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Maltraités par l’agriculture classique depuis des années, nos sols ne sont plus aussi fertiles qu’avant 1918, période où les usines de munitions militaires se reconvertirent en production d’engrais chimiques. L’utilisation abusive de tous les pesticides et autres engrais détruit la microflore et toute la faune des sols dont les précieux vers de terre qui l’aèrent et toutes les autres bestioles qui l’enrichissent de mille manières. De plus, l’utilisation d’engins agricoles de plus en plus lourds compacte la terre. Les labours profonds qui exposent la terre à la pluie et au soleil sont aussi une cause de la disparition de la matière organique et de la stérilisation des sols cultivables. Il est grand temps de comprendre l’importance de la faune, de la micro-faune, des champignons et de tous les micro-organismes qui participent à la fertilité naturelle des champs. Le couple Bourguignon, ingénieurs agronomes, en appelle donc logiquement à un abandon de ces méthodes de culture sans avenir et à passer à une nouvelle gestion des sols, plus respectueuse du milieu, sans labour profond et avec semis direct sous couvert végétal, ce qui représente une véritable révolution mentale, une prise de conscience douloureuse pour un monde paysan très obnubilé par les rendements car ne parvenant plus à vivre décemment du fruit de son labeur…
« Le sol, la terre et les champs » est un essai en forme de plaidoyer pour une agriculture plus douce, plus respectueuse de l’environnement et plus qualitative. Les auteurs ne se cantonnent pas à une étude de l’érosion des sols et de leur stérilisation. Ils élargissent leur propos à tous les aspects de la ruralité. Ils déplorent que le paysan, mal conseillé, se soit transformé en « exploitant agricole », qu’il ait cédé aux sirènes de la productivité et qu’il finisse par ne produire que des aliments insipides et sans grande valeur nutritive. Une pomme sélectionnée pour sa facilité de transport et de conservation, vingt ou trente fois traitée en une saison, contient 50 fois moins d’oligo-éléments et nutriments qu’une pomme non traitée d’avant-guerre. Le consommateur a perdu en nombre de variétés (elles furent des milliers alors qu’on n’en trouve plus que quelques-unes de disponibles aujourd’hui) et surtout gagné en milliers d’additifs et polluants ingérés par la même occasion. En fin d’ouvrage, on trouve d’ailleurs un petit encart sur la recette exacte de la tarte aux cerises sous blister de supermarché. Le nombre d’additifs (E335, 243, etc.), de manipulations et de bricolages divers et variés pour arriver à fabriquer industriellement ce pauvre dessert est hallucinant ! Un livre indispensable à qui veut comprendre comment et pourquoi notre santé se dégrade autant, et pourquoi la nature souffre et finira par se venger de tous ces abus qui ne profitent qu’à une infime minorité. Il faut lire ce livre et le faire lire pour que ça change un peu dans nos champs et dans nos assiettes…
Je connaissais Claude Bourguignon pour son engagement en écologie, et plus particulièrement pour ses prises de position en ce qui concerne l'agriculture intensive, et ses conséquences délétères sur les sols.
Ici, c'est un ouvrage plus généraliste pour dénoncer diverses pratiques humaines qui portent gravement atteinte à l'environnement, plus ou moins directement.
On y parle forcément de pollution (de l'eau, de l'atmosphère), de destruction (des sols, de la biodiversité, de l'humain). Tout y passe !
Ensuite les deux auteurs (Lydia et Claude Bourguignon) décrypte les causes de notre inaction, qui sont multiples. On y parle bien sûr de capitalisme, de l'industrialisation difficile à arrêter... Mais là où ça particulièrement intéressée, c'est qu'on y parle des politiques, de corruption, de lobbys... mais aussi de psychologie. Ils ont vraiment essayé de tout décortiquer.
Cela dit, même si le sujet me préoccupe depuis bien longtemps, même si je m'informe pas mal dessus, même si j'ai appris des choses durant cette lecture, il m'a fallu mettre mon esprit critique en action.
Je suis d'accord sur beaucoup de points, mais il y a certains propos qui m'ont questionnées, et d'autres dérangée.
D'autre part, j'aime les livres emplis d'émotions, mais pas quand il s'agit d'un essai. Je comprends que les auteurs soient révoltés, depuis le temps qu'ils sont actifs pour dénoncer les travers de l'agriculture intensive, mais j'ai trop ressenti leur colère. J'ai trouvé que parfois les propos étaient trop virulents, et je me demande si ça ne dessert pas le message qu'ils veulent faire passer. Mais peut-être que c'est nécessaire pour faire bouger certaines personnes.
Et puis, même si j'imagine bien que les auteurs se sont informés sur les différents sujets évoqués, il m'a manqué des sources pour appuyer leurs propos. Je me demande d'ailleurs s'ils n'auraient pas dû se cantonner à leur domaine de compétences depuis plus de 40 ans : la microbiologie des sols.
Enfin... ils avaient tout à fait le droit (et sans doute le devoir au fond d'eux) de s'exprimer sur ce thème qui, c'est indéniable, les révolte.
J'étais curieuse de lire cet ouvrage. Il m'a appris des choses. Mais ma lecture fut entachée par ce que j'ai exprimé plus haut. Dommage...
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