"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le destin hors du commun de Sonia Pierre, fille de coupeurs de canne, qui fit de sa vie un combat pour les droits humains.
République dominicaine, 1963. Sonia Pierre voit le jour à Lecheria, dans un batey, un campement de coupeurs de canne à sucre. Consciente du traitement inhumain réservé à ces travailleurs, elle organise, à treize ans seulement, une grève pour faire valoir leurs droits. Une des rares habitantes du batey à suivre des études, elle devient avocate et consacrera sa vie tout entière à combattre l'injustice jusqu'à sa mort tragique.
Catherine Bardon révèle l'existence de cette femme exceptionnelle et met en lumière la condition terrible des travailleurs migrants en République dominicaine, un sujet toujours d'actualité. Bouleversant plaidoyer pour la solidarité et la fraternité,
Une femme debout est un roman puissant et terriblement humain.
Dans ce roman, on apprend à connaître Sonia Pierre, une figure emblématique qui s’est battue pour les droits humains. Originaire de l’île d’Hispaniola, Sonia est d’origine haïtienne par ses parents mais a toujours vécue à Saint-Domingue (pays frontalier).
Pour toute la population haïtienne qui a traversé la frontière pour trouver du travail de l’autre côté de l’île, la reconnaissance de leur citoyenneté n’est pas assurée, même pour ceux qui y sont nés. Ce n’est pas le cas de Sonia, mais elle est très jeune confrontée à cette réalité et vise à se rendre utile. D’abord en aidant lors d’une grève générale, puis en étant bonne élève et en poursuivant des études en droit.
Elle a ensuite fondé le Mouvement des femmes dominicano-haïtiennes (MUDHA) pour défendre l'égalité et le droit de tous les êtres humains qui sont privés de reconnaissance sur son île, et principalement des femmes. La particularité de cette organisation est qu'elle est exclusivement dirigée par des femmes et Sonia Pierre en a été la figure de proue.
L'autrice retrace son parcours de vie, ses combats et ses échecs. C'est un bel hommage à cette femme née en 1963, qui a œuvré à faire reconnaitre le peuple haïtien sur la scène locale et internationale. Elle a remporté plusieurs distinctions et a été une figure influente dans son milieu et dans la sphère du droit humanitaire. On apprend également tout un pan de l'histoire de ce territoire partagé entre deux pays mais où les droits d'une population ne sont pas reconnus par l'autre partie.
Une femme exceptionnelle !
Sonia Pierre, vous connaissez ? Personnellement, je n’avais jamais entendu parler de cette femme extraordinaire qui s’est battue toute sa vie pour les droits humains et qui a reçu des récompenses internationales méritées.
Heureusement, avec Une femme debout, Catherine Bardon sort Sonia Pierre de l’ombre, cette Fann vanyan, comme on dit en créole. Avant d’entamer le décompte des années, l’autrice lance la journée du 4 décembre 2011, dès 5h 45, à Villa Altagracia. Sonia a mal dormi mais une journée de fête s’annonce. Alors…
Voici ensuite Maria Carmen, en 1950, à Marigot (Haïti) avec Petit Louis, son bébé. Elle vit avec ses neuf frères et sœurs et la misère leur colle à la peau. Quand Maria Carmen apprend qu’on recrute dans les plantations de canne à sucre de la République dominicaine, elle veut partir avec André, le père de Petit Louis qu’elle laissera à sa mère.
C’est d’abord Port-au-Prince puis la frontière entre Haïti et la République dominicaine. À Lechería, les hommes vont couper la canne à sucre pendant que les femmes restent dans les baraques du batey. Elles mettent des enfants au monde ou finissent dans les bordels.
Catherine Bardon, m’embarque dans un récit passionnant, précis, prenant, très réaliste. C’est en 1963 que naît une fille qu’André déclare sous le nom de Solain Piè et que Maria Carmen appelle Sonia. Celle-ci grandit avec Kerline, son amie, pendant que ses frères vont sans tarder travailler dans les champs ou comme cireurs en ville.
C’est là qu’intervient un homme important, le père Anselme, un missionnaire canadien qui remarque vite les talents de Sonia et la pousse à faire des études. Elle se révèle rapidement lorsqu’elle soutient et mène le mouvement revendicatif des hommes qui sont exploités comme des esclaves.
Ainsi Sonia Pierre s’affirme, pousse au maximum ses études. À La Havane, elle décide d’être avocate pour défendre les droits de l’homme et de la femme. Lorsqu’elle revient en République dominicaine, elle crée le MUDHA (Movimiento de MUjeres Dominico-Haïtianas) et ce sera le combat de sa vie.
Pendant quelques pages, je regrette un peu que Catherine Bardon passe vite sur ces années 1980, qu’elle survole un peu trop mais je réalise que c’est la suite qui se révèle fondamentale.
Sonia Pierre, travailleuse infatigable, militante enfin reconnue par l’UNESCO, est en butte avec les nationalistes bas du front de son pays. Elle livre un impressionnant combat pour que les Haïtiens et leurs enfants nés de l’autre côté de la frontière, en Dominique, ne soient plus des apatrides. L’État dominicain a beau être condamné par les instances internationales, il n’assume pas ses devoirs. Pire encore, des rafles, des reconduites à la frontière brisent des vies, déchirent des familles.
Après l’UNESCO, c’est Amnesty International puis les États-Unis qui récompensent l’œuvre de Sonia Pierre. Lorsque des pluies diluviennes ravagent Haïti en mai 2004, Sonia et le MUDHA agissent et œuvrent pour développer la culture du risque.
En 2010, Haïti est à nouveau frappée par un double séisme. Le MUDHA et Sonia sont à nouveau en première ligne pour créer un couloir humanitaire après un désastre qui sidère le monde entier. Malgré cela, insultes, agressions, menaces ne cessent jamais complètement envers Sonia Pierre dont la santé inquiète vraiment. Les coups bas les plus odieux lui sont réservés comme le raconte très bien Catherine Bardon qui, après La Fille de l’ogre, elle m’a à nouveau emmené sur cette Hispaniola, cette île coupée en deux qu’elle connaît bien.
Une femme debout est donc un roman vrai qui met en scène des personnages imaginaires autour de Sonia Pierre, cette femme impressionnante de courage et de volonté qui s’est battue toute sa vie pour que les droits humains des migrants soient enfin reconnus.
Hélas, comme Catherine Bardon l’indique en fin d’ouvrage, rien n’est réglé et certaines conditions de vie et de dignité ont même régressé dans ces bateyes, ces campements, ces bidonvilles où vivent les coupeurs de canne haïtiens en République dominicaine. Cachés aux touristes, ils sont encore quatre cent onze, domaine des ONG qui luttent toujours pour que les combats menés par Sonia Pierre, femme, avocate, militante, mère de famille admirable, n’aient pas été vains.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/05/catherine-bardon-une-femme-debout.html
Je dois être une des rares grandes lectrices françaises à ne pas avoir lu la saga des Déracinés de Catherine Bardon, ni la fille de l’Ogre. Bref de ne rien avoir lu de cette écrivaine si populaire. C’est donc sans aucun point de comparaison possible que je me suis lancée dans ce nouveau roman.
Une biographie romancée, plus qu’un récit romanesque. Un condensé d’archives retraçant la vie de Sonia-Pierre, fille d’un coupeur de canne à sucre, devenue avocate et qui consacra sa vie à défendre les droits des plus faibles, des plus déshérités, de ceux qu’on menace d’expulsion et d’apatridie.
Toute sa vie, depuis sa première manifestation à 13 ans, aura été consacrée à la lutte militante en faveur des droits de l’Homme et surtout des droits des femmes, de ses sœurs de cœur, sans patrie, entre Haïti et la République dominicaine.
Ce roman c’est l’histoire du combat de Sonia-Pierre contre l’injustice, c’est son histoire jusqu’à la reconnaissance, les récompenses décernées par l’Unesco et Amnesty International.
Je ne divulgâcherai rien en vous disant que la condition des travailleurs migrants en République dominicaine contre laquelle elle n’a cessé de se battre est malheureusement toujours d’actualité.
Cette lecture m’a fait connaitre une femme dont je n’avais que très peu entendu parler, une femme digne et forte, une femme, en toutes circonstances, debout.
La femme debout du titre, c’est Sonia Pierre, activiste dont, je l’avoue, je n’avais jamais entendu parler. Cette biographie romancée de Catherine Bardon illustre l’immense dichotomie entre deux pays situés sur la même île : la République Dominicaine, haut lieu touristique, et Haïti, l’un des pays les plus pauvres au monde et régulièrement frappé par des catastrophes naturelles.
Les parents de Sonia Pierre pensaient trouver une vie plus confortable en République Dominicaine. Comme des milliers d’autres Haïtiens, ils se sont retrouvés à trimer en esclaves modernes sur une plantation. Sonia y est née en 1963. D’une intelligence rare, et grâce à l’aide d’un prêtre et d’une école, elle bénéficie d’une opportunité quasi unique pour une enfant venant d’un campement d’immigrés: faire des études. Devenue avocate, elle va se battre pour les conditions de vie et de travail de ces travailleurs, fondant en 1981 le MUDHA (mouvement des femmes dominico-haïtiennes). L’un de ses plus grands combats sera sa lutte contre le gouvernement lorsque celui-ci révoquera la nationalité dominicaine d’enfants nés sur le sol dominicain en arguant que leurs parents travailleurs haïtiens étaient illégaux au moment de leur naissance, et les rendra apatrides.
Catherine Bardon, grande amoureuse et connaisseuse de la République Dominicaine, a consacré à Sonia Pierre un portrait qui ne peut que forcer l’admiration: une femme qui a bravé la précarité mais n’a jamais oublié les siens et leur a consacré toute sa vie, au mépris du danger. Le style est cependant assez loin du grand souffle romanesque des « Déracinés » (livre que j’adore): même si la biographie est romancée, il est ici plutôt documentaire, sans doute par respect et pudeur (Sonia Pierre ne mettait pas sa vie privée en avant)
Un beau portrait qui remplit sa mission : rendre hommage à une grande activiste trop peu connue en France et alerter sur les conditions de vie des Dominicains d’origine haïtienne.
La littérature est une évasion. Certes. Elle est aussi une école perpétuelle, celle où apprend à toute âge, en tout lieu et en toute heure, ce qui a fait, fait et peut-être fera notre monde. Avant nous et après nous.
Ce nouveau roman de Catherine Bardon – souvenez-vous de la saga des Déracinés – nous entraîne à nouveau sur l’île d’Hispaniola, là où se situe une histoire commune mais ô combien conflictuelle entre Haïti et la République Dominicaine. C'est celle d’une femme, trop méconnue et emportée bien trop tôt par la grande faucheuse : Sonia Pierre. Une femme née en République Dominicaine de parents Haïtiens ayant émigré sur l’île voisine pensant y trouver un refuge économique. Hélas, comme des milliers de leurs compatriotes, un enfer les accueille après les promesses d’un travail bien rémunéré comme coupeurs de canne à sucre. Des adultes, des enfants, avec comme épée de Damoclès, le risque de se retrouver apatride dans leur misère incommensurable.
Très tôt, la petite Sonia surprend par son dynamisme et son esprit éveillé. Si elle partage avec son amie Kerline jeux et espiègleries malgré la désolation ambiante, Sonia semble vouloir apprendre. Grâce au père Anselme, elle va suivre une éducation de la part du missionnaire et dès l’adolescence elle prendra part aux premières révoltes des ouvriers. C’est le début d’une grande aventure de cette femme combative qui la mènera jusqu’aux plus hautes instances internationales et ne cessera au long de sa trop courte vie de défendre les opprimés et porter secours aux victimes des hommes et des éléments.
Catherine Bardon retrace la vie de cette femme exceptionnelle avec une biographie romancée pour relater le sort des habitants de ces deux pays mitoyens balancés entre le pouvoir dictatorial des hommes et le déchaînement des éléments. Le résultat est efficace, brillant, méritoire. Face aux sempiternelles indignations à géométrie variable et émotions éphémères – catalysées par les écrans et la virtualité des échanges – un bon roman sans aucune date de péremption est peut-être le dernier rempart pour s’informer et ouvrir les yeux sur le monde.
Le Domaine de Squirelito ==> https://squirelito.blogspot.com/2024/01/noisette-caribeenne-la-femme-debout.html
Lorsque j'ai refermé ce livre, la première pensée qui m'a sauté à la figure a été de me demander pourquoi je n'avais jamais entendu parler de Sonia Pierre, avocate haïtienne militante des droits humains, exceptionnelle femme pressentie pour l'obtention du Prix Nobel de la Paix, décédée prématurément en 2011.
Catherine Bardon a fait le choix de la biographie romancée. Tout est donc recentré sur l'incroyable trajectoire militante de Sonia Pierre. Elle, la fillette noire née en République dominicaine dans un misérable batey ( sorte de campement où vivent les braceros, coupeurs de canne à sucre, structure néo-esclavagiste intégrée dans des plantations ), sauvée par l'école et un prêtre instituteur qui a cru en elle. On suit les différentes étapes de son parcours qui démarre à 13 ans, en 1976, lorsqu'elle apprend à lever le poing en organisant une manifestation de braceros pour réclamer de meilleurs salaires et conditions de vie.
L'autrice n'invente rien qui n'aurait pu se passer, trouvant un harmonieux dosage fiction / documentaire afin d'éviter la sécheresse strictement biographique d'un personnage qui a toujours afficher discrétion et pudeur ( Sonia Pierre n'a jamais mis en avant sa vie privée et familiale, ce qu'a respecté Catherine Bardon ). le gras romanesque vient du truculent personnage de Kerline, l'amie d'enfance, totalement fictif : un excellent contrepoint, miroir de ce que Sonia Pierre aurait pu devenir en enchaînant les grossesses précoces et en trimant pour élever dans l'indigence ses nombreux enfants.
Les pages se tournent toutes seules tant Catherine Bardon possède un vrai talent de conteuse. On sent à quel point elle aime son héroïne, mais sans chercher à imposer son admiration, jamais elle ne force le trait pour pousser le lecteur dans un sens. Ce sont ses choix narratifs qui lui permettent de se positionner et de s'indigner. Elle avance subtilement pour susciter l'empathie du lecteur et y parvient d'autant plus aisément que les combats de Sonia Pierre, en plus d'être justes, résonnent de façon très universelle avec l'actualité et l'interrogent.
Lorsqu'elle créé en 1981 la MUDHA ( Mouvement des femmes dominico-haïtiennes ), cette organisation associative a pour but d'éveiller l'opinion publique internationale et dominicaine sur le sort injuste et précaire des travailleurs des bateyes. Très rapidement, l'avocate face au déni permanent des droits basiques des Haïtiens et de leurs descendants en République dominicaine, elle saisit la juridiction de la Cour interaméricaine des droits de l'homme. Mais cela n'empêche la gouvernement dominicain de réformer la Constitution pour supprimer le droit du sol avec effet rétroactif pour rendre apatrides près de 250.000 Dominicains d'ascendance haïtienne, puis pouvoir les expulser … des thématique très actuelles qui ressurgissent en France dans les débats politiques sur la loi immigration.
Il existe toujours 411 bateyes, face bien cachée de la République dominicaine.
Haïti en 1950, on recrute des hommes et des femmes pour travailler dans les plantations de cannes à sucre de la République dominicaine. L'espoir d'avoir un travail, une maison, un bel avenir. Maria Carmen et André n'ont pas hésité et sont montés dans le camion.
Ce roman met en évidence le destin hors du commun d'une femme exceptionnelle, opiniâtre et discrète. Sonia Pierre déterminée à exister à égalité avec les autres, elle va construire dès son adolescence, brique par brique le mur de sa révolte. Elle va créer le MUDHA le mouvement des femmes Dominico-Haitiennes pour rendre visibles les invisibles. Une combattante, une mère, une épouse. Toute une vie de militantisme à parcourir le monde pour faire entendre la voix de sa communauté
À travers le portrait de cette femme que je ne connaissais pas, j'ai beaucoup appris sur l'exploitation des ouvriers haïtiens dans les plantations, une vie de galérien, un parfum de misère dans les bateyes, les campements où vivent les braceros, coupeurs de canne à sucre. Ce récit est aussi une mise en lumière sur le sort réservé par la République dominicaine aux enfants de ces immigrés nés sur son territoire, mais considérés comme des apatrides.
Ce n'est pas vraiment un roman, mais plutôt un témoignage sur les nouveaux esclaves par le biais des combats de Sonia Pierre.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !