Merdeille aurait pu me faire mourir de rire. Parce que mon rire s'est étranglé au fond de ma gorge, m'a sorti les tripes et crevé le coeur.
Merdeille est un conte mordant qui fait chanter le désespoir. L'écriture est acérée, poétique, prophétique. Elle ose tout, Merdeille, c'est un univers voisin de celui que construit Maurice Pons dans les Saisons. C'est l'histoire d'une vie dans la merde de Là-où-on-habite, un no man's land peuplé de ceux que l'on n'a pas jugés dignes de vivre Là-où-on-n-habite-pas.
On s'y entasse dans une gigantesque cité miséreuse.
Là-bas, y'a Kiki la brute qu'est une attraction à lui tout seul quand il fait voler les dents d'un seul uppercut.
Là-bas, y'a les fêtes du terrain de foot, y'a la castagne aussi, ça occupe et ça défoule.
Y'a l'alcool à 90°, on n'a rien trouvé de mieux pour voyager dans sa tête.
Y'a les yé-yé de Madame Fofana, si énormes et si moelleux qu'on se roulerait dedans.
Y'a le lac jaune, quand t'as envie de dépaysement, ses algues mangeuses d'hommes et ses poissons morts.
Y'a du taff, si t'es courageux: des rats plein les cages d'escalier, t'as qu'à te baisser pour les zigouiller. Empaillés, les riches de Là-où-on-n-habite-pas en raffolent. De quoi gagner 3 sous.
Et Y'a la cousine à Lulu aussi, qu'est belle comme un soleil et qui m'aime pareil que moi j'aime Lulu. Enfin, presque.
L'outrance ne fait pas oublier que Là-où-on-habite, ce pourrait bien être notre monde de demain, si on ne fait rien.
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