"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Gros coup de cœur pour ce roman jeunesse prêté par ma fille.
On y suit le voyage de Coyote et son papa Rodéo qui vivent une vie nomade à l'intérieur d'un bus et traversent ainsi les États-Unis.
Voyage ou fuite? Seul le roman vous le dira. En tout cas, un coup de fil reçu par Coyote va chambouler les plans de cette famille peu ordinaire. Entre rencontres impromptues et déterminantes, ce roman est un magnifique roman sur l'amour d'un père pour sa fille et vice versa mais aussi sur le deuil, l'entraide et l'amitié.
C'est sans nul doute un roman qui laisse son empreinte et qui mérite d'être mis entre toutes les mains.
Durant toute mon enfance, puis mon adolescence, je me suis demandée ce que cela faisait, d’avoir des amis. Cela me semblait absolument merveilleux, fabuleux, mais à quel point ? A quoi ressemblait la vie avec un ami ? Moi qui ne connaissais, au mieux, que la solitude et, la plupart du temps, le rejet pur et simple de la part de mes « petits camarades de classe », je peinais à imaginer ce que ça pouvait être, d’être non seulement acceptée mais aussi appréciée. Je rêvais de cette Amitié, sans vraiment savoir ce que je cherchais véritablement, sans vraiment oser espérer la trouver un jour : j’ai appris à me méfier des espoirs et des rêves, car plus on les nourrit, plus on est déçu lorsqu’ils sont brisés. Et puis, alors que je pensais avoir fait le deuil de cette Amitié qui m’apparaissait de plus en plus illusoire, la vie a placé sur mon chemin de vraies amies. De ces amitiés discrètes mais solides, sans aucun doute moins « fusionnelles » que celles dont on rêve enfant, mais autrement plus profondes et indispensables. Désormais, je peux répondre à la question qui m’a si longtemps taraudée : avoir des amis, c’est encore plus merveilleux, fabuleux, que je ne l’imaginais. Il y a quelque chose de magique dans le fait de recevoir, un beau matin, un petit colis de livres car une amie a senti qu’on n’avait pas le moral, même si on ne lui a pas dit clairement … Et il y a quelque chose d’encore plus magique quand cette amie a su trouver exactement les livres dont on avait besoin pour aller mieux. Alors mille mercis, Aurélia, d’être une si bonne amie, merci, merci, merci !
En l’espace de cinq ans, Coyote, treize ans, a fréquenté plus de stations-services, aires de repos, portions d’autoroute ou parkings que tous les autres adolescents de son âge n’en verront de toute leur existence : depuis cinq ans maintenant, Coyote et son père – pardon, son Rodeo – sillonnent les routes à bord de leur bus scolaire réaménagé en maison ambulante. Cinq ans à rouler d’un bout à l’autre des Etats-Unis au gré de leurs envies, sans jamais jeter un seul coup d’œil en arrière : l’important, c’est ce qu’il y a devant, pas question de ressasser sans cesse le passé, celui-ci est bien et bien terminé et n’apporte rien de bon. Cinq ans de petites habitudes bien rodées, de petits rituels bien exécutés. Jusqu’au jour où tout a commencé à déraillé. Tout d’abord, il y a eu Ivan : le plus adorable petit chaton que le monde ait jamais porté, et que Coyote a adopté sur un coup de tête sur le parking d’une station-service, sans demander la permission à Rodeo, qui aurait à coup sûr désapprouvé la présence de ce petit animal dans son bus, et plus encore le besoin de Coyote de se lier à un autre être vivant que lui. Et puis, il y a eu l’annonce fracassante de sa grand-mère, au téléphone : le parc de sa ville natale va être détruit, pulvérisé par des bulldozers implacables, qui n’ont absolument aucune idée du trésor qui se cache au creux des racines d’un des arbres. Et il est absolument hors de question pour Coyote de les laisser faire cela … Mais comment convaincre Rodeo de retourner là-bas, là où tout a basculé, lui qui refuse catégoriquement de laisser le moindre souvenir refaire surface ?
Attachez bien vos ceintures : ouvrir ce livre, c’est plonger dans un road-trip des plus mouvementés en compagnie d’une « joyeuse » équipée haute en couleur. Il y a tout d’abord le « noyau dur » : Coyote et Rodeo. Ils sont tout l’un pour l’autre … sauf peut-être ce qu’ils devraient être : un père et sa fille. Terrassés par le drame qui les a jeté sur les routes il y a cinq ans, ils refusent (ou plutôt, Rodeo refuse, Coyote brave parfois cet interdit) d’évoquer ou même de penser à leur passé. De se souvenir de ce qu’ils ont perdus. De ce qu’ils étaient avant que la vie ne les transforme en quelqu’un d’autres : ils étaient un père, un mari, une fille, une sœur, et ils ne sont plus qu’un homme veuf et sa fille orpheline de mère. Amputés d’une partie de leur identité. Mais tâchant de se convaincre qu’ils s’autosuffisent, qu’ils sont très bien tous les deux, qu’il leur suffit de veiller l’un sur l’autre et de veiller à ne jamais laisser le passé les rattraper. Et pour cela, la meilleure solution, c’est de fuir. De rouler. Sans jamais s’arrêter plus de quelques heures. De se laisser porter par leurs envies du moment, pour ne pas s’attarder trop longuement sur ce dont ils ont envie plus profondément. Mais voilà qu’un caillou se glisse dans l’engrenage : un caillou gros comme des bulldozers, gros comme un projet immobilier. Un caillou gros comme une promesse à tenir coûte que coûte. Gros comme une petite boite à souvenirs enfouis bien profondément dans la terre, et que Coyote se doit d’aller déterrer. Même si c’est interdit. Surtout si c’est interdit. Car Coyote a beau aimé son Rodeo, elle aurait parfois besoin de son Papa …
Mais Coyote et Rodeo ne vont pas rester seuls bien longtemps : nomades au grand cœur, ils n’hésitent pas à ouvrir grande la porte du bus aux voyageurs embarrassés, aux âmes en peine. Et c’est ainsi qu’Ivan, le premier, se fait sa petite place sur le tableau de bord. Ivan le chat, personnage à part entière de ce roman : il représente la première « infraction » de Coyote aux règles bien tranchées de Rodeo. Ne pas s’attacher. Surtout pas à une petite boule de poils qui va crotter partout dans le bus. Mais Ivan est un chat « incroyablement raisonnable et propre pour son âge », alors il a eu le droit de rester. Et non, sa petite bouille adorable n’a absolument pas contribué à faire craquer Rodeo … pas du tout. Et puis, Lester est arrivé. Musicien tourmenté par une histoire d’amour compliqué, il doit absolument se rendre chez sa Tammy pour tâcher d’arranger les choses. Coup de chance pour Coyote, la destination de Lester rapprochera le bus de sa destination à elle en toute discrétion, et en plus, il a le permis (et on avale plus de kilomètres à la journée avec deux conducteurs qu’un seul). Quelques questions plus tard, Lester est accepté à bord. Et s’entend comme larron en foire avec Rodeo. Et puis, voici que Salvador et sa mère rejoignent la petite troupe, fuyant un homme violent et courant après un nouveau travail : Coyote se fait la réflexion que même s’ils sont est de plus en plus à l’étroit dans le bus, ils commencent à ressembler à une drôle de famille, et ce n’est pas si désagréable que cela. D’autant plus que Salvador a tout du meilleur ami idéal : lui aussi a des regrets plein le cœur, et déteste être pris en pitié. Et il ne laisse jamais tomber ceux qu’il aime. Bon point, très bon point. Il ne manque plus que Val, jeune fille chassée de chez elle, et Gladys, dont je ne dirai rien de plus, pour compléter cette improbable compagnie aux quêtes diverses et variées, mais finalement si similaires.
Car ils sont tous un peu cabossés par la vie, chacun à leur manière. Ils cherchent tous à recoller les morceaux de leur existence, sans trop savoir comment. Ils étaient seuls avec leurs peines et leurs doutes, et les voici tous embarqués dans la même galère. Une galère de luxe, avec des plans de tomates à la fenêtre et un chat-thérapeute des plus efficaces (et même une terrasse de toit pour hurler au vent ses secrets les plus intimes, lorsqu’ils deviennent trop lourd à porter pour un petit cœur brisé). Mais une galère tout de même : la vie est parfois une sacrée galère. On avance, ou du moins on essaye, tandis que des vents contraires (les petites et grosses tragédies, les petits et gros problèmes, les petites et grosses peines) vous rejettent sans cesse en arrière. Et on lutte, inlassablement, persuadés que le seul moyen de venir à bout de ces tempêtes est de foncer dans le tas, de foncer dans le brouillard, alors que, peut-être, on devrait accepter d’être rejeté sur le rivage, là d’où on vient, pour rafistoler un peu notre bateau avant de reprendre la mer. De reprendre la route. De reprendre le cours de son existence, regonflé à bloc après avoir fait la paix avec notre passé. Avec nos racines. Qui s’entremêlent aux racines des autres, car c’est ainsi dans les forêts : les arbres sont tous reliés les uns aux autres, dans une immense toile d’entraide et de soutien. Un arbre isolé ne pousse pas. Un arbre entouré se dresse vers le ciel, soutenu par les dons de sève de ses voisins. On a tous un peu des autres en nous, même si on aimerait parfois s’autosuffire, ne pas dépendre de quelqu’un qui pourrait à tout instant nous être arraché. Mais Coyote et ses compagnons de route vont vite comprendre qu’ensemble, on est plus forts …
En bref, je pense que vous l’aurez bien compris : il ne m’a fallu que quelques chapitres pour pouvoir affirmer que ce roman serait un fabuleux, un merveilleux, un absolu coup de cœur. Comment pouvait-il en être autrement ? J’aime les personnages un peu fantasques et cabossés à la fois, j’aime les récits doux-amers, durs et doux à la fois, les romans qui font rire et pleurer tout en même temps. Les histoires qui prennent aux tripes, qui chamboulent, qui bouleversent. Les histoires qui transforment, qui métamorphosent : celles qui nous aident à cheminer dans la vie, parce qu’elles font échos à nos propres doutes, nos propres peurs, nos propres peines. Celles qui redonnent le sourire, qui redonnent des forces, qui redonnent courage. Celles qui tissent un petit cocon de douceurs et de douleurs entremêlées, les premières adoucissant les secondes, les secondes affermissant les premières. Celles qui nous rappellent que même si la vie, parfois, semble prendre un malin plaisir à nous piétiner, à nous cabosser, c’est aussi la vie qui place sur notre chemin ceux qui sauront panser nos blessures et nous aider à aller de l’avant. Celles qui nous rappellent que « le voyage est parfois plus important que la destination », que les imprévus font partie intégrantes de l’existence, mais qu’il ne faut pas les laisser nous arrêter, que les détours sont parfois plus beaux qu’une route bien droite. Et que les amis, c’est un des cadeaux les plus précieux que la vie nous fait : ça, je m’en étais bien rendu compte, justement parce que c’est une amie qui me l’a fourré entre les mains, ce roman sublime ! Alors qu’attendez-vous pour vous l’offrir, et l’offrir à vos amis ?
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2022/03/lincroyable-voyage-de-coyote-sunrise.html
Un voyage décapant à bord d'un bus scolaire réaménagé.
Embarquez avec Coyote et Rodéo pour un road-trip complètement dingue à travers les Etats-Unis !
Mêlant folie et sensibilité, ce roman est une véritable évasion.
Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour ma chronique du roman L'incroyable voyage de Coyote Sunrise signé Dan Gemeinhart. Dès le départ, avant même d'en débuter la lecture, je savais que ce titre était fait pour me plaire - ce que ma découverte des toutes premières lignes de l'ouvrage m'a confirmé. Sa couverture et son résumé m'invitaient à prendre la route pour le plus extraordinaire et bouleversant des retours à la maison, là où le coeur réside... Et c'est effectivement ce que j'ai obtenu, et bien plus encore !
Pour être tout à fait honnête avec vous, je me retrouve bien embêtée à rédiger ces lignes, tout simplement parce que je ne sais pas comment décrire ce roman de façon à vous le vendre le mieux possible. Très sincèrement, vous vous devez de vous le procurer séance tenante et de vous y plonger, vous verrez, vous ne parviendrez pas à en ressortir. Et quand il vous faudra dire au revoir à ses personnages aussi exceptionnels et à l'aventure tout bonnement magnifique qu'il vous propose de vivre, vous vous sentirez mal, à la limite du malaise, avec la gorge serrée, les yeux pouffis et le coeur prêt à imploser de votre poitrine. Pour ma part, j'avais l'impression de quitter ma seconde famille.
Je sais, je vous le dis souvent que j'aime les protagonistes d'encre et de papier que je rencontre au fil de mes pérégrinations livresques comme s'ils faisaient partie de ma famille, mais c'est la pure vérité. Et avec L'incroyable voyage de Coyote Sunrise, cela s'est révélé être différent encore. J'entends par là que les merveilleux protagonistes de ce récit m'ont fait comprendre que l'on pouvait en réalité choisir sa véritable famille, celle qui va au delà des simples et parfois même rudimentaires liens du sang, celle qui est prête à nous protéger bec et ongles et à nous soutenir quoi qu'il arrive, quelles que soient nos décisions. J'ajouterais que tous ces fabuleux individus qui constituent la colonne vertébrale indéfectible de L'incroyable voyage de Coyote Sunrise m'ont semblé le temps d'une lecture et je dirais carrément de toute une vie désormais, je n'en doute pas un seule instant, être plus ma famille que n'importe quel autre personne sur cette Terre (à l'exception d'une, bien évidemment) et ça, ce sentiment d'appartenance, d'authentique communion, d'amour incommensurable, je ne l'avais jamais ressenti auparavant au cours d'une de mes lectures. A tout le moins, jamais aussi fortement.
Mais que puis-je y faire ? Ils sont tous parvenus, Coyote en tête (et Salvador aussi, quel garçon formidable, probablement le meilleur meilleur ami qui soit - mais en vrai, je suis tombée éperdûment amoureuse de chaque personnage de ce récit ou presque, c'est un fait indéniable), à me faire chavirer, à littéralement me bluffer grâce à leurs remarquables qualités : un courage sans limites, une audace impressionnante, un culot just ahurissant, une abnégation sans bornes et une détermination sans pareille entre autres nombreux attributs hautement louables. C'est la plus mémorable et soufflante leçon de vie que je me suis prise à leurs côtés. C'est simple : ce roman m'a appris à renouer avec le passé afin de mieux profiter de mon présent et de regarder vers l'avenir l'esprit serein. Il m'a aussi enseigné les bonheurs comme les souffrances de l'existence méritent d'être célébrés car c'est purement et simplement ce qui nous rend vivants. Enfin, et c'est certainement la leçon que j'aurai le plus de mal à mettre en application mais je vais m'y efforcer : il m'a appris qu'ouvrir nos coeurs aux autres en valait toujours la peine, même si le risque d'atrocement souffrir était toujours présent. On ne peut pleinement faire l'expérience de notre humanité et de toutes ses nuances replié sur soi-même et sur ses propres démons intérieurs. Et l'étincelle d'humanité qui vit en chacun de nous vaut la peine que l'on se batte pour la faire rayonner, j'en suis intimement convaincue. Ce roman me l'a clairement prouvé, en tout cas.
Pour conclure, je ne peux que vous encourager à découvrir par vous-même L'incroyable voyage de Coyote Sunrise. De mon côté, ce livre a été à la fois la plus revigorante bouffée d'air frais étendue sur 416 pages qui soit et la montagne russe émotionnelle la plus intense de toute ma vie de lectrice, j'exagère à peine. En clair, préparez-vous si vous lisez cette petite pépite livresque à vivre une aventure humaine des plus lumineuses, chaleureuses et rocambolesques aussi. Ce livre est une ode à la vie et à l'Amour sous toutes ses formes, tout simplement, et vous n'en ressortirez assurément pas indemnes, aussi sûrement que l'on m'appelle Nanette par ici !
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