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Grande admiratrice de l’œuvre de ce géant Joseph Kessel je ne pouvais pas ignorer ce récit.
Plus qu'un récit, d'une plume inspirée, c'est pour moi la dernière lettre d'une amitié passionnée.
Georges Walter, nous livre les dernières années d'un homme qui a tout vécu intensément et qui ne pouvait se résoudre à écrire Le livre, que tout écrivain voudrait écrire, celui sur sa mère. Avec l'exemple de celui de Gorki et d'Albert Cohen voir celui de son ami Romain Gary «la promesse de l'aube».
Le début peut paraître lent, mais c'est plutôt l'empreinte d'une belle émotion à livrer ce témoignage d'une amitié virile et exaltante.
Puis éclos, comme une fleur s'ouvre aux premiers rayons du soleil, encore enveloppée de rosée, le portrait d'un Joseph Kessel, intime sans voyeurisme.
Un homme vieillissant, fatigué, et en filigrane Michèle sa femme depuis trente ans, en but aux démons d'un alcoolisme quasi-génétique, grand amour de l'écrivain même si cela ne plaisait pas à certains de son entourage.
D'autres ont formé un noyau dur d'une amitié indéfectible et se sont relayés, épaulés, pour les entourer jusqu'au dernier souffle.
Le mystère reste Le Livre, celui qu'il n'arrive pas à écrire, celui qui le tourmente...Le lecteur averti n'a pas besoin de consulter la bibliographie du «lion» pour savoir qu'il n'a pas été écrit.
Ce qui est attachant, ce sont toutes les anecdotes d'une vie normale, même pour quelqu'un comme l'écrivain, reconnaissant mais pas dupe, des manigances de ses amis, pour lui faciliter ces dernières années.
Personnellement j'ai été ému de le retrouver, dans ce quotidien, fait de petits bonheurs à saisir, de difficultés, de cet attachement aux vraies valeurs.
Cet homme était capable d'admiration et surtout son humilité réchauffe le cœur à une période où les sans talent font la une de tous les médias existants, sont partout tout le temps.
Kessel était attentifs aux autres, jamais pontifiants...
Cela m'a rappelé mes heures de lectures à rêver ces pays lointains, ces hommes et ces femmes et ces histoires si luxuriantes et sauvages. Le tout fait de vraies valeurs.
La musique de ce récit est celle d'une voix étranglée par l'émotion de celui qui raconte, pour ensuite enfler sur des notes plus cocasses, et personnelles pour finir en sanglots car perdre un tel ami, pas facile.
C'est avec émotion que je referme ce livre en préparant mentalement les livres de Kessel que je vais relire.
Ce beau témoignage de Georges Walter nous aura redonner vie à son ami, tellement aimé et aura réhabilité sa femme Michèle disparue elle aussi en 1979, quelque mois après son Jeff.
Un beau complément à la magnifique biographie d'Yves Courrière.
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