"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Merci à NetGalley et les presses de la Cité grâce à qui j’ai découvert ce roman.
La narratrice est une trentenaire, Claire, en permanence sur le qui-vive, ne se sentant jamais sereine. Dès qu’elle sort de chez elle, elle observe tout et tout le monde. Elle ne laisse jamais de place au hasard.
Lorsqu’elle est contactée par l’inspectrice Tiernan qui lui apprend que son père semble avoir été localisé, cette nouvelle replonge Claire dans un évènement traumatique qu’elle a vécu dans son enfance dont son père est responsable. Depuis ce jour qui a eu lieu 26 ans plus tôt, Claire et sa famille n’ont jamais revu leur père, un Lord riche, ayant des connaissances influentes.
Qu’est-il devenu pendant toutes ces années ? Où se cachent-ils ? Qui a bien pu l’aider à fuir ?
En plus de toutes ces interrogations, une question importante persiste dans la tête de Claire. Elle ne comprend pas le mobile qui a poussé son père à commettre un tel acte.
Se sentant traqués et en danger, Claire, son frère et leur mère ont refait leur vie sous une nouvelle identité dans un autre lieu, loin de Londres où se sont déroulés les faits. Cependant, cet évènement a laissé des traces indélébiles sur chacun des membres de cette famille.
J’ai bien aimé suivre l’investigation de Claire, son immersion incognito auprès des anciennes relations de son père dans l’espoir de le retrouver. Quand enfin le mobile est dévoilé, elle découvre une nouvelle face de la personnalité de son père, prêt à tout pour cacher ses plus abjectes secrets.
Claire doit prendre soin de son petit frère dépendant aux médicaments. Cependant, le timing des évènements nous montre que cette dépendance n’est pas directement liée aux évènements de leur enfance. Cependant, la descente aux enfers d’un drogué vécu par son entourage est bien décrite et on ressent l’impuissance de Claire face à ce fléau.
Claire se force à souligner l’injustice de la vie avec d’un côté, sa famille qui souffre au quotidien et qui peine à se construire et d’un autre côté, son père qui mène une vie normale en toute impunité, quelque part, caché et aidé par des personnes sans morale.
Claire à l'age de 8 ans a découvert sa nourrice assassinée dans la maison familiale. L'auteur présumé n'est autre que son propre père.
Durant des années, jusqu'à aujourd'hui, elle a recherché les traces de son géniteur, volatilisé juste après le meurtre et la tentative de meurtre de sa mère.
A travers les chapitres, on découvre la fragilité psychologique de Claire, ses angoisses, sa relation avec son frère, ses recherches pour trouver le meurtrier.
Je me suis un peu perdu au début du roman. On passe du présent au passé, du passé au présent, sans indication.
J'ai tout de même été intriguée par cette histoire, par la recherche, par le dénouement probable ou improbable, dont je ne dévoilerai pas la fin.
Ce roman m'a donné l'envie s'en savoir plus sur cette affaire, tirée d'un fait réel.
Ce polar nous raconte la vie de Nora, londonnienne qui prend le train tous les weeks ends pour se rendre chez Rachel, sa soeur qui vit à la campagne. Ce jour-là, lorsqu'elle arrive, elle découvre que sa soeur a été sauvagement assassinée et que son chien a été étranglé. Sonnée, elle décide de rester pour trouver celui qui a commis ce crime atroce et pour quelle raison.
Un polar qui se lit très vite. La description de l'état de choc et du flou dans lequel on peut être après m'a semblé très juste. On se prend d'amitié pour l'héroine tellement humaine. Une bonne surprise de lecture!
Quand sa sœur, Rachel, ne l’attend pas à la gare, Nora ne s’en formalise pas. Londonienne, elle se fait un plaisir de passer le week-end dans la campagne anglaise avec cette sœur dont elle si proche. Mais au plaisir du bon repas qu’elle imaginait déjà, se substituent des images d’horreur : une mise en scène macabre dans laquelle le chien de sa sœur est pendu et Rachel sauvagement assassinée. Nora prend alors la décision de s’installer dans le village de sa sœur pour faire le point sur cette affaire qui fait tristement écho à cet acte de violence dont Rachel a été victime par le passé. D’ailleurs, les deux affaires, sont-elles liées ? Une question parmi tant d’autres qui mèneront Rachel sur une pente glissante, la jeune femme semblant parfois perdre prise avec la réalité…
L’enquête à proprement parler n’est pas passionnante, du moins, du point de vue policier puisque les deux personnes en charge du dossier se montrent aussi incompétentes l’une que l’autre, l’une par manque d’objectivité, et l’autre par l’absence cruelle de clairvoyance et/ou de véritable implication. Mais tout l’intérêt du roman ne tient pas dans une enquête rondement menée, mais bien dans cette tension psychologique que l’autrice a su faire sienne. Devant le manque d’intérêt de la police pour le meurtre de sa sœur, Nora prend les choses en main et entre dans une sorte de spirale infernale où elle alterne entre les souvenirs de sa sœur, et le retour à la dure réalité dans laquelle sa sœur n’est plus. Entre les deux, il y a les découvertes qu’elle fait petit à petit sur cette personne qu’elle pensait connaître de A à Z, mais qui lui réserve finalement quelques surprises. La vie de Rachel telle que l’imaginait Nora se fissure au fur et à mesure de son enquête, ce qui ne pourra que venir épaissir le mystère autour de sa mort et rendre la douleur de sa perte encore plus difficile. Quand la personne que vous aimiez le plus au monde vous cachait des choses, comment ne pas se sentir désemparé, voire blessé ?
Si j’ai beaucoup apprécié le roman au point de le lire d’une traire une nuit d’insomnie, j’ai regretté que l’autrice ne prenne pas le temps de développer un peu plus les personnages secondaires, et notamment deux personnes qui avaient tout le potentiel pour ajouter une touche supplémentaire de tension et de suspense. Alors qu’ils sont supposés semer le doute dans l’esprit de la police, de Nora et des lecteurs, je n’ai pour ma part pu m’empêcher de regretter un manque criant de charisme. Toutefois, je comprends le choix de l’autrice de se focaliser principalement sur Nora et sa sœur, la relation complexe entre les deux femmes étant, quant à elle, brillamment dépeinte. Rachel est morte, mais on ressent encore de manière poignante et indiscutable la force des liens qui l’unissaient à Nora. Cela permet de comprendre un peu mieux l’obsession de Nora pour l’enquête et les mesures qu’elle est prête à prendre pour connaître la vérité, toute la vérité, quitte à réveiller des traumatismes du passé et les peurs qui y sont associées.
D’ailleurs, en plus des liens familiaux, les traumatismes et la difficile (re)construction de soi semblent être au cœur du roman. Les deux sœurs ont vécu un traumatisme durant leur jeunesse, l’une en tant que victime directe, l’autre en tant que « dommage collatéral ». Les deux jeunes filles, devenues femmes, se sont donc construites autour de ce choc, ce qui leur a permis d’avancer dans la vie tout en les enfermant paradoxalement dans une sorte de prison. À trop revivre le passé, difficile de construire le présent ! Toutes les deux obsédées par l’idée de retrouver le bourreau de Rachel, il s’est noué entre elles, une relation qui m’a semblé quelque peu malsaine comme si les deux soeurs étaient liées par la douleur plutôt que le bonheur… Mais si l’on considère la mort brutale et sanguinolente de Rachel, peut-être que le drame fait finalement partie intégrante de la vie de ces deux sœurs.
Narré du point de vue de Nora, le récit est prenant et immersif, car si Nora n’est pas particulièrement attachante, elle arrive à captiver le lecteur par ses allers-retours entre présent et passé, entre les bons et mauvais souvenirs, et ce présent où Rachel, malgré sa mort, continue à jouer un rôle crucial dans la vie de sa sœur. Il est parfois déstabilisant de suivre les cheminements de pensée de Nora qui saute d’une époque à l’autre, mais ses souvenirs, distillés avec efficacité, forment la trame du roman, un roman dans lequel transparaît tout le poids des secrets, des liens du sang, des traumatismes, du deuil et de la solitude. À travers son récit, Flynn Berry évoque également, même si c’est de manière succincte, les violences faites aux femmes comme cette violence domestique que chacun préfère ignorer quand le bourreau est quelqu’un de respecté ou encore, le viol et les accusations à peine voilées transformant la victime en coupable.
Tous ces thèmes forts et difficiles sont renforcés par l’ambiance pesante qu’a su instaurer l’autrice. Sans être claustrophobe, on se sent étouffer dans ce village qui prend presque vie sous nos yeux grâce aux descriptions de Nora. On retrouve cette ambiance à la Broadchurch avec cette impression oppressante qui se dégage du temps, des rues, du confinement propre aux petits villages dans lesquels tout le monde pense se connaître alors que des secrets, parfois terribles, couvent entre les murs des maisons…
Enfin, au-delà de la tension psychologique omniprésente, l’autrice a veillé à offrir à ses lecteurs un certain suspense. Ne vous attendez pas à un suspense haletant, mais plutôt le genre de suspense qui vient titiller votre curiosité tout en vous laissant le temps d’appréhender l’histoire dans son ensemble et de réfléchir aux indices qui vous sont progressivement dévoilés. Les choses s’emballent dans les derniers chapitres, et à mesure que l’étau se resserre autour de l’assassin de Rachel, on se rend compte de la manière dont l’autrice a su brouiller les pistes. Il m’a ainsi fallu un certain temps avant d’identifier l’assassin de Rachel…
En conclusion, Flynn Berry a su dès le départ attiser ma curiosité à travers une plume simple, mais efficace qui n’appelle à rien d’autre qu’à se laisser prendre par la main pour entendre l’histoire de Nora et de Rachel, deux sœurs à la relation aussi fusionnelle que complexe. Et ça marche, dès les premières lignes, on se laisse embarquer dans le récit sans se poser de questions, on écoute attentivement les confidences de Nora qui alterne entre ses souvenirs et ses suspicions quant à l’identité du meurtrier de sa sœur, on savoure la tension psychologique qui se dégage presque toute seule des pages… En d’autres termes, on dévore ce roman qui dispose de tous les éléments indispensables à la réussite d’un thriller, et accessoirement, d’un page-turner.
Chronique disponible sur mon blog https://lightandsmell.wordpress.com/2018/10/10/lassassin-de-ma-soeur-flynn-berry/
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