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« Je me lance dans la biographie de ma femme » . Ainsi commence cet ouvrage au titre et à l’écriture très sobres .
Michel Besnier livre en une succession de paragraphes de longueur variable numérotés ce 1 à 288 une suite de faits , présentés dans un ordre chronologique qui vont permettre de reconstituer les 20 premières années de la vie de son épouse, née en 1945 dans une commune du Doubs d’un père boulanger et d’une mère institutrice et qui va progressivement par un savoir acquis au collège puis à l’Ecole Normale développer son goût pour la littérature et accéder à la liberté .
Besnier, qui manque d’expérience dans le domaine du biographique, joue ici, non sans humour, au jeune auteur appliqué et sérieux qui interroge les biographies déjà parues pour percer les secrets de leur méthode et s’en inspirer .
D’une manière classique, il évoque grands-parents, parents, oncles, tantes et amis pour mieux cerner ainsi environnement et atmosphère familiale oscillant entre fidélité aux traditions et désir de modernité .
Il a recours aux témoignages de ceux et celles qui l’ont côtoyée, aux cahiers de sa mère, précieuses pages où celle-ci a noté les progrès dans l’éveil de sa fille, aux premiers poèmes composés par Anne, aux journaux féminins et aux chansons ou musiques diffusées à cette époque .
On a donc affaire, parallèlement à une sorte de document sur la période 1945-1965, période d’émancipation féminine .
Trois portraits de femmes sont à retenir : outre ceux de Anne et de sa sœur, celui de sa mère, Gisèle, conjuguant sa charge d’institutrice et son travail à la boulangerie, incomprise de son époux pour qui n’a de valeur que le travail des mains .
Le plus souvent rédigé en phrases courtes et juxtaposées , cet ouvrage se présente comme un corpus d’informations servant de base à une connaissance de ce que fut sa femme avant leur rencontre . « Je cherche à constituer et à rassembler des « pièces », comme on dit pour un puzzle ou un dossier »
Si, par cette approche, il cherche à prendre la distance et l’objectivité nécessaires à ce travail biographique, on sent que ce livre est non seulement un moyen de comprendre mais surtout un hommage amoureux plein de pudeur à celle qui est sa compagne depuis 40 années et à laquelle il s’adresse directement dès la deuxième phrase et tout au long du récit grâce à l’emploi constant du pronom Tu « La preuve d’amour est plus dans ce travail , dans cette curiosité vibrante que dans une déclaration »
Par cette compilation de faits, de témoignages, il a, certes, pu approcher ce qu’était Anne dans sa famille et ses études secondaires mais n’est pas parvenu à découvrir toute la vérité de l’enfant et de l’adolescente qu’elle était c’est pourquoi il a choisi de désigner du terme de roman ce qui a l’apparence d’un biographie . « J’appelle roman cette biographie parce que ma vraie matière est ce que je ne connais pas »
Modestie du romancier qui reconnaît qu’un personnage échappe toujours quelque peu à son créateur et qu’un être humain ne saurait être réduit aux pages qu’il lui consacre .
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