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Il aura fallu 71 ans pour que ce roman traverse l’Atlantique et soit traduit et publié en France. Lorsque l’on lit l’éloge d’Hemingway, on ne peut que dire merci aux éditions Zulma de l’avoir publié.
Nous sommes dans les années 1920 à Cuba. Les Etats-Unis saignent le pays à blanc ; la peur, la pauvreté, la peur de la pauvreté, une inégalité sans pitié règnent. Enrique Serpa déroule la trame de son histoire comme un roman noir. L’intrigue se situe dans les bas-fonds de La Havane où se côtoient prostituées, pêcheurs, arnaqueurs, joueurs, marins en escale ou pas, tous ivrognes ou peu s’en faut.
L’Amiral, patron de la Buena Ventura, fils de bonne famille, abruti par dix années « de rhum et de lupanar » n’a plus un radis et succombe aux sirènes de la contrebande avec son capitaine, le bien-nommé « Requin ». Deux personnages viscéralement opposés : la veulerie de l’Amiral versus la dureté du Requin.
Enrique Serpa décrit de façon magistrale l’Amiral. Les scènes d’hallucination alcooliques, ses atermoiements sont très visuels. Enrique Serpa écrit comme un peintre peint ses tableaux. Sa palette est multicolore, sensuelle, violente, réaliste, poétique avec, en toile de fond, les prémices de la révolution.
Un livre fort au foisonnement réaliste avec des trilles poétiques, un texte âpre, une écriture superbe qui n’est pas sans rappeler les auteurs haïtiens Lyonel Trouillet et Jacques Roumain.
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