"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Paris, au coeur des catacombes. Un homme est retrouvé décapité, une tête de taureau vissée sur le haut de son corps. Un meurtre d'une effroyable cruauté, rapidement suivi d'un deuxième, dans une cave de la capitale.
J'aime beaucoup le contexte d'un jeune lieutenant Clément Charrier qui arrive à la brigade criminelle sous les ordres de Lothar Kessel, une tête brûlée, leur tête à tête va être vraiment époustouflant, parfois, j'ai ris, avec surtout leur référence "Koh Lanta" "walking dead "qui veut gagner des millions" et puis souvent, c'est passionnant leurs joutes verbales complétement irrésistibles. le bleu sous la coupe du professionnel est vraiment un début qui m'a mis directement à impliquer dans l'action de l'histoire.
L'enquête criminelle est haletante, beaucoup de rebondissements dans l'univers de Dante, j'ai énormément apprécié, tout est bien orchestré, tout s'enchaîne machinalement. Parfois, il y a des scènes atroces, mais cela convient au reste de l'histoire, cela ne m'a pas gêné au contraire avoues que je raffole de ce genre de détail.
Les autopsies sont explicites et cela donne encore plus de profondeur au récit, cela m'a permis de m'immerger complétement dans la trame de l'histoire, c'est aussi quelque chose que j'adore.
Les liens avec les divers personnages sont aussi importants et très bien amenées et surtout au fil des pages, j'ai réalisé leur évolution et je trouve vraiment cela tellement pertinent mais aussi très intelligent de la part de l'auteur.
J'ai adoré ce livre, je sais que l'auteur a fait un autre livre avant celui-là, très envie de voir ce que c'est. Car j'aime beaucoup son écriture qui est très incisive, direct et c'est vraiment plaisant.
Je remercie Hugo Thriller et Gleeph de m'avoir permis de lire ce livre.
Enfers a été publié par les éditions Hugo Thriller en 2022. Le style est sobre, incisif: phrases courtes, vocabulaire simple: "Parfois, il discutait avec cette silhouette éthérée. Il lui racontait tout ce qu'il avait sur le cœur. Un frisson glacial parcourut son dos. Il se recroquevilla davantage sur lui-même, terrorisé. Il tenta de jeter un coup d'œil à son ami imaginaire mais ce dernier avait disparu. Il était à nouveau seul. Seul avec son désarroi." (Page 5)...La langue d'Ismaël Lemonnier peut s'avérer riche quand c'est nécessaire: "Le groupe s'enfonçait silencieusement dans les sous-sols de Paris, dans la pénombre spongieuse des catacombes. il suivait de près le guide, un grand gaillard à la tignasse rousse et aux larges épaules. Un courant d'air frais soufflait lugubrement dans un long sifflement semblable à la voix d'une jeune enfant en détresse. Les chaussures crissaient sur le gravier du sol cahoteux, les bottes en caoutchouc claquaient contre les mollets, des gouttes d'eau tombaient ici et là dans la plus suave des sonorités." (Page 7).
Fil rouge: obsession de Clément pour les chiffres (arithmomanie) et ses réflexions in petto.
Catacombes de Paris. Une banale visite se transforme en cauchemar. Un couple de touristes fait une macabre découverte: le cadavre d'un homme debout contre le mur, suspendu par deux énormes rivets plantés dans les clavicules. Sa tête avait été remplacée par celle d'un taureau, la langue pendante. La victime n'étant pas morte à l'endroit où on l'a trouvée signifie qu'elle a été tuée ailleurs et transportée dans les catacombes. L'homme, mort par noyade, a été décapité post mortem. La tête reste introuvable.
Le capitaine Kessel se demande pourquoi cette mise en scène? Pourquoi se donner autant de mal? Pourquoi une tête de taureau? A-t-elle une signification particulière? Le moins qu'on puisse dire est que le premier jour d'enquête de Clément Charrier, qui arrive du SRPJ de Rennes, commence mal. L'accueil glacial du capitaine, qui le tient à l'écart, ne fait qu'accroître le malaise du jeune homme qui ose à peine poser des questions et procéder à ses propres investigations. Pour quelle raison le capitaine se montre particulièrement agressif, brutal et irrespectueux avec lui?
Le même jour, la police découvre une seconde scène de crime dans la cave d'un immeuble: un homme et une femme enchaînés à une chaise, la femme égorgée, l'homme décapité et émasculé. Pourquoi un tel déferlement de violence? Haine? Vengeance? Rite satanique? L'œuvre d'un déséquilibré? Quelle est la signification des cercles rouges trouvés sur chaque scène de crime? Un rapport avec L'Enfer de Dante?
Les meurtres sanglants et sadiques continuent de se succéder à un rythme soutenu. L'absence de suspect, de liens entre les victimes et d'indices laisse l'équipe d'enquêteurs désemparés. Une plongée au cœur des ténèbres qui les mènera bien plus loin qu'ils ne l'avaient imaginé.
Vous qui pénétrez dans l'univers d'Ismaël Lemonnier abandonnez tout espoir d'en sortir indemne. Une intrigue bien ficelée nous mène au plus profond de l'horreur jamais imaginée par un être humain. Aucun détail ne nous est épargné: "Il imagina cet homme et cette femme se débattant pour survivre, hurlant à l'aide à pleins poumons, s'arrachant la chair des poignets et des chevilles et suppliant leur bourreau de les laisser partir, de les épargner.
Bémol: la relation entre le capitaine Kessel et le lieutenant Charrier, qui oscille entre brutalité, irrespect et violence verbale, m'a beaucoup dérangée. On peut concevoir que, les premiers jours, Lothar se soit montré méfiant et quelque peu agressif envers la nouvelle recrue. Mais que cet antagonisme devienne, au fur et à mesure des chapitres, méchanceté gratuite me semble bien peu professionnel. Je dirais même inacceptable. Au point de désavouer le personnage et son intolérance ...et de plomber le plaisir de lecture.
Cela dit, Enfers reste un thriller intelligemment construit, perturbant à souhait, certainement l'un des meilleurs du genre parus ces dernières années.
Vous voulez du thriller qui file frousse et parfois nausée, voilà, vous avez ce qu'il faut avec ce livre. Mais, parce que mais il y a, la nausée reste virtuelle, car Ismaël Lemonnier a le bon goût de ne point trop insister sur des détails scabreux, sur des descriptions qui pourraient vite devenir insupportables ; il reste assez sobre et clinique dans les exposés des scènes de crime. Ouf !
Non amateur du genre qui fait peur, j'avoue avoir été bluffé et totalement pris par l'intrigue. Certes, il y aurait sûrement à dire sur les stéréotypes voire les caricatures des flics : le chétif-intello et le brutal-bas-de-plafond qui ne peuvent s'encadrer et se révèlent au cours de l'enquête différents de ce qu'ils montrent de prime abord. Je pourrais également jouer les supers-lecteurs-de-polars et dire que j'avais trouvé -et n'en démordais pas- le coupable bien avant les policiers. Mais, totalement entraîné par le rythme, le contexte, j'ai avancé rapidement, tellement que je ne pouvais pas lâcher le livre. Pour une fois que je ne râle pas sur les presque 400 pages !
C'est noir, très noir, il n'y a -presque- plus d'espoir comme disait un chanteur de variété mort. Et l'on visite les sous-sols parisiens et la Divine Comédie de Dante, sauf pour ceux qui l'auraient déjà lue, contrairement à moi. Quelques touches d'humour -assez rares- bienvenues cependant, et d'humanité qui permettent de garder espoir dans les ténèbres, et peut-être l'espoir de retrouver le duo de flics si mal assorti.
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