Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Butter a 16 ans, il fait 192 kilos. Son addiction : la nourriture. Mal dans son corps, mal dans sa peau, il décide de mettre fin à sa vie en direct sur Internet de façon originale : manger manger manger jusqu'à en crever. Son dernier repas aura lieu le soir du Nouvel An. Qui regardera ?
En découvrant le résumé, je m'attendais à lire un roman dénonçant le harcèlement scolaire, à découvrir un ado mal dans sa peau nous racontant tous les malheurs et les tourments qu'il subit depuis qu'il est obèse. Je pensais lire les propos rageurs d'un dépressif. Mais en réalité non. Bon ok, Butter n'a pas vraiment d'amis, pas de vie sociale hyper épanouie, son poids y est pour beaucoup. Mais comme il le dit lui-même, il ne subit pas le harcèlement scolaire à proprement parler. C'est-à-dire qu'au début de son obésité, c'est sûr qu'il en a entendu. Mais à présent qu'il a dépassé un cap aux yeux de ses camarades, son obésité est devenu pathologique et ne prête pas à rire. Donc il n'est plus embêté. Ce qu'il subit surtout, ce sont les regards dans lesquels il lit de la pitié. C'est sûr que ça ne l'enthousiasme pas. Mais on est surtout en présence d'un ado qui se cherche, qui est apathique dans sa vie, qui n'essaie rien, un ado qui cherche un peu de reconnaissance et d'affection de la part de son entourage (quête de beaucoup d'ados), mais il s'y prend mal. Donc on ne lit pas une complainte, et j'en suis plutôt contente, juste un récit de vie dans lequel Butter est assez lucide sur la situation : il n'incrimine pas les autres en totalité.
Entre le moment où Butter fait son annonce et le Nouvel an, il se passe un mois. Et le récit se concentre donc sur ce mois-là. Sachant qu'il ne lui reste qu'un mois à vivre, il va lister les choses qu'il aimerait faire une dernière fois (voire une première fois…), il va se bouger. Et de par ce défi (stupide, il faut le dire), sa cote de popularité monte en flèche au lycée (ce à quoi il ne s'attendait pas du tout) et des gars cool qui ne prêtaient pas attention à lui commencent à lui parler et à l'inclure dans leur cercle d'amis. Et la question qui nous tient tout au long du roman, c'est : va-t-il le faire ou non ?
Plusieurs questions de réflexion à l'issue de cette lecture : pourquoi attendre de savoir que l'on va mourir pour commencer à vivre ? Pourquoi faut-il attendre que quelqu'un lance ou fasse un truc hyper hard pour s'intéresser à lui ? Mentir aux autres, mentir à soi-même : quelles conséquences ? Qu'est-ce qu'un véritable ami ? Il y a aussi une interpellation des consciences : j'apprends qu'un de mes camarades de classe s'apprête à faire un truc débile et dangereux, dois-je me taire ou parler ? La leçon que je retiens surtout du livre, valable pour tous : ne pas s'arrêter aux apparences, on ne doit pas s'empêcher de se lier d'amitié avec quelqu'un juste parce qu'il ne correspond pas à nos critères physiques.
C'est un roman de littérature jeunesse, et je trouve que pour les jeunes, qui sont justement dans cette période à la fois riche et difficile de l'adolescence, en phase de doute, de quête d'eux-mêmes, ces petites réflexions induites par le roman sont les bienvenues.
Alors, le livre est là pour nous faire accepter les gens tels qu'ils sont, mais attention, il n'est pas là pour cautionner l'obésité. Les camarades de Butter doivent faire des efforts dans la façon dont ils se permettent de juger, mais Butter doit en faire aussi par rapport à son poids. D'ailleurs le jeune héros le fait lui-même remarquer, de gros soucis de santé découlent d'un poids aussi important. Il doit reprendre les choses en main, il y va de sa santé.
Une lecture qui n'a pas déclenché en moi d'émotions particulières mais que j'ai trouvé sympathique et que je recommande pour les ados ne serait-ce que pour les réflexions que l'on peut en tirer
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