"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En Ardèche, un jeune couple n’en peut plus de devoir supporter le froid de l’hiver dans une caravane, le temps de retaper une maison dont il a sous-évalué l’ampleur des travaux de remise en état… Un athlète coureur du 400 mètres se prépare activement à participer aux prochains Jeux Olympiques quand il voit son destin basculer subitement… Jean-Louis Leroy, « la cinquantaine, employé municipal et ancienne graine de rock star », graine qui n’a pas réussi à germer, passe un très mauvais quart d’heure quand il se retrouve face à cousin Thomas, son parfait opposé, un homme qui a de l’or dans les mains…
« Comment réussir sa vie sans être une rock star » est un court recueil (132 pages) comportant trois nouvelles réalistes et naturalistes d’Eric Scilien, auteur qui, outre une faculté à proposer des titres aussi originaux que percutants, s’est déjà taillé une belle réputation de spécialiste du format court. Après avoir excellé dans le style « nouvelles noires », il en vient maintenant à un registre moins sombre, plus humain, plus social avec des histoires simples mais émouvantes, des personnages de braves gens tous plus attachants les uns que les autres (excepté l'homme au bras en écharpe de la première nouvelle bien sûr) et des intrigues parfaitement construites dans lesquelles le dérisoire le dispute à la malchance, sans oublier qu’une minuscule et ridicule victoire comme un lancer victorieux de noyaux de cerise permet au héros de retrouver confiance en lui. Le style fluide, efficace, agréable est moins minimaliste et plus travaillé que dans ses précédents opus. L’art de la narration, presque sous la forme de contes philosophiques (dans deux histoires sur trois), semble avoir atteint son apogée. Chaque texte minutieusement ciselé, est un mini-roman (surtout le premier et le dernier) presque au format d’une novella anglo-saxonne. Attention, lire cet ouvrage peut être source de frustration vu que le temps et le plaisir de lecture sont si courts qu’on regrette de si vite devoir quitter un ouvrage de pareille qualité.
Une étudiante aux Beaux-Arts exige de son petit ami qu’il lui offre chaque jour un bouquet de fleurs différent… Un prisonnier s’évade d’une prison nazie et rentre au bout d’un certain temps dans son village natal pour découvrir que ses amis ont disparu, que sa femme est partie ou a été enlevée et que sa maison a été vendue à un collabo…
Dans quel registre classer ce recueil ? Des nouvelles ? Des poèmes en prose ? De la versification libre ? Sans doute un peu des trois. Les textes sont présentés en chapitres cohérents comme autant de parties ou d’étapes de l’éternelle histoire humaine : romances, promesses, cherche-bonheur, combat, solitudes, équilibre instable, adieux. Scilien a le sens des titres, l'œil aigu, la plume alerte et gracieuse et la sensibilité à fleur de peau. Nulle part on ne le découvre plus que dans ces textes en général courts (pas tous) pleins de fulgurance, d’évidences ou d’ambiguïté, de cris et de larmes, de souffrance mais aussi de joie et d’allégresse. Sans oublier l’amour et le non-amour toujours présents qu’ils soient charnels ou platoniques, torrides ou sublimés. Avec en fil conducteur la quête (thème général de l’ouvrage), la recherche, le désir ici et maintenant, l’envie de l’autre, de l’ailleurs et de l’autrement. « Combien d’inutiles victoires pour une seule défaite ? » dit Scilien. « Tout s’en va, se consume sur l’autel de nos chimères… Et si la vie n’était qu’un songe, la mort nous ouvrirait les yeux… Les plus belles victoires se forgent dans l’amertume de la défaite… », constate-t-il également. Comment rendre compte d’un tel ouvrage ? Comment juger de la poésie ? Dire humblement que c’était beau et bien écrit, raconter qu’on a aimé sa lecture, souffert avec l’auteur, pleuré devant la dépouille de son père, ragé de l’injustice des êtres ou soupiré à cause de la dureté des choses. Une mention spéciale pour trois textes, trois pépites, trois nouvelles philosophiques, sociales ou simplement noires, qui sortent du lot et méritent à elles seules le détour : « Aimer au sang », « Avoir le bon profil », et « Mauvais fils ». Lisez Eric Scilien ! Vous ne regretterez pas votre découverte !
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