"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Les animaux sentimentaux" pourrait n'être que le portrait vaguement branchouille d'une bande de vingtenaires un peu vains. Seulement, au travers des déambulations alcoolisées, sexualisées et musicales de Samuel, Olivier et Lily, Cédric Duroux fixe avec infiniment de finesse l'image d'une génération et d'une époque où les repères anciens se sont quasi complètement délités, explosés par la technologie et une sexualité affranchie de pas mal de diktats sociaux.
Que ce soit pour Samuel, seul face à ses désirs qu'il décident d'assumer totalement avec cette lettre à ses parents annonçant son homosexualité ou pour Olivier, dont on ne sait si les TOC et les phobies qui pourrissent sa vie sont la résultante ou la conséquence de sa sexualité virtuelle sur Skype, la vie contemporaine, avec ses nombreuses connexions possibles, semble les porter vers une certaine solitude. La famille, matricielle, sans doute nid de névroses, n'est plus pour eux qu'un lointain conglomérat de gens que l'on repousse ou que l'on s'impose. Celle, un peu moins conventionnelle qu'ils essaient de recréer avec les quelques amis rencontrés, aussi fraternelle soit-elle, les condamne quand même à affronter l'isolement. Même Lily, plus solaire, aux apparences plus sociables, intelligente et ouverte, doit faire face, seule, à une grossesse totalement accidentelle, dont le responsable la renvoie à une rude réalité. Ils sont la parfaite incarnation de notre monde paradoxal actuel, monde où la vitesse de la communication, la facilité des contacts virtuels puis ( ou ) sexuels ne peuvent empêcher l'affranchissement de la solitude.
"Les animaux sentimentaux" décrit donc ce monde apparemment superficiel, où se débattent de jeunes adultes parasités par un mal de vivre finalement constant à toutes les générations. Bien que décrivant des situations mille fois lues ailleurs, Cédric Duroux réussit la prouesse de toucher son lecteur, sans doute par la justesse de son point de vue, mais surtout par une écriture qui, mine de rien, met à jour les sentiments de ses personnages. J'ai été impressionné comment, à base de dialogues assez plats en anglais (!) via Skype, il parvient à nous faire ressentir cette addiction, cet amour aussi rapide que virtuel d'Olivier pour un inconnu dont il ne visualise que le regard. Et à d'autres moments, de façon plus classique, comment il nous fait ressentir la peur panique qui grandit dans l'attente du résultat d'un test VIH ou l'angoisse de la réaction des parents de Samuel face à son coming out.
Je vous engage donc à vous intéresser à ce premier roman très prometteur. Vous y ferez la même plongée que ses personnages lorsqu'ils se retrouvent au "Slide", boîte de nuit avec bar, spectacle et back room mixte ou pas, mais aussi élément central et fédérateur du livre. Le lieu, comme le roman, est incertain, mais littéraire, foisonnant, cru. L'amitié s'y trouve mais aussi l'animalité qui sommeille en chacun de nous, le désir de plaisir qui nous fait avancer et supporter un monde toujours plus mouvant.
Dès les premières pages, on révise son anglais et on entre dans l’univers du sexe homosexuel masculin sur internet.
Les personnages, trop éloignés de moi et tourné uniquement vers leurs préoccupations ne m’ont pas passionnés. Je me suis sentie en complet décalage avec cette génération.
Les scènes de sexe sont assez suggestives pour me faire m’interroger : ce roman n’a pas été publié par une maison d’édition érotique. Il y aurait eu toute sa place.
http://alexmotamots.fr/?p=1933
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