Oris Origo (1902-1988) a écrit une uvre abondante, essentiellement composée d'essais de littérature et d'histoire des idées où elle s'attache à la vie des uvres et aux conditions psychologiques et matérielles qui les ont fait naître. Mais en dépit de l'ampleur de cette uvre, seuls deux de ses ...
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Oris Origo (1902-1988) a écrit une uvre abondante, essentiellement composée d'essais de littérature et d'histoire des idées où elle s'attache à la vie des uvres et aux conditions psychologiques et matérielles qui les ont fait naître. Mais en dépit de l'ampleur de cette uvre, seuls deux de ses ouvrages ont été traduits en français. La diversité de ses centres d'intérêt, et le goût prononcé qu'elle montra pour l'Italie, portent la marque très singulière de son histoire personnelle.
Iris Origo était la fille unique d'un diplomate américain, William Bayard Cutting, et de l'héritière de Lord Desart, Sybil Cuffe. Sa famille paternelle, très fortunée, s'était montrée soucieuse de culture et d'engagements philanthropiques: son grand-père avait été, par exemple, l'un des fondateurs décisifs de la New York Public Library et du Metropolitan Opera. Iris Origo en perpétue la tradition.
Après la mort de William Bayard Cutting, mère et fille s'installent en Italie, dans la prestigieuse villa Médicis à Fiesole, où elles jouissent de l'amitié
d'un proche voisin, l'historien d'art Bernard Berenson. Iris y reçoit l'enseignement attentif de grands précepteurs, tant italiens que français ou allemands.
Elle épouse en mars 1924 le marquis Antonio Origo. Les époux s'installent à La Foce, vaste propriété du Val d'Orcia, au sud de la Toscane, où ils
mettent sur pied une exploitation agricole, restaurant peu à peu, avec l'architecte Cecil Pinsent, les bâtiments principaux ainsi que lescinquante-sept fermes que compte le domaine; ainsi prend forme une sorte d'utopie sociale, selon la règle ancienne de la mezzadria. Iris y crée une école, un centre de
soins, veille à la vie le plus possible autarcique des cinquante-sept familles du domaine. En 1935, son premier enfant, Gianni, meurt d'une méningite.
Elle commence alors à écrire. L'expérience du fascisme, d'abord vécue de façon assez heureuse en tant que propriétaire terrien bénéficiant des initiatives fécondes du fascisme en matière d'agriculture et de mise en valeur de l'agro italiano, lui apparaît avec moins de distance à mesure que le ventennio avance; les ridicules du régime et sa brutalité progressivement intolérables font l'objet d'une analyse à la fois détachée et implacable, dans l'ouvrage
posthume L'air se rafraîchit, journal de bord, pour ainsi dire, des mois précédant immédiatement la guerre et suivant l'entrée de l'Italie dans le conflit. Bientôt, le parti intérieurement pris trouvera à se traduire dans les circonstances dramatiques et héroïques de la bataille de Florence, quand Iris Origo sauvera le groupe d'enfants qu'elle avait accueillis à La Foce dans le périlleux périple sous les bombes qu'elle décrit dans Guerre dans le Val d'Orcia. Après la guerre, Iris Origo se consacre à son domaine de La Foce, tout en écrivant une dizaine d'ouvrages, qui lui valent des reconnaissancesimportantes dans le monde anglo-saxon. Elle meurt à La Foce le 28 juin1988.