autres chantent. » Scribouilleur est le protagoniste principal, le narrateur guidant le lecteur dans cet antre où le gris voudrait étouffer de ses mains la clarté vierge des jours de survivance. « Border » est mal aimé, affamé, pauvre, au chômage souvent, drogué ou voleur mais riche de cette intériorité quasi religieuse et altruiste. Abandonné, ses rues sont des mains tendues sans oser mendier le peu. La nourriture est cette miette de pain dont les oiseaux envient le brillant fraternel. « Border » à un langage de sel et de larmes et pourtant ici se magnifie la couronne dont rêvent les purs. « Etre heureux ou malheureux. Sachant très bien qu’Icare dans sa chute se retiendrait même à une libellule. » Scribouillard est intelligent, cultivé, intuitif et magnanime. Il est l’hôte qui soulage. Solidaire, il est le point d’appui d’un « Border » qui « déborde » de douleurs. « Je rafistole ma tendresse de quelques élastiques. Le temps avance en grattant les promesses au couteau. Il n’y a pas d’archéologie possible, nous effaçons le paysage comme un tableau blanc…. Ne plus feindre d’être en vie, donner des preuves. » Scribouillard panse les plaies de ce « Border » emblématique. Il s’enivre de regards, de rais de lumière. Il côtoie le sang des souffrances et l’encre de ses mots consolateurs pour les survivants de « Border » est l’universalité. Les frontières endormies s’épanchent dans la foi d’un avenir meilleur. « Border » n’est pas nihiliste. Au contraire l’hédonisme apaise le filigrane qui en devient salvateur. Cette double lecture renforce le point d’ancrage d’un « Border » palpitant de vie. Sociologique, géopolitique, ses rives sont le modèle de ce qui existe dans le chao de notre monde. Un microcosme rangé, prêt à la bataille contre les inégalités. Sous l’écorce de ce lieu, les battants cherchent l’issue de secours, dans cette ténacité et cette volontaire envergure d’étreindre l’amour à plein bras. « Je te laisserai grimper sur mes genoux quand je ferai face à la fenêtre à guillotine. Tu y verras d’autres choses que moi. Aujourd’hui ta petite main dans la mienne, nous pourchassons les pigeons. Nous marchons en équilibre et c’est mon rôle de te tenir la main » Ce roman est une prouesse. Ses reliefs « Bordent » un monde en péril. Et pourtant ! son chant s’étire dans la nuit glacée. C’est un roman grave et engagé. « Un Border » majeur. « Mes pensées baguées à la patte comme un oiseau migrateur ». Beau à couper le souffle. Publié par les Editions « Le Nouvel Attila » « Border » de Jacques Houssay est en lice pour le Prix Hors Concours 2019 et c’est une immense chance.
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