"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Yves Mabon dont j'apprécie la pertinence depuis le jury Orange 2009 m'a recommandé la lecture de ce coup de cœur déniché dans la production du début 2012, c'est une belle trouvaille !
Au début du XXe siècle (guerre mondiale incluse), une famille industrieuse et bourgeoise est saisie par la meurtrissure, la folie et le deuil, le roman fait le récit des stations du calvaire.
La quatrième de couverture évoque la filiation du livre à de grands auteurs : Chardonne et Mauriac... Ce n'est pas une vaine promesse, il est dans cet univers et à ce niveau de qualité ; plus du côté du premier que du second à mon sens, les âmes échappant à la noirceur de celui-ci – la grand-mère est confite dans ses fantasmes de patricienne mais elle est moins méchante que pathétique, le beau-frère plus balourd que mauvais.
Alors oui, Chardonne, Les Destinées sentimentales notamment : la douceur d'une verte province, la saga d'une famille respectée, le savoir-faire artisan d'une manufacture, le tact des relations humaines, le quant-à-soi d'une classe à son meilleur, entre éternité et rigueur, l'enfermement d'une éducation..., le tout porté par une écriture mesurée, élégante, discrète. On sait que Chardonne est considéré comme l'un des meilleurs stylistes de notre langue au siècle dernier, il n'est pas donné au premier venu (à la première venue) d'appeler la comparaison.
Elise Galpérine devra confirmer, on devient rarement écrivain d'un coup, la plume s'oublie parfois mais il faut dores et déjà profiter de l'aubaine. Elle-même, Gaëlle Josse, Carole Martinez, Cécile Coulon : de nouveaux talents féminins montent délicatement en ligne, loin des coteries germano-pratines !
C'est un roman écrit tout en finesse, autant pour le style que pour la manière d'aborder les personnages : beaucoup de non-dits, beaucoup d'allusions, beaucoup de fragilités des uns et des autres. Les relations entre eux sont adroitement décrites, parfois de la tendresse, parfois de la jalousie, parfois même une once de moquerie. Une écriture élégante, fine, très joliment travaillée qui place ce récit totalement en phase avec son époque et la condition des gens qu'il décrit. Vraiment, je suis tombé sous le charme de l'écriture d'Élise Galpérine. Pour la petite histoire, lorsque Vincent des Agents Littéraires m'a proposé le livre j'ai hésité et j'ai accepté pour changer un peu des polars (très bons, certes) qu'il me propose habituellement, et fort heureusement pour moi ! Un dernier conseil pour la route ? Arrêtez immédiatement vos lectures et plongez dans ce roman immédiatement, si vous passez à côté, vous le regretterez !
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