"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les produits bio ou supposés tel, souvent vendus avec des marges abusives, sont-ils tous vraiment bons pour la santé des consommateurs ou pour notre planète ? C’est d’autant moins certain que nous en importons un bon tiers de pays lointains (Chine, Turquie, Egypte, Afrique noire, Asie et Amérique du Sud) n’appliquant pas nos normes de culture et où le laxisme écologique et la corruption endémique règnent en maîtres. De plus, le bio n’est pas forcément synonyme de naturel. Par exemple, le sulfate de cuivre, largement utilisé en bio, est en réalité une substance pseudo-naturelle, un pesticide toxique et polluant, tout comme l’huile de neem, dangereuse pour les abeilles, les mouches, certains insectes et poissons. Autrefois relégués dans les rayons de compléments alimentaires, les produits bios disposent maintenant de vastes linéaires dans tous les super et hypermarchés, car les industriels de l’agro-alimentaire ayant flairé le bon filon se sont lancé à fond dans une filière qui est en constante progression et leur permet de s’octroyer des marges doubles de celles qu’ils pratiquent sur les produits non bio.
« Les imposteurs du bio » est un essai assez documenté se proposant de dénoncer la plupart des dérives d’une filière que d’aucuns imaginent vertueuse et bienfaisante. On y apprend pas mal de chose sur le sujet, par exemple que les organismes de certification sont des organismes privés pour la plupart, que les vérifications sont plutôt insuffisantes et parfois même pratiquées hors saison quand il n’y a rien à contrôler dans les champs ! Que les logos apposés sur les emballages sont forts nombreux, souvent fantaisistes et même auto-décernés pour mieux berner le consommateur. L’auteur en a relevé jusqu’à 12 sur un seul paquet de café ! On en est malheureusement ainsi arrivé à du bio de deux sortes, de qualité médiocre à quasi-nulle dans la grande distribution et acceptable dans les boutiques spécialisées plus ou moins militantes comme Biocoop ou la Vie Claire. Du bio pour prolo et du bio pour bobo en quelque sorte. Livre aussi coruscant que « Vous êtes fous pour avaler ça ! », mais qui reste un peu trop dans les généralités. Le lecteur aurait aimé plus de faits concrets pour illustrer et étayer le propos. À lire pour perdre quelques illusions…
Que de découvertes surprenantes ne fait-on pas quand on analyse nombre de produits de l’industrie agro-alimentaire ? On trouve du piment indien rempli de petites crottes de souris, du thé vert de Chine plein de pesticides, du faux safran marocain, de la viande de cheval devenue bovine en se transformant en lasagnes, de la confiture de fraise sans la moindre fraise, de l’origan coupé de feuilles d’olivier, du lait chinois lyophilisé à la mélamine parfaitement toxique, du miel composé de sucres, glucose, fructose et colorants, des matières premières avariées comme des tomates pourries quand même bonnes pour certaines sauces et coulis. Marchandises trafiquées, de bas de gamme, épices où on trouve n’importe quoi bien transformé en poudre comme le fameux ras-el-hanout dont personne ne peut dire la composition, contrôles sanitaires détournés ou bidonnés, tout est malheureusement possible. Que de dérives, de tromperies et d’arnaques au profit de leur juteux business et au détriment de notre santé !
« Vous êtes fous d’avaler ça » est un essai en forme de réquisitoire parfaitement étayé sur tout ce que nous cache l’industrie agro-alimentaire. Il faut dire que l’auteur connait parfaitement son sujet ayant été de nombreuses années cadre dans cette profession. Et témoin de toutes ces malversations, et de toutes ces pratiques aussi illicites que dangereuses. Tout ce qu’il dénonce fait se dresser les cheveux sur la tête. Pour faire du profit, tous les moyens sont bons, peu importe la santé du consommateur. Il analyse également le rôle des super et hypermarchés qui ne luttent pas pour défendre le pouvoir d’achat des clients, mais uniquement pour toujours augmenter leurs profits (marges arrières) en pressurant les producteurs et en les mettant quasiment dans l’obligation de tricher pour maintenir leurs marges. Un livre essentiel pour ne pas consommer idiot. Après tout, c’est le client qui devrait avoir le dernier mot. Si un mauvais produit n’était pas acheté, il finirait par disparaître de lui-même. Mais pour ça, il faut être informé et surtout le vouloir. L’ouvrage s’achève sur une série de dix conseils pratiques tout à fait judicieux pour nous aider à consommer intelligemment.
Un titre accrocheur qui laisse penser que l'auteur va nous dévoiler tous les dessous nauséabonds de l'industrie du bio. Il y a en effet un peu de ça dans le livre, mais cela ne me semble pas être l'essentiel...
En fait, Christophe Brusset passe en revue les limites des labels "bio" :
- Des cahiers des charges qui ne concernent que les processus de production et de fabrication, mais pas la qualité des produits, et dont l'application est insuffisamment contrôlée ;
- Des cahiers des charges qui ne prennent pas en compte certains critères comme l'impact sur l'environnement ou la protection des travailleurs ;
- Des pratiques qui facilitent la fraude, par exemple en permettant à un producteur de faire à la fois du bio et du non bio, ou via l'importation massive de certains produits ou composants depuis des pays où les contrôles sont quasi impossibles ;
- La multiplication des labels bio, qui ne permet pas aux consommateurs de s'y retrouver facilement ;
- Les surcoûts du bio, qui sont bien réels, mais ne justifient pas tous les sur-prix pratiqués par des distributeurs qui ne voient souvent dans le bio qu'un moyen d'augmenter leurs marges.
Il inclut également, au fil de l'eau ou dans des chapitres dédiés, quelques conseils sur le choix des meilleurs distributeurs (bio et/ou circuits courts) et sur l'utilisation d'applications numériques permettant de mieux s'y retrouver parmi les labels et les évaluations de produits disponibles (notamment le nutricode).
Il termine enfin sur une diatribe certainement justifiée contre l'inaction des politiques, ou leur trop grande écoute des lobbys, et une charge anti-européenne qui paraît très exagérée.
Un livre utile, qui n'exclut pas un minimum d'esprit critique chez le lecteur...
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/04/22/les-imposteurs-du-bio-christophe-brusset-flammarion-des-limites-du-bio/
Après avoir lu lors de sa sortie Vous êtes fous d'avaler ça, il m'était impossible de ne pas me plonger dans la suite Et maintenant on mange quoi ?
Ce second livre de Christophe Brusset est une suite logique du premier opus.
On y découvre et re-découvre les anecdotes de l'industrie agro-alimentaire.
Les mauvais cotés de nos industries, française ou pas.
Cette lecture m'a redonné une bonne piqure de rappel.
J'ai bien apprécié et m'y replongerai régulièrement pour ne pas me faire avoir lorsque je me rend en magasin.
Et surtout, attention aux étiquettes, emballages, origines.
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