Cette saga familiale après les « déracinés » nous emporte entre fiction et faits réels. Un récit dense et captivant !
Cette saga familiale après les « déracinés » nous emporte entre fiction et faits réels. Un récit dense et captivant !
La littérature est une évasion. Certes. Elle est aussi une école perpétuelle, celle où apprend à toute âge, en tout lieu et en toute heure, ce qui a fait, fait et peut-être fera notre monde. Avant nous et après nous.
Ce nouveau roman de Catherine Bardon – souvenez-vous de la saga des Déracinés – nous entraîne à nouveau sur l’île d’Hispaniola, là où se situe une histoire commune mais ô combien conflictuelle entre Haïti et la République Dominicaine. C'est celle d’une femme, trop méconnue et emportée bien trop tôt par la grande faucheuse : Sonia Pierre. Une femme née en République Dominicaine de parents Haïtiens ayant émigré sur l’île voisine pensant y trouver un refuge économique. Hélas, comme des milliers de leurs compatriotes, un enfer les accueille après les promesses d’un travail bien rémunéré comme coupeurs de canne à sucre. Des adultes, des enfants, avec comme épée de Damoclès, le risque de se retrouver apatride dans leur misère incommensurable.
Très tôt, la petite Sonia surprend par son dynamisme et son esprit éveillé. Si elle partage avec son amie Kerline jeux et espiègleries malgré la désolation ambiante, Sonia semble vouloir apprendre. Grâce au père Anselme, elle va suivre une éducation de la part du missionnaire et dès l’adolescence elle prendra part aux premières révoltes des ouvriers. C’est le début d’une grande aventure de cette femme combative qui la mènera jusqu’aux plus hautes instances internationales et ne cessera au long de sa trop courte vie de défendre les opprimés et porter secours aux victimes des hommes et des éléments.
Catherine Bardon retrace la vie de cette femme exceptionnelle avec une biographie romancée pour relater le sort des habitants de ces deux pays mitoyens balancés entre le pouvoir dictatorial des hommes et le déchaînement des éléments. Le résultat est efficace, brillant, méritoire. Face aux sempiternelles indignations à géométrie variable et émotions éphémères – catalysées par les écrans et la virtualité des échanges – un bon roman sans aucune date de péremption est peut-être le dernier rempart pour s’informer et ouvrir les yeux sur le monde.
Le Domaine de Squirelito ==> https://squirelito.blogspot.com/2024/01/noisette-caribeenne-la-femme-debout.html
Lorsque j'ai refermé ce livre, la première pensée qui m'a sauté à la figure a été de me demander pourquoi je n'avais jamais entendu parler de Sonia Pierre, avocate haïtienne militante des droits humains, exceptionnelle femme pressentie pour l'obtention du Prix Nobel de la Paix, décédée prématurément en 2011.
Catherine Bardon a fait le choix de la biographie romancée. Tout est donc recentré sur l'incroyable trajectoire militante de Sonia Pierre. Elle, la fillette noire née en République dominicaine dans un misérable batey ( sorte de campement où vivent les braceros, coupeurs de canne à sucre, structure néo-esclavagiste intégrée dans des plantations ), sauvée par l'école et un prêtre instituteur qui a cru en elle. On suit les différentes étapes de son parcours qui démarre à 13 ans, en 1976, lorsqu'elle apprend à lever le poing en organisant une manifestation de braceros pour réclamer de meilleurs salaires et conditions de vie.
L'autrice n'invente rien qui n'aurait pu se passer, trouvant un harmonieux dosage fiction / documentaire afin d'éviter la sécheresse strictement biographique d'un personnage qui a toujours afficher discrétion et pudeur ( Sonia Pierre n'a jamais mis en avant sa vie privée et familiale, ce qu'a respecté Catherine Bardon ). le gras romanesque vient du truculent personnage de Kerline, l'amie d'enfance, totalement fictif : un excellent contrepoint, miroir de ce que Sonia Pierre aurait pu devenir en enchaînant les grossesses précoces et en trimant pour élever dans l'indigence ses nombreux enfants.
Les pages se tournent toutes seules tant Catherine Bardon possède un vrai talent de conteuse. On sent à quel point elle aime son héroïne, mais sans chercher à imposer son admiration, jamais elle ne force le trait pour pousser le lecteur dans un sens. Ce sont ses choix narratifs qui lui permettent de se positionner et de s'indigner. Elle avance subtilement pour susciter l'empathie du lecteur et y parvient d'autant plus aisément que les combats de Sonia Pierre, en plus d'être justes, résonnent de façon très universelle avec l'actualité et l'interrogent.
Lorsqu'elle créé en 1981 la MUDHA ( Mouvement des femmes dominico-haïtiennes ), cette organisation associative a pour but d'éveiller l'opinion publique internationale et dominicaine sur le sort injuste et précaire des travailleurs des bateyes. Très rapidement, l'avocate face au déni permanent des droits basiques des Haïtiens et de leurs descendants en République dominicaine, elle saisit la juridiction de la Cour interaméricaine des droits de l'homme. Mais cela n'empêche la gouvernement dominicain de réformer la Constitution pour supprimer le droit du sol avec effet rétroactif pour rendre apatrides près de 250.000 Dominicains d'ascendance haïtienne, puis pouvoir les expulser … des thématique très actuelles qui ressurgissent en France dans les débats politiques sur la loi immigration.
Il existe toujours 411 bateyes, face bien cachée de la République dominicaine.
J’aime apprendre de mes lectures et voici un pan de l’histoire des Caraïbes que je ne connaissais pas.
J’avais vaguement entendu parler de Trujillo, un dictateur de République dominicaine ; lire le destin de sa fille Flor de Oro Trujillo m’a permis de me plonger dans l’histoire de la République dominicaine au XXe siècle, mais pas que… La biographie de cette fille richissime nous emmène dans le Berlin de l’Allemagne nazie ou dans le New-York des années 40 et 60.
Passionnant !
Haïti en 1950, on recrute des hommes et des femmes pour travailler dans les plantations de cannes à sucre de la République dominicaine. L'espoir d'avoir un travail, une maison, un bel avenir. Maria Carmen et André n'ont pas hésité et sont montés dans le camion.
Ce roman met en évidence le destin hors du commun d'une femme exceptionnelle, opiniâtre et discrète. Sonia Pierre déterminée à exister à égalité avec les autres, elle va construire dès son adolescence, brique par brique le mur de sa révolte. Elle va créer le MUDHA le mouvement des femmes Dominico-Haitiennes pour rendre visibles les invisibles. Une combattante, une mère, une épouse. Toute une vie de militantisme à parcourir le monde pour faire entendre la voix de sa communauté
À travers le portrait de cette femme que je ne connaissais pas, j'ai beaucoup appris sur l'exploitation des ouvriers haïtiens dans les plantations, une vie de galérien, un parfum de misère dans les bateyes, les campements où vivent les braceros, coupeurs de canne à sucre. Ce récit est aussi une mise en lumière sur le sort réservé par la République dominicaine aux enfants de ces immigrés nés sur son territoire, mais considérés comme des apatrides.
Ce n'est pas vraiment un roman, mais plutôt un témoignage sur les nouveaux esclaves par le biais des combats de Sonia Pierre.
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