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Un des plaisirs avec la bande dessinée est qu’elle peut nous faire voyager partout dans le monde. En Europe avec entre autres la franco-belge, Outre-Atlantique avec le comics, en Asie avec le manga (Japon), le manhua (Chine) ou le manhwa (Corée), des destinations nous sont maintenant familières. Mais qu’en est-il de la bande dessinée africaine ou du Moyen-Orient ?
Lors du dernier festival Quai des Bulles 2024, un focus a été mis sur la création africaine (bien souvent réalisée en webtoon pour des questions économiques) avec la présence d’auteurs et autrices venus de treize pays africains.
Deena Mohamed est elle une jeune autrice de bande dessinée égyptienne. Après Qahera, son premier webcomic réalisé en 2013 à l'âge de 18 ans, elle a utilisé ses recherches faites dans le cadre de sa thèse en design graphique pour créer Shubeik Lubeik. Cette trilogie de romans graphiques est sortie à partir de 2017 en Egypte. Elle a d’ailleurs reçu le Grand Prix du Festival Comix du Caire en 2017, pour le premier tome.
Shubeik Lubeik signifie “Vos désirs sont des ordres”, phrase prononcée par tout bon génie sortant de sa lampe. Dans ce récit, Deena Mohamed a inventé un monde où les vœux pouvaient s’acheter.
Il en existe même trois catégories. N’ayant pas la même valeur financière, il va de soi que les vœux de première catégorie sont éminemment plus efficaces que ceux de la troisième.
Ces derniers sont d’ailleurs appelés des “Delesseps” ! Comme pour mieux railler le diplomate à l’origine de la construction du Canal de Suez.
Cette trilogie en noir et blanc nous permet donc de faire connaissance avec Aziza, Nour et Shokry, tous trois détenteurs d’un vœu de première catégorie. Mais quelle utilisation vont-ils bien pouvoir faire de cette incroyable opportunité qui leur est offerte ? Un choix qui va donc se révéler cornélien en raison des conséquences que ce vœu pourrait avoir sur la vie future de ces trois personnes et de leur entourage.
Une lecture très instructive qui, grâce à l’ingéniosité et la maturité de Deena Mohamed, met en exergue les travers de la société égyptienne d’aujourd’hui.
Roman graphique dystopique qui offre un univers riche, original et remarquable. Des voeux comme dans Aladin mais que l'on achète, commercialisés dans le monde entier et il en existe de plusieurs catégories. Des règles internationales les régulent, notamment ceux de troisième catégorie qui sont moins chers donc de moins bonne qualité et qui peuvent amener à des complications. Tandis que les vœux de première catégorie sont les plus aboutis et donc les plus chers. Shokri qui a depuis longtemps dans ses stocks trois vœux de première catégorie décide de les vendre dans son kiosque au Caire. S’entremêlent ainsi les histoires d’Aziza, Nour et Shokry qui vont rentrer en introspection pour changer leurs vies grâce à ces vœux.
Le livre adapté en français se lit de droite à gauche pour conserver sa logique de lecture en langue arabe. Une lecture fluide, des fiches infographiques pour la géopolitique des vœux.
Des graphismes fluide, de la couleur du noir et du blanc. On aborde les sujets de la dépression, la lutte des classes, la colonisation et la mondialisation.
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