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Remarquable triptyque écrit pour le théâtre, sur un sujet brûlant et d’actualité : la violence conjugale.
Le premier volet « Phare » met en scène une femme abîmée, vivant dans un phare avec son mari violent et leurs deux enfants. Grâce à la métaphore de la mer qui entoure le phare, la femme nous parle de Benoit, imprévisible, changeant, solitaire, fou, incontrôlable et se déchainant sur elle au moindre prétexte. C’est un plaidoyer en faveur de son bourreau qu’elle excuse en disant que ce n’est pas lui mais un autre dans ces moments là, qu’il a vécu ce traumatisme en vivant là avec ses parents et qu’il reproduit sans s’en rendre compte le schéma paternel. Malgré la forte douleur, elle pense à protéger ses enfants en fermant la porte, comme un réflexe. Malgré la peur au ventre, le déclic se fait, elle doit partir, ils doivent partir tous les 3 loin du phare et de Benoit. Mais ils ont déjà tenté de s’enfuir auparavant sans succès. Vont-ils réussir cette fois-ci ?
Le deuxième volet « Les Ombres » est un dialogue entre un homme et sa femme enceinte, en six instantanés. Lui fait des crises de jalousie, jusqu’à la violence verbale puis physique. Elle passe son temps à se justifier, à s’excuser pour essayer de calmer son mari. Elle est soumise et subit le courroux, les insultes, les menaces, les cris de son mari colérique jusqu’à la frapper. Elle veut partir mais se laisse de nouveau convaincre qu’il ne recommencera pas, qu’il ne touchera pas à l’enfant. Et ça repart pourtant de plus belle.
Le troisième volet « La nuit est noire » met en scène un seul personnage, un jeune homme qui marche dans la nuit aussi noire que son âme. Il se repend de ce qu’il vient de faire, de son accès de violence incontrôlable à la fête de son 20e anniversaire, lorsqu’il a vu ou cru voir sa petite amie, la femme de sa vie, regarder un autre homme. Mû par une jalousie maladive, il a failli tuer cet homme qui aurait porté un regard insistant sur Chiara. La phrase qui a réussi à l’arrêter pendant ce coup de folie, prononcée par Chiara : « tu es comme ton père ». Car il a passé son enfance entre un père violent et une mère battue.
Céline Delbecq décrit avec brio en quelques mots le calvaire des femmes battues, brisées, sous l’emprise de maris violents, en utilisant une écriture au cordeau, implacable, précise et d’une justesse terrifiante. Les descriptions sont empreintes de réalisme, on entre au plus près de ces femmes, au plus profond de leur intimité. Elle raconte, elle décrit des faits, des actes, des actions, sans jamais émettre de jugement, laissant au lecteur le soin de se faire son propre arbitrage. Ce condensé de 3 petites saynètes est malgré tout très dense, et dit l’essentiel. Une belle réussite que ce livre dédié au théâtre, qui bien interprété touchera sans aucun doute les spectateurs, comme il touche le lecteur.
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