"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Last exit to Marseille » est en quelque sorte le pendant des « Enfants Rouges », publié il y a plus de vingt ans par Guillaume Chérel.
Jérôme Beauregard, « détective public », a quitté l’Ile-de-France pour Marseille, plus chaleureuse et moins coûteuse que la capitale … Mais la ville a aussi sa face sombre, et Jérôme va en faire la cruelle expérience lorsque son vieil ami Luc meurt d’une overdose durant une soirée qu’ils passent ensemble. Découvrant que celui-ci avait pris de l’héroïne frelatée livrée via un « Uber-Shit », il décide d’enquêter sur le trafic de drogue qui gangrène la ville.
Dans ce roman noir, le narrateur dialogue avec le célèbre écrivain marseillais aujourd’hui décédé, Jean-Claude Izzo, à qui il raconte cette quête, mais aussi sa vie et ses désillusions. Celle d’un homme encore optimiste et énergique mais qui est confronté à l’âge et à la précarité et voit sa ville d’adoption sombrer : si la misère semble plus belle au soleil, les immeubles se fissurent et s’écroulent, les sdf sont partout, les migrants s’entassent dans des taudis, la drogue s’infiltre dans tous les quartiers et les trafiquants s’adaptent aux nouvelles technologies.
Si Jerôme Beauregard a grandi dans une banlieue du 93, et en a vu d’autres, on le sent assez effaré par ces nouveaux codes qui lui échappent et par la montée exponentielle de la violence. L’enquête est prétexte à nous raconter Marseille, le grand personnage de ce roman, entre amour et effroi envers cette ville en perpétuelle mutation.
J’ai senti beaucoup de sincérité dans ce livre inventif, aux accents autobiographiques, et cela fait du bien de lire un roman écrit avec les tripes. Une bien belle surprise.
Le moins que l'on puisse dire c'est que cette histoire n'est pas comme les autres !
D'une certaine façon c'est un véritable « roman d'auteurs » !
Déjà, les protagonistes sont très étrangement familiers :
Frédéric Belvédère, Michel Ouzbek, Amélie Latombe, Delphine Végane, David Mikonos, Kathy Podcol, Tatiana de Roseray, Christine Légo, Yann Moite et l'éternel Jean de Moisson.
Oui, pour vous aussi il y a comme un air de déjà vu.
Donc cette histoire c'est celle de 10 écrivains qui sont conviés à une rencontre littéraire dans un monastère par un milliardaire fantasque et clairement hurluberlu qui se fait appeler « Un Cognito ».
Chacun vient attiré par ce qui le tente le plus : les soirées frivoles pour l'un, le calme monacal pour l'autre, l'argent pour celui-ci, la médiatisation pour celui-là.
Avant même d'entré dans le vif du sujet, la présentation de ces joyeux lurons est assez cocasse et amusante.
Il faut dire surtout, qu'ils s'en prennent plein la tête !
L'auteur dit « qui aime bien, châtie bien »
Il doit vraiment beaucoup les aimer ses « amis » écrivains !!
La suite est moins enthousiasmante parce qu'elle part littéralement dans tous les sens, même celui de l'ésotérique quand on y rencontre Oscar Wilde et son neveu lubrico-masochiste décédés il y a plusieurs décennies.
L'auteur fait tomber les têtes mais on ne sait pas où elles vont ni pour quelle raison.
Le mystère reste un mystère et j'ai eu l'impression qu'il manquait un bout à cette histoire.
Alors ok ce fut amusant mais n'ayant pas vraiment pu apprécier l'histoire dans sa globalité je ne saurai dire si elle était bonne ou non.
Vive les boîtes à livres et aux lecteurs qui « abandonnent » des livres pour qu'ils trouvent d'autres lecteurs. J'ai donc eu la chance de trouver ce livre abandonné dans une boîte à livres mais le titre et la chouette couverture m'ont attiré. Et dès que j'ai commencé ce livre, j'ai souri et quasiment ri face à cet étrange objet. Un pastiche des 10 petits négres et nous voilà embarqué dans une aventure : un milliardaire, qui signe un cognito décide d'inviter pour un weekend des écrivains : ces dix écrivains vont donc venir passer un moment dans un étrange château perché dans un village de la France Profonde. Ce qui est jouissif à la lecture, c'est que les dix écrivains sont le pastiche d'écrivains célèbres du moment. L'auteur les décrit avec beaucoup d'ironie, d'humour et une douce méchanceté : on reconnaît les travers de chacun et chacune. Et j'aimerai connaître leur avis de devenir ainsi des personnages : réalité, fiction, humour et aussi la description sans concession du monde littéraire et de l'édition. Un livre jouissif et qui a réussi à ma faire sourire et rire, e qui est relativement rare. Si vous voulez un moment jouissif, plaisant et une sorte de cluedo du monde littéraire, n'hésitez pas.
A trente-cinq ans et désormais père d'une petite fille, un écrivain revient sur les lieux de son enfance, à Bagnolet, pour y retrouver ses anciens camarades de jeu. Le texte, dont on peut supposer qu'il est largement autobiographique, dresse parallèlement deux portraits, celui, social, d'une banlieue dont les valeurs ont évolué et celui, personnel, d'un homme qui se voit vieillir.
Avec Les Enfants Rouges, Guillaume Chérel livre une œuvre puissante et viscérale.
Viscérale par l'omniprésence, dans la narration, des fluides : il y a du sperme, des glaires, de la sueur et bien sûr, du sang. Ça vit, ça bouge, il y a de l'humain dans cette banlieue grise, de la convivialité au 50, du foot sur les terrains vagues et des enfants dont l'identité se construit dans le rapport de force. Pour tout le monde, et plus particulièrement pour Jérôme Beauregard, blond aux yeux clairs de huit ans issu d'une famille communiste qui devra apprendre les codes pour survivre. Endurer les humiliations puis apprendre à se faire respecter. Frapper le premier. Frapper le plus fort. Apprendre à regarder, à jauger... Rouges les cocos, rouge le sang, rouge la colère, rouge la vengeance. L'homme qui revient sur les traces de son enfance a un ego fort, très imprégné de cette violence. Il est singulier, il est rebelle, il est sauvage et en colère. Il ne ce censure, observe et confirme les clichés contre le politiquement correct, il sort de ses gonds. Souvent.
Son langage est puissant, et c'est ce qui, à mon sens, fait de ce roman une véritable œuvre de littérature. Oralisé la plupart du temps, l'idiolecte de Jérôme Beauregard contient du manouche, du verlan, de l'arabe et aussi le vocabulaire d'un écrivain. Il ne mâche pas ses mots, il est cru (vulgaire parfois) et efficace. Il y a beaucoup de mises en regard, de parallélismes, d'oppositions (tiens, tiens) et quelques accumulation, des enchaînements de phrase construites sur le même modèle. Ainsi, la syntaxe est à l'image de l'environnement, frontale, belliqueuse, cumulative. Une véritable cocotte minute linguistique. On aimera ou on n'aimera pas, mais le compromis me semble difficile.
J'ai lu Guillaume Chérel dans d'autres registres, plus légers et humoristiques, j'espère le relire un jour dans un roman aussi abouti que Les Enfants Rouges.
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