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Clive Barker, le seigneur et maître de l'épouvante, dans son premier roman. Pas l'épouvante de supermarché, ou le slasher nerveux, décomplexé, mais la terreur insidieuse, totale, irrémédiable. Celle qui hante les corps, les âmes, les petites histoires (de tous) et la grande Histoire (de chacun), mais aussi les cœurs. Une épouvante sans retour faite de pulsions, de sadisme, de sang et de stupre, où les limites sont (très) floues entre ce qui tient du désir et du plaisir et de la souffrance et du désir de mort. Un très beau texte, offert dans l'écrin d'une écriture complexe pourtant très coulante, celle du poète-plasticien Barker, au meilleur de sa forme.
Et pour ceux qui se poseraient les questions, se dessinent bien, en filigrane, la toile des tableaux aussi magnifiques que terrifiants que seront plus tard IMAJICA, HELLRAISER ou LES LIVRES DE SANG.
À déguster.
La base. Le piédestal. Ou au moins, la première marche aux Monuments de ce genre-là d'horreur. L'horreur indicible, profonde, orgasmique et totale. Définitive. Une mise en bouche adéquate dans l'univers dément des Cénobites.
Jusqu'à récemment, j'étais persuadé que Clive Barker était uniquement réalisateur. À mes yeux, il était associé à "Hellraiser" et aux Cénobites, ces créatures difformes que j'avais découvertes à l'adolescence dans plusieurs longs-métrages. J'ai d'ailleurs vu "Hellraiser : le pacte" lorsque j'avais quinze ou seize ans et j'en garde un souvenir assez précis. Ce qui est moins le cas des suites que j'ai pu voir.
Mes certitudes ont été balayées il y a quelques mois lorsque j'ai commencé à remarquer sur Babelio des critiques écrites sur des romans de Clive Barker. Cela m'a immédiatement intrigué et j'ai pu découvrir sa plume le mois dernier par le biais d'une nouvelle parue dans l'anthologie (très moyenne) "13 histoires diaboliques". Le résultat étant plus que satisfaisant, j'ai donc décidé de poursuivre la découverte en optant par la facilité, à savoir un court roman dont je connaissais déjà l'histoire.
Soyons clair d'emblée, ce n'était pas forcément la meilleure des idées. Comme je le disais en amont, j'ai un souvenir plutôt précis du long-métrage et, si la lecture a été plutôt agréable, j'ai été "pollué" par les images du film. Les acteurs, les décors, les grandes lignes de l'histoire, bref mon imagination a été réduite à son strict minimum.
J'ai toutefois apprécié la plume de l'auteur, ses métaphores, cette façon de transformer un drame conjugal en drame surnaturel. Il faut avouer également que la situation de départ est originale, que le puzzle de Lemarchand recèle un potentiel littéraire conséquent, suffisamment en tout pour espérer un roman plus long. Ce n'est que mon point de vue après tout et puis, avec son pendant cinématographique, "Hellraiser" a visiblement contenté l'imaginaire des amateurs du genre quand on constate la popularité toujours vivace des Cénobites, plus de trente ans après leurs premiers méfaits.
Pour ma part, j'aurais apprécié d'en savoir plus sur le cube, son histoire, le sens du puzzle, de découvrir les liens entre Kirsty et Rory. Comment se sont-ils rencontrés, jusqu'à quel point ont-ils été proches ? Et Frank ? Clive Barker évoque un peu son passé en introduction, les chemins qui l'ont mené jusqu'au puzzle mais on survole sans approfondir le profil du frère de Rory.
"Hellraiser" m'a donc laissé sur ma faim. Le contexte d'écriture explique sans doute la raison pour laquelle Clive Barker a choisi ce format de court roman, mais je ne peux m'empêcher de croire que Rory, Kirsty et consorts méritaient un plus long développement. C'est peut-être ça la qualité de ce roman. L'univers esquissé dans "Hellraiser" est si large que c'est au lecteur d'imaginer les événements passés, présents et à venir. Mouais...
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