"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Auteur connu en littérature jeunesse pour aborder sans concession des sujets d'actualité, Christophe Léon aime à camper des personnages qui bousculent, des intrigues qui interrogent et ne laissent jamais ses lecteurs indifférents.
De retour en littérature générale, rayon polar, après « Frans 68 », il nous offre ici un roman qui s'attache à disséquer sans état d'âme les couches les plus corrompues et décadentes de notre société. Deux mondes se côtoient, à mille lieues pourtant l'un de l'autre quant à leurs conditions de vie. La masse obscure et laborieuse d'un côté, incarnée par une mère célibataire, employée administrative, qui élève seul son fils étudiant. de l'autre l'univers de la finance, des grands patrons, des politiques.
Avec la crise sanitaire qui frappe l'économie mondiale, nombre d'entreprises mettent la clef sous la porte et les employés au chômage, plongeant toute une partie de la population dans des difficultés extrêmes.
La révolte gronde, l'exaspération de certains est portée à son comble, un renversement est inévitable. C'est en tout cas ce que redoutent « les hautes sphères » parisiennes lorsqu'on découvre sauvagement assassiné le patron des patrons.
Entre alors en scène un duo improbable d'enquêteurs, jugez plutôt: une jeune commissaire Asperger bourrue et un vieux briscard à quelques mois de la retraite. Il comptait se la couler douce en attendant la pêche en bord de Vienne, c'est raté.
S'engage une enquête palpitante au plus près de la psychologie de chacun des personnages. On n'oublie pas de sitôt la brillante mais rogue Fleur Viam, pas plus que le jeune étudiant qui prend soin de sa mère handicapée, ou Lacelle s'initiant à l'épicurisme en jardinant avec sa femme à Eymoutiers.
Un roman à suspens bien mené, dans une langue riche et truculente, qui n'hésite pas à soulever tous les tapis raffinés sous lesquels on planque les pires saletés.
George Junius Stinney Jr. est le coupable idéal aux yeux des jurés. À seulement 14 ans, ce jeune noir est condamné à mort en seulement dix minutes de délibération. Il est exécuté le 16 juin 1944 à Columbia, Caroline du Sud.
« Les 58 jours suivant mon jugement, je les ai passés à la prison du comté. J’étais le plus jeune condamné à mort de l’État du Tennessee. Mais pas seulement. J’étais aussi le plus jeune des États-Unis d’Amérique, Missié. Plusieurs fois, j’ai demandé à voir mes parents. Permission refusée. On m’a attribué un numéro d’écrou. On ne m’appelait plus que par ce numéro. La désincarnation avait franchi un nouveau stade. Je n’étais même plus un animal ou un objet, mais un numéro ! Le 201547. Certainement, fallait-il faire de moi un matricule sur un bout de papier, dans un dossier, dans la mémoire carcérale pour pouvoir, sans sentir une once de culpabilité, me mettre à mort. »
Dans ce court roman, l’auteur Christophe Léon, donne la parole au jeune garçon via le personnage de Martin Julius Crow Jr. Celui-ci se raconte à un homme, blanc, Missié. Une vie éprouvante d’homme de couleur.
« Ah ! Et puis ne te fâche pas si je t’appelle Missié, Missié. Ça sonne plutôt doux aux oreilles, ne trouves-tu pas ? À moi, on me disait Négro. Mais Négro, c’était déjà trop humain pour certains. Cette humanité qui nous était interdite. Alors, le Négro, il fallait le réduire. Le faire disparaître. Lui enlever sa dignité d’homme. En commençant par ce qui le représentait aux yeux du monde. Son corps. »
Une lecture qui m’a glacé le sang. Cette histoire vraie, je n’en connaissais absolument rien. Après quelques recherches, j’avais la nausée. Comment peut-on juger un enfant, de couleur, sans aucune preuve ? Hélas, l’actualité mondiale d'aujourd’hui, nous laisse encore penser que l’injustice raciale est toujours présente. Est-ce qu’un jour cela s’arrêtera ?
Le texte de Christophe Léon accompagné des illustrations de Barroux frappe fort. Les faits sont là, violents, indigestes mais l’écriture, d’une grande profondeur, lui offre une lumière très émouvante.
Missié, pour éveiller les consciences !
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/10/07/39654941.html
Bonne et émouvante surprise que ce petit livre jeunesse de Christophe Léon - un auteur que je connaissais pas- !
Les sujets abordés ne sont pas simples mais c'est fait avec justesse et les histoires des personnages se mêlent les unes aux autres ...
Ernest et ses parents, comme tous les ans, passent l’été dans leur maison de vacances, près de Calais. Mais cette année, Ernest découvre 2 réfugiés afghan, cachés dans sa chambre. Loin de ce dont parlent les infos à la télé qui semblent éloigné d’eux, la famille est confronté à la réalité d’aider ou non le père et sa fille à rejoindre l’Angleterre. Cette rencontre les changera tous.
Une histoire très belle et sensible.
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